Le purgatoire : une doctrine trompeuse et ténébreuse

 

Bernard Prunneaux, ancien catholique très engagé, produit de nombreuses ressources apologétiques depuis sa conversion. L’une des dernières en date porte sur le purgatoire et apporte des données particulièrement intéressantes. Retrouvez ci-dessous l’introduction de ce document et un lien pour le consulter dans son intégralité.

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Définition du catéchisme actuel

«Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. » (Catéchisme de l’Église Catholique, éd.1992, n°1030)

« L’Église1 appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. » (CEC n°1031A)

Le mot “purgatoire” vient du latin purgare, purifier, nettoyer. Ce mot, ainsi que le concept de purification « après la mort » qu’il recouvre, ne se trouvent pas dans la Bible.

À partir du Moyen Âge, l’Église Catholique a présenté le purgatoire comme un lieu de purification. Actuellement, elle le définit plutôt comme un « état » ou un temps de purification des croyants défunts, en attendant d’être réunis avec tous les saints au Paradis.

Cette croyance a été définie tardivement par le Magistère de Rome :

« L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence et de Trente. »
(CEC n°1031B)

 

 

Définitions des conciles

C’est au concile de Florence (Session VI, en 1439) qu’est définie pour la première fois officiellement la doctrine du purgatoire :

« Si ceux qui se repentent véritablement meurent dans l’amour de Dieu, avant d’avoir par des fruits dignes de leur repentir réparé leurs fautes commises par action ou par omission, leurs âmes sont purifiées après leur mort par des peines purgatoires et, pour qu’ils soient relevés de peines de cette sorte, leur sont utiles les suffrages des fidèles vivants, c’est-à-dire : offrandes de messes, prières et aumônes et autres œuvres de piété qui sont accomplies d’ordinaire par des fidèles pour d’autres fidèles, selon les prescriptions de l’Église. »

 

Précisons que, si cette définition n’apparaît qu’au XVe siècle, les croyances en des « peines purgatoires » subies par les défunts et en des « suffrages » provenant des fidèles vivants sont établies depuis le haut Moyen Âge, ainsi que nous le montrerons dans le chapitre suivant.

Le concile de Trente, convoqué dans un contexte de “protestation” pour un retour à l’obéissance aux Écritures, rappelle :

« qu’il y a un purgatoire et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles, et surtout par le sacrifice de l’autel si agréable à Dieu […] Les évêques veilleront à ce que les suffrages des fidèles vivants, c’est-à-dire les messes, les prières, les aumônes et les autres œuvres de piété que les fidèles ont l’habitude d’offrir pour les autres fidèles qui sont défunts, se fassent avec piété et dévotion selon les institutions de l’Église. » (Session XXV, 1563)

 

Ce même concile, dans le canon n°30 sur la justification, prononce un anathème3 contre toute personne qui rejetterait la doctrine du purgatoire :

« Si quelqu’un dit que, après avoir reçu la grâce de la justification, tout pécheur pénitent voit sa faute remise et sa condamnation à la peine éternelle annulée, en sorte que ne reste aucune condamnation à une peine temporelle à expier, ou dans ce monde ou dans le monde à venir au purgatoire, avant que ne puisse s’ouvrir l’entrée au royaume des cieux : qu’il soit anathème. » (Session VI, 1547)

 

Au XXe siècle, le concile Vatican II n’a ni remis en question cette doctrine, ni levé l’anathème prononcé au concile de Trente. Nous trouvons dans la Constitution dogmatique sur l’Église (1964), cette seule mention :

« Cette foi vénérable de nos pères au sujet de la communion de vie avec les frères qui sont dans la gloire du ciel ou qui, après leur mort, sont encore en voie de purification, le saint Concile la reçoit avec grande piété, et il propose à nouveau les décrets des saints conciles. » (n°51)

 

 

Les suffrages des fidèles vivants

Cette croyance en un purgatoire est inséparable d’une autre croyance : Selon Rome, les fidèles vivants pourraient atténuer les peines purgatoires des défunts, et même en raccourcir la durée, en intercédant pour eux.

L’Abrégé du Catéchisme (éd. 2005) présente ainsi cet article de foi :

« Comment pouvons-nous contribuer à la purification des âmes du purgatoire ?

En vertu de la communion des saints, les fidèles qui sont encore en pèlerinage sur la terre peuvent aider les âmes du purgatoire, en offrant pour elles des prières de suffrage, en particulier le sacrifice eucharistique, mais aussi des aumônes, des indulgences et des œuvres de pénitence. » (n°211)

 

« En particulier le sacrifice eucharistique » : C’est ce que les catholiques appellent “faire dire des messes” pour les morts. Le fidèle va demander à un prêtre d’intercéder en faveur d’un proche défunt en célébrant une messe à sa mémoire, moyennant une certaine somme d’argent.

 

 

Une doctrine trompeuse et ténébreuse

Il est indéniable que la doctrine du purgatoire jette une ombre sur l’espérance lumineuse qu’apporte aux pécheurs repentis la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Une paix et une joie parfaites sont promises par le Sauveur à ceux qui croiraient en Lui. La perspective d’avoir à subir des peines purgatoires après la mort obscurcit cette espérance pour le fidèle catholique.

Ainsi que nous le montrerons dans la suite de cette étude, la croyance au purgatoire est une atteinte profonde à la perfection et à l’efficacité du sacrifice de Christ à Golgotha. En effet, elle conduit les catholiques à imaginer qu’il serait possible de compléter l’œuvre de rédemption du Sauveur par des œuvres humaines religieuses, ces « suffrages » des vivants en faveur des défunts.

Puisque la doctrine du purgatoire est introuvable dans l’enseignement de Jésus et de ses apôtres, et aussi parce que Rome ne l’a point reniée, il est de la plus haute importance qu’elle soit examinée soigneusement. C’est ce que nous proposons de faire dans les pages qui suivent.

 

Notre étude se déroulera en deux temps :

  1. Développement historique de la notion de purgatoire
    • chez les auteurs chrétiens anciens ;
    •  chez les saints canonisés par Rome ;
    •  à travers les visions et révélations des mystiques catholiques.
  2. Réfutation du dogme
    • en examinant les citations bibliques utilisées par le Magistère pour étayer cette doctrine ;
    • en considérant le caractère injuste du système des « suffrages » imaginé par Rome ;
    • en constatant que la notion même de purgatoire (qu’il soit compris comme un lieu ou comme un état) altère en profondeur le contenu de l’Évangile de la grâce.

 

 

Retrouvez l’ensemble de cette étude ici

 

 

 

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