Le Père et le Fils sont-ils une seule et même personne ?

 

Le modalisme est une doctrine christologique ancienne, très rapidement dénoncée comme hérétique par les Pères de l’Eglise dès le IIIème siècle (cf. Tertullien, Adversus Praxean ; Hyppolite, Réfutations de toutes les hérésies, etc.).

Elle affirme d’un côté que Jésus est à la fois le Père, le Fils et le Saint-Esprit et de l’autre elle nie que le Père et le Fils soient des personnes (ou plutôt des hypostases) distinctes. Pour les modalistes, il s’agit de modes divins de révélation, autrement dit des rôles que Dieu assume à différents moments de la ligne de temps.

Exemple classique (qui n’en n’est pas la seule version) : Dieu se serait révélé comme Père durant l’Ancienne Alliance, comme Fils durant la période apostolique, et comme Saint-Esprit dans la période dite “de l’Eglise”.

Depuis le début du XXème siècle, le modalisme connaît un certain renouveau, notamment dans quelques cercles charismatiques (par ex. le branhamisme de Shora Kuetu, ou encore Michèle d’Astier de la Vigerie, Morgan Priest, etc.)

Cette doctrine, définitivement condamnée au Concile de Nicée (325) et surtout à Constantinople (381), n’est pas sans véhiculer de nombreuses difficultés irréconciliables avec le texte biblique.

En voici une liste non exhaustive :

1) Si Christ est le Père, pourquoi priait-il le Père ? Se priait-il lui-même ? La prière est bien un moyen de communication entre deux personnes

2) Si Christ est le Père, comment l’un peut-il aimer l’autre ? (Cf. Jean 3:35, 5:20). Là encore, l’amour est une relation impliquant plusieurs personnes.

3) Comment le Fils peut-il être envoyé par le Père ?

4) Si Jésus est le Père, cela signifie t-il que le Père est mort sur la croix ?

5) Si Christ est le Père, comment peut-il être soumis au Père, sachant de même que la soumission implique une relation entre au moins deux personnes ?

6) Si Christ est le Père, alors il n’est devenu fils qu’au moment de l’incarnation. Que faire, dès lors, des versets qui affirment l’existence du Fils avant qu’il ne vienne en chair dans le monde ? (Jean 1:1-5,14-15,18 Jean 17:5 Héb. 1:2-3,5-9 etc.)

7) Dieu change-t-il ? Si Dieu a assumé le rôle de Père uniquement depuis l’incarnation, alors il y a eu une variation majeure en lui (voir Jacques 1:17)

8) Dans Jean 15-16, Jésus parle d’un “autre consolateur” (l’Esprit de vérité) qu’il enverra de la part du Père et que le Père enverra au nom du Fils. Comment cet Esprit serait-il un “autre” consolateur si Jésus est l’Esprit ?

9) Que comprendre que Christ soit “à la droite de Dieu” ?
(cf. par ex. Luc 22:69 ; Actes 2:33 ; 5:31 ; 7:55, 56 ; Héb. 10:12, 1 Pie. 3:22)

10) Auprès de qui Christ intercède-t-il ? (Rom. 8:34)

11) Auprès de qui l’Esprit intercède-t-il ? (Rom. 8:26)

 

Le modalisme doit par ailleurs reformuler certaines doctrines fondamentales du Christianisme :

  • Avec qui le Christ cherche t-il à nous réconcilier en mourant ?
  • Par qui est-il abandonné sur la croix ?
  • De qui a-t-il subi la colère ?
  • Que signifie être un médiateur entre Dieu et les hommes ?
  • Pourquoi prier au nom du Fils ?
  • Qu’est-ce que l’incarnation ?
  • Qui est agent de la création ? Le Père ? Le Fils ? L’Esprit ?
  • Que signifie être une habitation de Dieu en l’Esprit ? etc.

Le Christ du modalisme ne peut pas sauver car il ne peut pas être ce médiateur éternel que nous présente l’épître aux Hébreux.

Nier la Trinité est une décision lourde de conséquences, car tout le corps doctrinal s’en retrouve affecté.

Ce n’est pas sans raison que l’Eglise a confessé au sujet de cette doctrine “Telle est la foi universelle : si quelqu’un n’y croit pas fidèlement et fermement, il ne pourra être sauvé.” (Symbole d’Athanase).

MG

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