Trois documents confessionnels – dont deux inédits en Français !

 

Alors qu’un nouveau recueil confessionnel parait dans quelques jours, La confession de foi et les doctrines baptistes, voici quelques lignes extraites de l’introduction que j’ai rédigée pour ce projet. Plus d’informations lors du #CoramDeo 218 qui paraîtra la semaine prochaine !

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Au cours des dernières années, nous avons assisté à une véritable recrudescence d’intérêt pour la foi réformée dans les milieux évangéliques du Québec et d’Europe. Plusieurs auteurs, pasteurs et prédicateurs anglophones et francophones ont contribué à cet essor. Ma joie est d’autant plus grande de voir cet intérêt se concrétiser par une approche confessionnelle chez de plus en plus de chrétiens et d’Églises. Je dirais que la différence entre une sympathie envers le calvinisme et une adhésion mature à la foi réformée se manifeste généralement par l’adoption formelle d’une confession de foi historique et l’utilisation des catéchismes qui lui sont associés.

Être un chrétien confessionnel ne consiste pas uniquement à confesser personnellement sa foi par des énoncés doctrinaux,mais à le faire de concert avec l’Église. Puisque celle-ci a été établie par Dieu pour être la colonne et l’appui de la vérité sur la terre (1 Ti 3.15), il est impératif de recevoir son témoignage afin d’y aligner nos croyances. Cette affirmation paraîtra étrange, voire inquiétante, aux oreilles protestantes qui sont attachées au principe du sola Scriptura. En effet, ne devrait-on pas suivre l’Écriture et non l’Église comme jauge et norme de la foi ? Amen et amen ! Cependant, affirmer que l’on croit dans l’Écriture comme seule règle infaillible de la foi ne nous dit pas ce que l’on croit que la Bible enseigne exactement ni si nous avons bien compris son enseigne- ment puisqu’il est manifeste qu’il existe toutes sortes de croyances fausses et contradictoires qui prétendent pourtant s’appuyer sur la Bible.

L’Écriture ne doit pas être l’objet d’interprétations personnelles et subjectives puisqu’elle possède un sens commun et objectif pour le peuple de Dieu (2 Pi 1.20 – 2.2). Au fil des siècles, l’Église du Seigneur a été édifiée, gardée et réformée par la Parole de vérité (Mt 16.18 ; Jn 17.15-17 ; 1 Pi 1.5). L’utilité d’une confession de foi est de nous indiquer comment l’Écriture a été confessée historique- ment par l’Église et de nous fournir ainsi un faisceau de doctrines sûres parmi toutes les croyances qui circulent.

Comme l’indique le professeur Carl Trueman, tout le monde a une confession de foi puisqu’il est impossible de ne pas en avoir. Mais voici comment il distingue deux sortes de confession chez les chrétiens évangéliques dans son ouvrage The Creedal Imperative :

Les chrétiens ne sont pas divisés entre ceux qui ont des crédos et des confessions et ceux qui n’en ont pas. Ils sont plutôt divisés entre ceux qui ont des crédos et des confessions publics, qui sont écrits et qui existent en tant que documents officiels soumis à l’examen, l’évaluation et la critique du public, et ceux qui ont des crédos et des confessions privés qui sont souvent improvisés, non écrits, et qui, par conséquent, ne sont pas soumis à l’examen du public, ne sont pas susceptibles d’être évalués et, ce qui est d’autant plus crucial et ironique en même temps, ne sont pas susceptibles d’être évalués par l’Écriture sainte afin de vérifier s’ils sont vrais.

 

La question n’est donc pas de savoir si nous avons une confession de foi, nous en avons tous une, mais si nous adhérons à une confession qui est digne de confiance. L’Église qui ne s’appuie pas sur une affirmation doctrinale biblique, claire et substantielle risque de favoriser non pas la paix et l’unité, mais un contexte d’abus spirituel et de divisions, puisqu’elle s’expose à toutes sortes de courants doctrinaux qui veulent dicter « de la part de Dieu » les doctrines et les pratiques que les fidèles doivent croire et observer.

Comment être certain que l’on est fondé dans la vraie doctrine biblique et comment transmettre cet héritage à nos enfants et aux nouveaux croyants ? Je ne connais pas de meilleurs outils pédagogiques pour approfondir et communiquer l’enseignement biblique que les confessions de foi et les catéchismes qui s’inscrivent dans l’orthodoxie chrétienne reconnue. Les chrétiens ne sont pas appelés à réinventer le christianisme à chaque génération. Ils doivent plutôt confesser de génération en génération « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jud 3).

Ainsi, puisqu’il est à la fois nécessaire et inévitable d’avoir une confession de foi, autant en choisir une qui a fait ses preuves.Dans ce recueil, nous vous présentons trois documents qui intègrent simultanément la doctrine chrétienne universelle, l’essentiel de la Réforme protestante et les particularités de la foi baptiste. Ces documents sont suffisamment détaillés pour communiquer clairement les articles fondamentaux de la foi chrétienne, sans être exhaustifs ou exagérément pointus dans toutes les précisions théologiques.

 

 

LES TROIS DOCUMENTS DE LA FOI BAPTISTE

Le premier document est la Confession de foi baptiste de Londres de 1689. Nous avons légèrement retravaillé le texte français afin de rendre certaines formulations plus claires et accessibles en évitant rigoureusement de trahir les nuances théologiques chères aux auteurs originaux. De plus, nous avons révisé les références bibliques afin de corriger quelques coquilles provenant de précé- dentes éditions françaises. Cette confession de foi des baptistes anglais du xviie siècle fut publiée en 1677 et adoptée à Londres en 1689 par les délégués d’une centaine d’églises baptistes suite à l’Édit de tolérance anglais promulgué la même année en faveur de la liberté religieuse de certains groupes non conformistes. Cette confession est une adaptation baptiste de la Confession de foi de Westminster de 1646. Elle fut probablement préparée par Nehemiah Coxe qui était alors pasteur de l’Église Petty France à Londres.

Le deuxième document est le Catéchisme orthodoxe du pasteur Hercules Collins publié en 1680. Il s’agit de la première fois que ce texte est publié en français. Les lecteurs reconnaîtront cependant le bienaimé Catéchisme de Heidelberg, puisqu’il s’agit en fait de sa version baptiste. Certains accuseront peut-être les baptistes de manquer d’originalité en empruntant aux pédobaptistes leurs documents afin de promouvoir le baptême par immersion.

’autres penseront peut-être que Collins accusait implicitement le Catéchisme de Heidelberg de ne pas être orthodoxe en appelant le sien « Catéchisme orthodoxe ». Voici comment le professeur James Renihan répond à ces questions :

Les travaux théologiques de certains auteurs baptistes témoignent d’une connaissance et d’une appréciation réelles des traités d’exégèse et de doctrine provenant des théologiens d’Europe. Théodore de Bèze est peut-être l’auteur le plus fréquemment cité, tandis que des théologiens tels que David Pareus, Andrew Rivet et Johannes Cocceius, aux côtés de Calvin, Luther et bien d’autres, apparaissent dans la littérature baptiste de l’époque.

Se considérant comme des membres de cette famille réformée, les auteurs baptistes ont fait appel à ces hommes pour soutenir etrenforcer leur propre position. […] Ce pasteur baptiste calviniste de premier plan [Hercules Collins] comprit que la théologie articulée par les théologiens d’Heidelberg était en accord avec la sienne et avec le mouvement plus large dont il faisait partie. Le choix par Collins du titre Catéchisme orthodoxe est digne d’être noté, car il s’agit d’un double sens. S’il fait évidemment référence au caractère vrai des doctrines qu’il promeut, il identifie également la source de ces doctrines, c’est-à-dire l’orthodoxie protestante d’Europe. En donnant ce titre, Collins faisait en fait une déclaration catégorique : tout comme ils sont orthodoxes, nous le sommes aussi.

 

Enfin, le troisième document, le Petit catéchisme baptiste pour jeunes enfants, s’apparente au Petit catéchisme de Westminster, mais il s’agit d’une adaptation pour jeunes enfants qui a été préparée en 1840 par le pasteur presbytérien Joseph P. Engels. On retrouve différentes versions de ce catéchisme qui n’ont pas toutes exactement le même nombre de questions ni le même ordre de présentation et qui défendent soit le pédobaptême soit le baptême de croyants seulement. En utilisant ces différentes sources, nous avons pris une plus grande liberté éditoriale afin d’offrir aux lecteurs francophones un catéchisme accessible et bien organisé en douze sections thématiques.

Nous espérons que ces trois documents confessionnels seront une bénédiction pour la communauté évangélique francophone. Notre prière est que les Églises et les foyers chrétiens en fassent largement usage. Ces ressources seront d’excellents outils péda- gogiques pour les pasteurs, enseignants et moniteurs ainsi que pour les parents qui ont à cœur d’inculquer la foi qu’il nous faut confesser et transmettre.

 

 

 

 

 

 

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Pascal Denault est pasteur de l’Église réformée baptiste de St-Jérôme. Il est titulaire d’une Licence (BA) et d’un Master en théologie (ThM) de la Faculté de théologie évangélique de Montréal. Pascal est l’auteur des livres Le côté obscur de la vie chrétienne (2019, Éditions Cruciforme) – Une alliance plus excellente (2016, Impact Académia) – Solas, la quintessence de la foi chrétienne (2015, Cruciforme) – The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology (2017 Revised Edition, Solid Ground Christian Books).