Uzza et la sainteté de Dieu

 

Pourquoi donc Dieu a-t-il tué Uzza alors qu’il cherchait simplement à empêcher l’arche de l’alliance de tomber à terre ? (1 Chr 13.7-11). Réponse : parce que Dieu est saint. Après avoir vu ensemble comment la sainteté de Dieu s’est manifestée dans l’histoire de Nadab et Abihu, voyons ce que cette histoire tout aussi tragique peut nous apprendre.

Cet article est extrait du livre de R.C. Sproul, La sainteté de Dieu, que vous devez absolument lire si ce n’est encore fait ! Pour vous le procurer, cliquez ici.

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S’il nous est difficile de comprendre le sort réservé à Nadab et à Abihu, celui réservé à Uzza nous donnera encore plus de fil à retordre. Lorsque David a été sacré roi d’Israël, il s’est empressé de consolider son royaume. Après avoir consulté officiers et princes, il a décidé de sortir l’arche de l’alliance, le coffre le plus sacré d’Israël, de sa « retraite » pour la ramener dans un endroit central. Les Philistins s’étaient emparés de l’arche ; et il est dit qu’en ce funeste jour, la gloire a quitté Israël. En capturant cette arche sacrée, les Philistins ont dérobé le plus grand trésor des Israélites et l’ont emporté dans le temple païen de Dagon. Une fois qu’on l’a eu ramenée à Jérusalem, on l’a mise en lieu sûr en attendant le jour officiel de sa restauration publique et de son installation prédominante au cœur de la nation. Cette heure enfin arrivée, David a voulu le retour de la gloire : « [Et] ramenons auprès de nous l’arche de notre Dieu, car nous ne nous en sommes pas occupés du temps de Saül. Toute l’assemblée décida de faire ainsi, car la chose parut convenable à tout le peuple » (1 Ch 13.3,4).

L’arche constituait le point de ralliement de la nation. Elle représentait le trône de Dieu, le siège sacré du Très-Haut. On l’avait construite et ornée selon les directives strictes de Dieu lui-même. On devait la conserver précieusement dans le Sanctus Sanctorum, le saint des saints. L’arche était un coffre fait en bois d’acacia couvert d’or à l’intérieur et à l’extérieur. Elle avait une bordure d’or tout autour. On a fixé aux quatre coins des anneaux d’or dans lesquels passaient les barres destinées à la transporter. Ces barres étaient aussi faites de bois d’acacia recouvert d’or.

Le couvercle du coffre portait le nom de « propitiatoire ». Celui-ci était également fait d’or pur. On a surmonté le coffre de deux chérubins d’or battu à ses extrémités, se faisant face et ayant les ailes déployées vers le haut. Voilà l’objet sacré que David a ordonné que l’on ramène à Jérusalem.

Ils mirent sur un char neuf l’arche de Dieu, qu’ils emportèrent de la maison d’Abinadab ; Uzza et Achjo conduisaient le char. David et tout Israël dansaient devant Dieu de toute leur force, en chantant, et en jouant des harpes, des luths, des tambourins, des cymbales et des trompettes. Lorsqu’ils furent arrivés à l’aire de Kidon, Uzza étendit la main pour saisir l’arche, parce que les bœufs la faisaient pencher. La colère de l’Éternel s’enflamma contre Uzza, et l’Éternel le frappa parce qu’il avait étendu la main sur l’arche. Uzza mourut là, devant Dieu. David fut irrité de ce que l’Éternel avait frappé Uzza d’un tel châtiment (1 Ch 13.7-11).

 

Si ce violent accès de colère a fâché David, combien à plus forte raison peut-elle troubler un lecteur dont la théologie laisse à désirer ? David était un homme selon le cœur de Dieu. Non seulement était-il un grand roi, un musicien talentueux et un excellent guerrier, mais encore c’était un théologien de premier ordre.

Plus encore que le cas de Nadab et d’Abihu, l’exécution d’Uzza suscite des protestations chez les lecteurs à qui l’on a enseigné que Dieu est un Dieu d’amour et de bonté. La Bible dit de Dieu qu’il est patient et lent à la colère. Pourtant, il n’a pas mis longtemps pour entrer dans une colère noire contre Uzza. Uzza a touché l’arche, et vlan ! Voilà que la fureur de Dieu éclatait.

Ici encore, on s’efforce d’adoucir ce récit en cherchant à donner une explication naturelle à la mort d’Uzza. On a suggéré qu’Uzza avait tant de respect pour l’arche sacrée que, lorsqu’il l’a touchée, la terreur l’a envahi et il a succombé à un infarctus. Il est tout simplement mort de peur. Cette explication absout Dieu de toute responsabilité en la matière. L’interprétation de l’auteur biblique ne fait que donner un exemple de superstition primitive ponctuant tout l’Ancien Testament.

Les gens cherchent de telles explications non seulement parce que notre culture est incurablement allergique à tout ce qui est surnaturel, mais aussi parce que ce récit va carrément à l’encontre de notre perception de la justice. Revenons sur ce qui s’est produit. On transportait l’arche à dos de bœufs vers Jérusalem. C’était une journée de joyeuse célébration nationale. La gloire revenait dans la Ville sainte. Les routes étaient bondées de gens. Le défilé cérémoniel se faisait au son des harpes, des lyres, des tambourins, des cymbales et des trompettes. Imaginez le spectacle : c’était comme une parade de soixante-seize trombones. Les gens dansaient dans les rues.

Un bœuf a soudain trébuché, et l’arche a penché dangereusement. Celle-ci a glissé hors d’un anneau et menaçait de tomber dans la boue. Il était impensable que ce précieux objet soit ainsi profané.

Il va de soi qu’Uzza a eu une réaction instinctive. Il a fait ce que n’importe quel Juif pieux aurait fait pour empêcher que l’arche tombe dans la boue. Il a tendu la main afin de stabiliser l’arche, pour protéger cet objet saint de la chute. Il ne s’agissait pas d’un geste de défiance prémédité contre Dieu. Ce n’était qu’un simple réflexe. Selon nous, cela ressemble à un acte d’héroïsme. Nous estimons que Dieu aurait dû s’écrier des cieux : « Merci, Uzza !  »

Il reste que ce n’est pas ce qu’il a fait.

Au lieu de cela, il a tué Uzza. Il l’a foudroyé sur place. Une autre exécution sommaire.

Quel péché Uzza a-t-il commis ? Pour répondre à cette question, il nous faut retourner en arrière dans l’histoire des Juifs jusqu’à l’instauration du sacerdoce et aux commandements spéciaux que Dieu leur avait donnés. Pour être sacrificateur en Israël, on devait appartenir à la tribu des Lévites. Tous les sacrificateurs étaient des Lévites, mais pas tous les Lévites étaient sacrificateurs. Les Lévites avaient une branche familiale particulière : les Kehathites, le clan des descendants de Kehath. Dieu avait consacré les membres de ce clan à une tâche hautement spécialisée. Ils étaient formés en vue d’une seule tâche fondamentale : prendre soin des choses saintes du Tabernacle : « Voici les fonctions des fils de Kehath, dans la tente d’assignation : elles concernent le lieu très saint » (No 4.4).

Il importe de se rappeler que le Tabernacle était alors une tente, transportable. Lorsque les tribus d’Israël se déplaçaient, elles emportaient le Tabernacle avec elles de sorte que Dieu soit en leur milieu. Lorsque l’on transportait le Tabernacle, il fallait d’abord en recouvrir et en protéger les choses saintes. Il est écrit : « Après qu’Aaron et ses fils auront achevé de couvrir le sanctuaire, les fils de Kehath viendront, au départ du camp. Pour les porter ; mais ils ne toucheront point les choses saintes, de peur qu’ils ne meurent. Telles sont les fonctions de porteurs, imposées aux fils de Kehath dans la tente d’assignation » (No 4.15 ; italiques pour souligner).

Afin d’étayer ce commandement, Dieu y ajoute des obligations et des stipulations :

L’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et dit : N’exposez point la race des familles des Kehathites à être retranchée du milieu des Lévites. Faites ceci pour eux, afin qu’ils vivent et qu’ils ne meurent point, quand ils s’approcheront du lieu très saint ; Aaron et ses fils viendront, et ils placeront chacun d’eux à son service et à sa charge. Ils n’entreront point pour voir envelopper les choses saintes, de peur qu’ils ne meurent » (No 4.17-20).

 

Uzza était probablement un Kehathite. Il savait pertinemment quelles étaient ses tâches. On l’avait très bien formé dans la discipline de son appel. Il comprenait que Dieu avait déclaré que le fait de toucher l’arche était passible de la peine de mort. Aucun Kehathite n’a jamais été autorisé à y toucher, et cela, sous aucun prétexte. Aucune urgence ne saurait justifier que l’on transgresse ce commandement impérieux. La construction élaborée de l’arche, y compris les anneaux d’or dans lesquels on passait de longues barres, indiquait clairement que l’arche en tant que telle ne devait pas du tout être touchée. Les hommes chargés de transporter l’arche ne pouvaient toucher que les barres et les anneaux. Et il revenait aux Kehathites de transporter l’arche au moyen de ces longues barres. Aucune disposition ne permettait d’accélérer la procédure de son transport sur un char à bœufs.

Nous devons nous demander ce que faisait l’arche sur un char à bœufs en premier lieu. Dieu se montrait tellement strict au sujet des choses saintes du Tabernacle qu’il interdisait aux Kehathites de même poser le regard sur l’arche. Ce crime était aussi passible de la peine capitale. Dieu avait décrété que le Kehathite qui lèverait les yeux un seul instant sur l’arche dans le saint des saints en mourrait. Non seulement il était interdit à Uzza de toucher l’arche, mais encore il lui était interdit de même la regarder.
Il l’a touchée malgré tout. Il a étendu la main et l’a mise carrément sur l’arche, pour l’empêcher de tomber au sol. Un acte d’un héroïsme empreint de sainteté ? Non ! C’était un acte d’arrogance, un péché de présomption. Uzza a présumé que sa main était moins souillée que la terre. Il n’en reste pas moins que ce n’était pas le sol ou la boue qui profanerait l’arche, mais plutôt le toucher humain. La terre est une créature obéissante. Elle fait ce que Dieu lui dit de faire. Elle produit son fruit en sa saison. Elle obéit aux lois de la nature que Dieu a établies. Lorsque la température baisse jusqu’à un certain point, le sol gèle. Lorsque l’eau se mêle à la poussière, elle se change en boue, exactement comme Dieu l’a voulu. Le sol ne commet pas de trahison cosmique. Il n’y a rien de souillé dans le sol.

Dieu refusait que son saint trône soit touché par ce que le mal avait souillé, ce qui se rebellait contre lui ; pas plus que par ce qui, de sa révolte impie, avait causé la perte de toute la création et qui avait amené la terre, le ciel et les eaux de la mer à souffrir les douleurs de l’enfantement, dans l’attente du jour de la Rédemption. L’Homme. C’était le toucher humain qui était interdit.

Uzza n’était pas un homme innocent. Dieu ne l’a pas puni sans avertissement ni sans qu’il ait transgressé la loi. Il n’y avait aucun caprice ni rien d’arbitraire dans cet acte de jugement divin. Cet acte comportait toutefois quelque chose d’inhabituel. La soudaineté et la finalité de cette exécution nous prennent de court, nous choquent et nous offensent sur le coup. Or, il y a une raison pour laquelle l’histoire d’Uzza et celle de Nadab et d’Abihu nous offensent, voire nous fâchent. Nous avons du mal à les digérer du fait que quatre concepts bibliques d’une importance capitale nous échappent : la sainteté, la justice, le péché et la grâce. Nous ignorons ce qu’est la sainteté. Nous ignorons ce qu’est la justice. Nous ignorons ce qu’est le péché. Nous ignorons ce qu’est la grâce.

L’histoire d’Uzza est un exemple de justice divine, et non de miséricorde divine. Cependant, il est impossible de comprendre la seconde sans avoir une certaine compréhension de la première.

Lorsque la Bible parle de la justice de Dieu, elle la relie en général à l’équité. La justice de Dieu se manifeste selon l’équité. Il ne peut y avoir de justice selon l’iniquité. Il n’existe aucune justice inique en Dieu. La justice de Dieu constitue toujours une expression de ses saints attributs.

Dans la Bible, le mot justice désigne une conformité à une règle ou à une norme. La justice a pour norme ultime les saints attributs de Dieu. Son équité se présente sous deux formes. Il y a l’équité intérieure de Dieu et l’équité extérieure de Dieu. Ce que Dieu fait est toujours cohérent avec ce que Dieu est. Il agit invariablement selon ses saints attributs. L’équité intérieure de Dieu correspond à l’excellence morale de ses attributs. Elle est enracinée dans sa pureté absolue. Il n’y a pas « l’ombre d’une variation » en lui. En sa qualité de Dieu saint, il lui est tout à fait impossible de commettre un acte impie. Seuls les êtres impies commettent des actes injustes et iniques.

Il y a en Dieu une cohérence, une « droiture ». On décrit souvent l’iniquité humaine comme le fait pour notre être de ne pas être droit. Nous sommes tortueux. Contrairement à nous, Dieu est droit. Sa droiture se voit dans son comportement extérieur, son équité extérieure. De toute éternité, Dieu n’a jamais rien fait d’inique. Il a tué Nadab et Abihu. Il a tué Uzza. Il en a fait autant avec Ananias et Saphira dans le Nouveau Testament. C’étaient tous des actes d’un juste jugement.

La Bible enseigne clairement que Dieu est le Juge suprême de l’univers. Voici la question que nous nous posons après avoir lu ce qui est arrivé à Uzza : Dieu est-il à la hauteur ? Pour occuper les fonctions de Juge suprême du ciel et de la terre, il se doit d’être juste. Si ce Juge suprême est injuste, nous n’avons aucun espoir de voir un jour la justice prévaloir. Nous savons qu’il est possible que des juges terrestres soient corrompus. Ils acceptent des pots-de-vin ; ils font preuve de partialité ; ils agissent parfois par ignorance. Ils font des erreurs.

Il n’en va pas de même pour Dieu. Il n’y a aucune corruption en lui. Nul ne peut le soudoyer. Il se refuse à se montrer partial. Il ne démontre aucun favoritisme (Ac 10.34). Il n’agit jamais par ignorance. Il ne fait jamais d’erreurs. Il se peut que des collants de pare-chocs exigent la destitution de Trump, mais seul un fou demanderait celle de Dieu.

 

 

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