Ne sous-estimez pas les effets noétiques de la chute

 

Article de Kyle McDanell publié sur son blog le 5 mai 2016. Traduction : Hery Garcia

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Lorsque les élites religieuses ont interrogé Jésus à propos du plus grand commandement, celui-ci en a identifié deux : aimer Dieu et aimer son prochain. L’amour, dit-il, doit envelopper tout notre être : tout notre cœur, toute notre pensée (intelligence), toute notre force, toute notre âme. En tant que pasteur, j’ai constaté que de nombreux chrétiens gravitent autour des aspects cœur et âme de ce commandement qui, nous l’estimons, englobe les émotions et le pathos. De mon expérience, les chrétiens s’intéressent rarement à ce que signifie « aimer Dieu de toute sa pensée ».

Ajoutez à cela l’exhortation de Paul dans Romains 12:1-2 à être transformés « par le renouvellement de l’intelligence » (LS1910). Qu’est-ce que tout cela signifie ?

Il y a une raison centrale pour laquelle l’évangile doit nous transformer de manière exhaustive : les effets de la chute nous transforment également. Il n’est donc pas surprenant que le Nouveau Testament indique la façon dont l’évangile transforme nos paroles, nos actes, nos émotions, et même nos pensées. Et c’est cette dernière catégorie que les chrétiens ont le plus négligée.

Ceci m’est récemment venu à l’esprit après avoir écouté Albert Mohler à propos des effets noétiques de la chute. « Noétique » provient du Grec noûs qui peut être traduit par intellect. Ainsi lorsque les théologiens parlent des effets noétiques de la chute, ils font référence aux ramifications du péché dans notre intellect.

Dans l’ouvrage Thinking, Loving, Doing: A Call to Glorify God with Heart and Mind (consultable en PDF sur ce lien, p.56-58), édité par John Piper et David Mathis, Albert Mohler liste quatorze effets noétiques de la chute :

  1. L’ignorance
  2. La distraction
  3. L’oubli
  4. Les préjugés
  5. La vision erronée
  6. La fatigue intellectuelle
  7. L’incohérence
  8. L’incapacité à tirer les bonnes conclusions
  9. L’apathie intellectuelle
  10. Le dogmatisme et la fermeture d’esprit
  11. L’orgueil intellectuel
  12. L’imagination vaniteuse
  13. La difficulté à communiquer
  14. La connaissance partielle

 

Dans le livre Fallen : A Theology of Sin, Douglas Moo décrit le même phénomène :

Il est important de noter que le péché ne concerne pas seulement nos actions ; il est enraciné dans notre mode de pensée même… Les actions pécheresses que les humains commettent sont la manifestation d’une condition plus fondamentale : celle d’être « sous l’emprise du péché ». Et cette condition, comme on peut s’y attendre, affecte l’esprit, la pensée, la raison. Lorsque les gens se sont détournés de la connaissance de Dieu, Dieu « les a livrés à une mentalité réprouvée/dépravée » (Rom. 1:28). Leur esprit est endurci (2 Cor. 3:14) ; ils sont « obscurcis dans leur intelligence et séparés de la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux » (Eph. 4:18). Ils ont un mode de pensée, un état d’esprit, qui est « fixé sur les choses terrestres » (Phil. 3:19 ; voir Rom. 8:5-7). Nous ne devrions donc pas nous étonner que les non-chrétiens aient du mal à comprendre certaines choses qui sont très claires et très logiques pour nous qui sommes croyants, par exemple qu’il est mal d’ôter la vie à un enfant dans le ventre de sa mère ou de qualifier une union homosexuelle de « mariage ». Les non-croyants sont incapables de penser correctement sur de telles questions.  Une partie essentielle de l’œuvre de la nouvelle alliance de Dieu est donc le « renouvellement » de l’esprit (Rom. 12:2 ; Eph. 4:23).

 

Qu’est-ce que cela signifie pour la théologie, les pasteurs, et les membres d’Église ? Voici une implication claire et évidente : la manière dont nous annonçons l’évangile doit être complète. Vous connaissez certainement des prédicateurs qui manipulent les émotions de leur congrégation et de leurs auditeurs afin de susciter une réaction ou une réponse de leur part. Il est assez facile d’agir ainsi, en particulier si l’orateur charismatique.

Au regard des effets noétiques du péché, l’annonce de l’évangile doit être plus qu’émotionnelle : elle se doit d’être également intellectuelle. Nous devons présenter l’évangile et attendre du pécheur qu’il l’embrasse dans sa totalité – avec son cœur, avec son âme, avec sa force, et avec son intelligence. De même, la formation de disciples et la sanctification doivent aussi couvrir l’aspect de l’intellect.

Nos prédications doivent remettre en question la manière de penser des auditeurs et les conduire au plus prêt de la pensée de Dieu.

 

 

 

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