Le travail, une marque de la dignité humaine

 

Deuxième extrait du livre de Tim Keller, Dieu dans mon travail, que j’apprécie particulièrement (et vous pouvez vous le procurer ici). Le premier extrait est à retrouver via ce lien.

 

 

 

Le travail sous toutes ses formes, qu’il soit manuel ou intellectuel, est la preuve de notre dignité d’êtres humains, parce qu’il reflète l’image du Créateur en nous. Derek Kidner, auteur de plusieurs commentaires bibliques et spécialiste de l’hébreu, relève un point important dans le récit de Genèse 1 concernant la création des animaux et de l’homme: seul l’homme est mis à part et reçoit un «descriptif de poste». C’est à lui seul qu’il est attribué «une fonction, une tâche (cf. Genèse 1.26, 28; 2.19; Psaume 8.4-9; Jacques 3.7)».9 En d’autres termes, si les végétaux et les animaux ont simplement été appelés à «se reproduire» ou à «se multiplier», seuls les hommes ont été explicitement chargés d’une mission: «soumettre» la terre et «dominer» (ou régner) sur elle.

Nous avons chacun une tâche précise à accomplir, parce que nous avons été créés à l’image de Dieu. Qu’est-ce que cela signifie? Dans son ouvrage Look to the Rock: An Old Testament Background to Our Understanding of Christ (Kregel, 1996), le théologien britannique Alec Motyer écrit:

Les souverains du Proche-Orient ancien exposaient leur effigie et des statues d’eux-mêmes dans les régions où ils exerçaient – ou prétendaient exercer – leur autorité. Ces représen- tations symbolisaient leur présence et leur pouvoir…

 

En Genèse 1.26-27, la création de l’homme et la mission de «dominer» qui lui est confiée sont étroitement liées. Cette tâche qui lui est attribuée est donc quelque chose qui définit sa nature d’être créé à l’image de Dieu. Nous sommes appelés à «représenter» Dieu dans ce monde, à «administrer» le reste de la création à sa place, comme ses «fondés de pouvoir». Et c’est en faisant ce qu’il a fait lors de la création du monde que nous menons à bien cette mission: en mettant de l’ordre dans le chaos, en bâtissant, de manière créative, une civilisation à partir des matériaux dont nous disposons (la nature et l’être humain) et en prenant soin de tout ce qu’il a créé. Voilà, en grande partie, ce à quoi il nous a destinés.

Si, pour les penseurs grecs, le travail ordinaire, et particulièrement le travail manuel, rabaisse l’être humain au niveau de l’animal, selon l’Ecriture, tout travail distingue l’homme des bêtes et lui confère une dignité. Dans son commentaire sur la Genèse, Victor Hamilton, spécialiste de l’Ancien Testament, montre que, dans les pays entourant Israël, comme la société égyptienne et la société mésopotamienne, le roi et d’autres personnes de sang royal pouvaient être appelés «l’image de Dieu». Mais il fait ensuite remarquer que ce terme peu utilisé «ne s’appliquait pas à celui qui creusait les canaux ni au maçon qui travaillait sur la ziggourat. (…) [En revanche, Genèse 1 utilise] les termes réservés à la royauté pour qualifier ‘l’homme’. Aux yeux de Dieu, toute l’humanité est de nature royale. La Bible démocratise les concepts royalistes et exclusivistes des nations qui entouraient Israël » (Victor Hamilton, The Book of Genesis).

S’il y a une dignité dans le travail, c’est parce que travailler est quelque chose que Dieu fait et que nous faisons aussi à sa place, comme ses représentants. Nous comprenons non seulement que le travail a une dignité en lui-même, mais aussi que tout type de travail est digne. En Genèse 1–2, nous voyons Dieu exercer un travail «manuel», nous façonnant à partir de la poussière de la terre, insufflant volontairement un esprit dans un corps physique et plantant un jardin (cf. Genèse 2.8). Il est difficile, pour nous aujourd’hui, de saisir à quel point cette vérité a été révolutionnaire dans l’histoire de la pen- sée humaine. Phillip Jensen, pasteur et auteur, le dit ainsi:

Si Dieu venait dans le monde, à quoi ressemblerait-il? Pour les Grecs de l’Antiquité, il aurait pu être un roi-philosophe. Les Romains auraient pu désirer un homme d’Etat juste et magna- nime. Mais comment le Dieu des Hébreux est-il venu dans ce monde? Comme un charpentier. (Phillip Jensen & Tony Payne, Beginnings: Eden and Beyond, Crossway, 1999)

 

La tendance économique actuelle a tout à nouveau relancé la stigmatisation de certains types de travail, comme l’agriculture et la garde d’enfants, qui ne sont pas considérés comme «intellectuels» et qui, par conséquent, sont mal payés. Pourtant, dans la Genèse, nous voyons Dieu planter un jardin, et dans le Nouveau Testament, nous le voyons travailler comme charpentier. Aucune tâche n’est trop insignifiante pour exprimer l’incroyable dignité que le Créateur a conférée au tra- vail. Un simple labeur physique est tout autant un travail accordé par Dieu que celui qui consiste à énoncer des vérités théologiques. Pensons encore au ménage, tâche considérée comme ingrate: si nous ne le faisons pas – ou si nous n’engageons personne pour le faire –, nous finissons par tomber malade et par mourir à cause des microbes, des virus et des infections qui se développent dans notre maison. La nature a été créée par Dieu pour être exploitée, cultivée et entretenue de mille et une manières grâce au travail de l’homme. Et toutes ces manières, même la plus insignifiante, sont importantes. Car sans elles, la vie hu- maine ne peut s’épanouir.

 

 

 

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