Que veut dire « être sauvé au travers du feu » ?

 

Que veut dire Paul lorsqu’il parle d’être « sauvé au travers du feu », en 1 Co 3.15 ? Cette séquence, située en plein dans une série de reproches de l’apôtre envers des Corinthiens très divisés, a suscité diverses interprétations. Voici ce qu’en dit Tom Schreiner, dans son commentaire sur 1 Corinthiens.

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… Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ.  Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.

(1 Co 3.11-15)

 

[Au v.11], Paul fait une pause dans sa démonstration pour expliquer la nature du fondement de l’Eglise. Ce fondement, c’est Jésus-Christ lui- même, et aucune autre base ne peut être posée pour l’Eglise. Ce que Paul veut dire apparaît très clairement dans les premiers chapitres: c’est Christ crucifié qui constitue la ligne de base de l’Evangile qu’il annonce (1.18–2.5). Le même fondement apparaît plus loin: Christ cru- cifié et ressuscité pour le pardon des péchés (15.1-4). Paul a déjà posé cette pierre angulaire, et personne ne pourrait en placer une autre. En effet, si une communauté n’est pas établie sur la base de l’Evan- gile, elle n’est tout simplement pas une Eglise. Le seul véritable fon- dement possible pour une Eglise, c’est la bonne nouvelle de Christ.

Paul poursuit avec une illustration montrant ce que signifie construire sur le fondement. Comme c’est une simple image, il ne pense pas littéralement à la façon dont les temples étaient construits. Au verset 12, il examine les matériaux susceptibles d’être utilisés. La liste peut être divisée en deux catégories: l’or, l’argent et les pierres précieuses d’un côté, le bois, le foin et la paille de l’autre. La première énumère des matériaux utiles et bénéfiques à l’édification d’une superstructure stable sur le fondement du temple de Dieu, tandis que la seconde dévoile ceux qui sont inutiles et finiront par être détruits, s’ils sont employés pour ce travail. Dans la description d’Apoca- lypse 21.18-21, le sanctuaire de Dieu est fait de pierres magnifiques et d’autres matériaux tout aussi précieux (cf. Ex 28.17-21; 1R 5.31; 6.20-21; 1Ch 29.2; Es 54.11-12; Ez 28.13).

Les matériaux décrits symbolisent le travail de serviteurs de Dieu lorsqu’ils construisent au-dessus des fondations du temple. Ce que chacun fait réellement sera clair le jour du Seigneur Jésus, à la fin des temps.a Ce jour-là sera accompagné de feu (cf. 2P 3.10), et la qualité du travail de chacun sera ainsi vérifiée. L’or, l’argent et les pierres précieuses passeront avec succès le test de ce feu, et cette épreuve démontrera donc la bonne qualité du ministère concerné. A l’in- verse, le bois, le foin et la paille seront désintégrés par les flammes, signe que l’impact des ministères ayant eu recours à des matériaux de qualité médiocre disparaîtra.

Dans les versets suivants (1Co 3.14-17), trois types de ministères différents sont examinés. Le langage employé rappelle Malachie 3.1-5. Le prophète y entrevoit un jour où le Seigneur viendra dans son temple pour purifier ceux qui lui appartiennent. Ceux qui agissent bien seront récompensés, tandis que ceux qui se livrent au mal seront jugés. L’apôtre, quant à lui, parle d’abord des serviteurs de Dieu dont le ministère passe avec succès le test du feu, le dernier jour (voir aussi Nb 31.23; Es 43.2; Za 13.9). Cela démontre qu’ils ont bien bâti avec de l’or, de l’argent ou des pierres précieuses. Etant donné qu’ils ont fourni un travail de qualité dans la construction de la superstructure du temple de Dieu, ils seront récompensés. La nature exacte de cette rétribution n’est pas précisée. Peut-être s’agit-il de la satisfaction et de la joie qu’ils auront à contempler le fruit de leur activité, le dernier jour. Une telle interprétation concorde avec ce que Paul écrit ailleurs: «En effet, quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire? N’est-ce pas vous aussi, devant notre Seigneur Jésus, lors de son retour? Oui, vous êtes notre gloire et notre joie» (1Th 2.19-20; cf. Ph 2.16; 4.1; 2Co 1.14).

Quant à ceux qui construisent sur le fondement avec du bois, du foin ou de la paille, ils verront leur œuvre être brûlée par le feu. Il est difficile de savoir ce que l’apôtre a à l’esprit; peut-être pense-t-il à un enseignement et à une prédication qui s’écartent du centre de l’Evangile, qui ne professent pas clairement que Jésus est le Messie crucifié, sans complètement dévier pour autant. Les fruits d’un tel ministère ne durent pas, puisqu’ils négligent quelque peu le cœur de la bonne nouvelle. Le salut de ces leaders n’est pas remis en question: même si leur service est entaché de défauts importants, eux-mêmes ne seront pas exposés à la destruction, le jour de l’Eternel. Ce sera toutefois comme s’ils échappaient à une maison en flammes (cf. Am 4.11; Za 3.2). Ils seront sauvés pour avoir authentiquement placé leur foi en Jésus, le Seigneur crucifié et ressuscité; néanmoins, les manquements ayant affecté leur service seront dévoilés. Certains commentateurs ont vu dans ce texte un indice de l’existence du purgatoire, mais ce n’est pas pertinent, puisque Paul parle de la seconde venue du Christ et du jugement dernier, pas d’une sanction intermédiaire entre la mort et le jugement dernier.

 

 

 

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Guillaume Bourin est co-fondateur du blog Le Bon Combat et directeur des formations #Transmettre. Docteur en théologie (Ph.D., University of Aberdeen, 2021), il est l'auteur du livre Je répandrai sur vous une eau pure : perspectives bibliques sur la régénération baptismale (2018, Éditions Impact Academia) et a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Guillaume est marié à Elodie et est l'heureux papa de Jules et de Maël