John Owen, le baptiste ;)

 

Voici un extrait du livre de Pascal Denault, Une alliance plus excellente (Impact Academia, 2016), qui tombe très à propos alors que notre prochaine formation #Transmettre portera sur la doctrine des alliances.

Bonne lecture !

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John Owen (1616-1683) nécessite une mention particulière, puisque son fédéralisme s’apparente à celui des baptistes, bien qu’il soit demeuré pédobaptiste toute sa vie. Il est donc nécessaire de justifier le fait que nous emploierons un théologien pédobaptiste pour défendre une théologie baptiste.

Notons premièrement que la position d’Owen sur l’ancienne alliance était médiane. Richard Barcellos explique en quoi : « Contrairement à d’autres, Owen ne croyait pas que l’ancienne alliance était une alliance des œuvres en soi ni simplement une administration de l’alliance de grâce. » Selon toute vraisemblance, les baptistes endossaient également cette position médiane que nous verrons ultérieurement. Owen rejetait aussi le modèle d’une alliance de grâce sous deux administrations tel qu’on le retrouve dans la Confession de foi de Westminster. Si les autres pédobaptistes voyaient l’ancienne alliance comme étant différente en circonstance, mais identique en substance avec la nouvelle alliance, Owen, lui, considérait que l’ancienne alliance était différente de la nouvelle alliance à la fois en circonstance et en substance.

Une autre raison qui nous permet de croire que les baptistes partageaient le fédéralisme de John Owen, c’est leurs propres écrits. Par exemple, Edward Hutchinson, après avoir exposé sa compréhension de l’alliance abrahamique et son rapport avec l’alliance de grâce, reprend les écrits d’Owen de manière extensive pour prouver qu’il dit la même chose que le très réputé docteur au sujet des alliances. Puis, il déclare à ses interlocuteurs pédobaptistes :

Si nos adversaires pensent que nous faisons tort au Dr Owen (comme ils sont capables de le crier haut et fort), prétextant que nous tournons ses propos à notre avantage, puisqu’il est pédobaptiste, nous répondons qu’ils sont libres de concilier son discours avec sa pratique, s’ils le peuvent. Pour accomplir une telle prouesse, ils devront faire preuve d’ingéniosité et d’artifices (ce dont ils ne manquent pas). Le Dr aborde la nature de l’alliance et des promesses faites à Abraham (en laissant peut-être de côté le baptême des enfants), il développe ce sujet avec une telle spiritualité et orthodoxie, qu’il ne laisse aucune place au baptême d’enfants. De fait, il l’exclut sans appel.

 

Les baptistes pensaient donc que la théologie d’Owen était parfaitement en harmonie avec la leur et considéraient comme une inconséquence que le prince des puritains maintienne le pédobaptême. Ils considéraient même qu’Owen, sans s’en rendre compte, anéantissait le fédéralisme presbytérien dans ses écrits et ils mettaient l’onus probandi sur les pédobaptistes : à eux d’expliquer la théologie d’Owen avec sa pratique du baptême. Par exemple, Owen écrit :

C’est là que se situe la grande erreur des Juifs d’autrefois, dans laquelle leurs descendants les ont suivis jusqu’à ce jour. Ils pensaient qu’il n’était plus nécessaire de s’attacher à l’alliance contractée avec Abraham, puisqu’ils étaient sa descendance selon la chair. Ils avançaient constamment ce dernier privilège comme étant le fondement et la cause du premier. Il est vrai qu’ils étaient les enfants d’Abraham selon la chair, mais ce statut ne leur conférait aucun autre privilège que ceux dont jouissait Abraham selon la chair, à savoir, comme nous l’avons vu, qu’il avait été mis à part comme un canal par lequel Dieu allait susciter la descendance promise au monde. C’est ainsi qu’ils furent mis à part en tant que peuple, comme sa postérité, de laquelle elle s’élèverait.

Le fait que cette séparation et ces privilèges devaient disparaître lorsque le projet serait accompli avec la venue du Messie semble naturel. En effet, pourquoi maintenir une chose alors que le but pour laquelle elle a été désignée est accompli ? Mais ils maintiennent ce privilège et le joignent au premier, prétendant que, puisqu’ils sont les descendants d’Abraham selon la chair, la bénédiction et l’alliance prononcées en faveur d’Abraham leur appartiennent. Pourtant, notre Sauveur a prouvé que, dans ce sens, ils ne sont pas les enfants d’Abraham, car ils ne font pas les œuvres d’Abraham. C’est pourquoi l’apôtre démontre clairement (Ro 4.9-11 ; Ga 3 – 4) que ceux d’entre eux qui n’avaient pas la foi d’Abraham n’avaient aucune part à la bénédiction ni à l’alliance. Voyant donc que leur premier privilège, avec toutes les ordonnances charnelles qui y étaient attachées, prenait fin avec la venue du Messie (à laquelle ils étaient utiles), s’ils ne parvenaient pas à obtenir les bénédictions spirituelles par la foi dans le Fils promis, il est évident qu’ils ne pouvaient pas être considérés comme des participants actuels à l’alliance de Dieu.

 

On dirait effectivement qu’en écrivant ces lignes et en réfléchissant à la doctrine de l’alliance, Owen ne pensait pas du tout au pédobaptême.

Une autre évidence de l’harmonie entre le fédéralisme d’Owen et celui des baptistes vient de l’épître introductive de Nehemiah Coxe dans son livre sur les alliances. Coxe explique à ses lecteurs pourquoi il a arrêté son exposition des alliances bibliques à l’alliance abrahamique sans poursuivre avec l’alliance sinaïtique. Il écrit :

En conséquence, je prévoyais fournir une étude supplémentaire sur ce sujet, dans un exposé sur l’alliance faite avec Israël dans le désert et le statut de l’Église sous la loi. Mais après avoir réuni quelque matériel dans ce but, j’ai réalisé fort heureusement que je pouvais être dispensé de ce travail de clarification et d’argumentation grâce à la publication du troisième volume du Dr Owen sur l’Épître aux Hébreux. Ce sujet est largement discuté ainsi que les objections qui pourraient être soulevées, particulièrement dans le chapitre. Je renvoie donc mon lecteur à cet ouvrage, sachant qu’il trouvera un exposé satisfaisant, à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un auteur si érudit.

 

Nous ignorons si Owen endossait le fédéralisme de Coxe, mais, de toute évidence, Coxe, un baptiste, endossait le fédéralisme d’Owen. Comme nous le verrons, le commentaire d’Owen sur le chapitre 8 d’Hébreux ne laisse aucun doute quant à la parité de son fédéralisme avec celui des credobaptistes de sorte qu’il est amplement justifié que l’on publie le traité de Coxe et le commentaire d’Owen dans un même volume sur la théologie des alliances (cf. Covenant Theology: From Adam to Christ, RBAP, 2005)

 

 

 

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Pascal est spécialiste du sujet – il en a fait son domaine principal de recherche. Sa thèse de master (Th.M) a été publiée en anglais sous le titre The Distinctiveness of 17th Century Baptist Covenant Theology, un ouvrage traduit en Français sous le titre Une alliance plus excellente (Publications Chrétiennes).

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