Nadab, Abihu, et la sainteté de Dieu

 

Cet article est extrait du livre de R.C. Sproul, La sainteté de Dieu, que vous devez absolument lire si ce n’est encore fait ! Pour vous le procurer, cliquez ici.

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Nadab et Abihu. Ces deux hommes étaient des sacrificateurs, et fils d’Aaron, le souverain sacrificateur. Dieu avait personnellement choisi Aaron pour être le premier souverain sacrificateur. Avec Moïse, Aaron avait conduit le peuple d’Israël durant sa traversée du désert. « Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant l’Éternel, et les consuma : ils moururent devant l’Éternel » (Lé 10.1,2). S’il y a des gens en Israël qui avaient une relation intime avec Dieu, c’était bien Moïse et Aaron. On aurait pu s’attendre à ce que Dieu fasse preuve d’un peu plus de clémence envers les fils d’Aaron, mais cela n’a pas été le cas. Pour une seule transgression commise à l’autel, Dieu a réagi comme l’éclair et avec violence, les éliminant sur place. Ce n’était pas comme s’ils avaient profané l’autel avec des prostituées ou offert des sacrifices humains comme l’exigeait le culte rendu à Moloc. Tout ce que Nadab et Abihu avaient fait avait été d’y offrir du « feu étranger ». Nous ignorons ce qu’était exactement ce feu étranger. On dirait qu’il s’agit d’une situation où de jeunes sacrificateurs se seraient montrés créatifs dans leur liturgie. Une offense censurable, peut-être bien. Mais la peine capitale ? Sans même la tenue d’un procès ? Une exécution sommaire immédiate ?

 

Au fil des ans, des gens ont cherché à fournir une explication naturelle à ce qui est arrivé à Nadab et à Abihu. Immanuel Velikovsky, un ami scientifique d’Albert Einstein, en faisait partie.

Velikovsky a choqué le monde de la géologie par ses théories selon lesquelles une catastrophe – une planète ou une comète géante serait passée si près de la Terre que cela aurait eu pour conséquence d’inverser ses pôles magnétiques et de la forcer à tourner en sens inverse – en aurait modifié la surface. Imaginez un couvercle tournant à plein régime qui, soudain, serait obligé de se mettre à tourner en sens inverse. S’il y avait de l’eau dans le couvercle, qu’adviendrait-il d’elle ? Elle se changerait en raz de marée allant en direction opposée. Une partie de la théorie de Velikovsky suggère qu’une pluie de météorites – renfermant un grand volume de pétrole – aurait bombardé la Terre, aurait gorgé les fissures de sa surface et aurait amené de grands dépôts de pétrole à se former sous la surface. (Considérez la région richement pétrolifère du Moyen-Orient.)

Cette théorie suggère que Nadab et Abihu ont trouvé du pétrole autour d’eux et se sont demandé ce que c’était. Ils ont décidé de voir ce qui arriverait s’ils le mélangeaient aux substances enflammées sur l’autel. Lorsqu’ils en ont mis dans le feu, boum, il a explosé, tuant les sacrificateurs sur le coup. Dans une société primitive, on aurait pu y voir un acte de jugement soudain de la part des dieux. Selon le point de vue de Velikovsky, la mort de Nadab et d’Abihu était accidentelle, un cas tragique d’enfants jouant avec un feu étranger.

 

La Bible perçoit cette histoire différemment. Elle présente cet événement comme un jugement surnaturel de Dieu. Il se peut qu’il se soit concrétisé par des moyens naturels, mais il est clair que la mort de Nadab et d’Abihu n’avait rien d’accidentel. Elle doit être attribuée à la colère et au jugement de Dieu.

Comment Aaron a-t-il perçu l’événement ? Je présume qu’il l’a mis en colère et l’a blessé. Pour Aaron et le reste de sa famille, c’était une tragédie. Aaron avait voué sa vie entière au service de Dieu. Ses fils suivaient ses traces. Il se rappelait le jour de leur consécration et la fierté qu’il avait ressentie lorsqu’ils avaient été mis à part en vue du sacerdoce. C’était une histoire familiale. Quels remerciements Aaron a-t-il reçus de la part du Dieu qu’il avait servi ? Dieu a sommairement exécuté ses fils pour ce qui semblait n’être qu’une infraction mineure aux règles relatives à l’autel.

Aaron a couru annoncer la nouvelle à Moïse. C’était comme si Aaron disait : « OK, Dieu. Je vais te dénoncer. Je m’en vais directement voir Moïse. Tu vas devoir nous fournir des explications. » Aaron s’est donc rendu auprès de Moïse pour plaider sa cause : « Moïse dit à Aaron : C’est ce que l’Éternel a déclaré, lorsqu’il a dit : Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple » (Lé 10.3).

Moïse a communiqué à Aaron la réponse du Seigneur. Il lui a rappelé la consécration initiale des sacrificateurs. Qu’ils avaient été mis à part en vue d’assumer une tâche sacrée et la responsabilité solennelle d’accomplir leurs fonctions selon des exigences précises. Ils avaient le privilège d’exercer le sacerdoce devant un Dieu saint. Chaque chose du Tabernacle correspondait à des mesures précises et était sanctifiée par des moyens élaborés selon les commandements de Dieu. Il n’y avait aucune ambiguïté dans ceux-ci. Par rapport à l’autel des parfums, Aaron et ses fils avaient reçu des directives spécifiques quant aux procédures à suivre. Dieu leur avait dit : « Vous n’offrirez sur l’autel ni parfum étranger, ni holocauste, ni offrande, et vous n’y répandrez aucune libation. Une fois chaque année, Aaron fera des expiations sur les cornes de l’autel ; avec le sang de la victime expiatoire, il y sera fait des expiations une fois chaque année parmi vos descendants. Ce sera une chose très sainte devant l’Éternel » (Ex 30.9,10).

Les directives étaient claires. Dieu avait déclaré l’autel des parfums « très [saint] ». En offrant un feu étranger ou non autorisé sur cet autel, Nadab et Abihu ont agi en totale défiance envers Dieu. Il s’agissait d’un geste de pure rébellion, d’une profanation inexcusable du lieu saint. Ils ont commis un péché d’arrogance, un acte de trahison contre Dieu : ils ont profané un lieu très saint.
Le jugement de Dieu est tombé comme un éclair. Il s’est expliqué clairement à Moïse : « Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. » Ce ne sont pas là des paroles de prophétie ou de prédiction. En disant « Je serai », Dieu exprimait ici un commandement divin, un ordre que personne n’oserait bafouer.

 

L’idée fondamentale de cet épisode se trouve dans la dernière phrase de Lévitique 10.3 : « Aaron garda le silence. »

Que pouvait-il faire d’autre ? Le débat était clos. La preuve avait été faite, et Dieu avait rendu son verdict. Dieu avait explicitement interdit aux fils d’Aaron d’offrir un tel feu. Ils avaient commis un acte de désobéissance, et Dieu a prononcé contre eux une sanction sévère. Aaron a donc gardé le silence. Il ne pouvait que se taire. Il ne lui venait à l’esprit aucune excuse à fournir, aucune protestation à émettre. Comme ce sera le cas des pécheurs au jugement dernier, le Seigneur lui a fermé la bouche.
Voilà un exemple de la justice punitive de Dieu, celle par laquelle il châtie les coupables. Ce châtiment est-il cruel et inhabituel ? Va-t-il en réalité au-delà des limites de la justice et verse-t-il dans l’injustice ?

L’idée selon laquelle la peine doit correspondre au crime fait partie intégrante de notre conception de la justice. Selon nous, si la peine est plus sévère que la gravité du crime, c’est qu’une injustice a été commise. Or, la Bible indique clairement que Nadab et Abihu ne pouvaient plaider l’ignorance pour justifier leur péché. Dieu leur avait donné des directives claires. Ils savaient qu’il leur était interdit d’offrir un feu non autorisé sur l’autel. Il est facile de voir qu’ils ont péché. Par contre, ils ne se sont jamais imaginé que leur péché était grave au point de pousser Dieu à les exécuter sur place. Nous trouvons ici un exemple d’acte brutal de la part de Dieu, un châtiment beaucoup trop cruel et inhabituel pour ce crime. Or, un châtiment d’une telle ampleur non seulement nous laisse perplexes, mais aussi nous stupéfie.

Comment réconcilier ce récit avec ce que le livre de la Genèse enseigne plus tôt sur le caractère de la justice de Dieu ? Ce livre biblique dit : « Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? » (Ge 18.25 ; italiques pour souligner.) Israël présume d’emblée que les jugements de Dieu sont toujours conformes à sa à sa justice. Celle-ci n’est jamais inéquitable, jamais frivole, jamais tyrannique. Il est impossible à Dieu de se montrer injuste, car sa justice est sainte.

 

 

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