Que faire, quand je ne sais comment prier ?

 

Voici quelques réflexions sur le texte de Colossiens 1.1-8 :

De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et du frère Timothée aux saints qui sont à Colosses, nos fidèles frères et sœurs en Christ: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! Nous disons constamment toute notre reconnaissance à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, lorsque nous prions pour vous. En effet, nous avons été informés de votre foi en Jésus-Christ et de l’amour que vous avez pour tous les saints à cause de l’espérance qui vous est réservée au ciel. Cette espérance, vous en avez déjà entendu parler par la parole de la vérité, l’Évangile. Il est parvenu jusqu’à vous tout comme dans le monde entier, où il porte des fruits et progresse. C’est d’ailleurs aussi le cas parmi vous depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu dans la vérité, suivant l’enseignement que vous avez reçu d’Epaphras, notre bien-aimé compagnon de service. Il est pour vous un fidèle serviteur de Christ, et il nous a appris de quel amour l’Esprit vous anime.

 

Il arrive parfois, peut-être même trop souvent à notre goût, que nous ne sachions pas quoi demander à Dieu quand nous nous présentons devant lui pour prier. La journée commençait pourtant plutôt bien. Après une bonne nuit de repos, voilà que nous étions prêts à prier afin de débuter notre journée sous le regard de Dieu. Oui mais voilà, nous ne savons pas quoi demander. La fatigue nous tiraille encore un peu, notre liste de prière est vide. Heureusement, Paul nous donne dans ce passage un sujet de reconnaissance inépuisable que nous pouvons apporter devant Dieu toutes les fois que nous le pouvons ou le voulons : les fruits que produit l’Évangile dans la vie de nos frères et sœurs en Christ.

 

 

I. Auteurs et destinataires des prières (v. 1-2)

Replaçons brièvement cette épître dans son contexte. L’apôtre Paul écrit probablement cette lettre à l’Église de Colosses alors qu’il est en prison à Rome. Sa date de rédaction se situerait donc entre les années 60 et 62 (Ac 28). Durant ce temps d’emprisonnement, Paul a peut-être aussi écrit les épîtres aux Philippiens, à Philémon, et aux Éphésiens. D’ailleurs, Colossiens et Éphésiens ont de nombreux points en commun, ce qui laisse supposer que leur rédaction est assez proche dans le temps l’une de l’autre. Ces épîtres sont appelées « épitres de la captivité ». De plus, Éphésiens et Colossiens sont également dites « circulaires », c’est-à-dire qu’elles étaient destinées à être lues dans plusieurs communautés (Col 4.16). Paul n’a sûrement pas fondé cette Église qui semble plutôt être le résultat du travail missionnaire d’Epaphras (Col 1.7, 4.12). En tout cas, même s’il n’est pas encore allé visiter cette Église (Col 2.1), Paul connaît personnellement des chrétiens de Colosses, comme Philémon et Onésime (Col 4.9, 17 ; Ph 2). Nous verrons par la suite que ce qui pousse Paul à écrire cette lettre est un problème avec de faux-enseignants qui gravitent autour de l’Église de Colosses (Col 2.4, 8). Passons maintenant à l’ouverture de la lettre.

L’épître commence en nous dévoilant ses auteurs : « 1 De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et du frère Timothée ». Paul est l’auteur principal de la lettre, mais il semble que Timothée ait été utilisé ici comme secrétaire. En effet, la construction de la phrase laisse sous-entendre que Timothée ici co-auteur, et la fin semble indiquer que Paul n’a fait que signer la lettre de sa propre main (Col 4.18). Cela ne devrait pas nous choquer. L’utilisation d’un secrétaire était fréquente à cette époque, et Paul nous a laissé plusieurs lettres rédigées de cette manière (Rm 16.22 ; Ga 6.11).

La suite nous dévoile les personnes auxquelles Paul destine cet écrit : « 2aux saints qui sont à Colosses, nos fidèles frères et sœurs en Christ: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! ». Nous avons déjà souligné les liens entre l’apôtre et les Colossiens. Nous pouvons relever le fait que Paul nomme ces chrétiens ici « saints ». Bien sûr, les Colossiens sont saints dans le sens que, comme tout chrétien, ils ont reçu le Saint-Esprit. Ils sont donc en marche dans leur sanctification, mis à part et consacrés pour leur service pour Dieu. Cependant, le mot « saint » est simplement utilisé comme synonyme de « chrétiens » (Rm 15.25 ; Ph 1.1 ; 1Tm 5.10 ; Phm 5, 7 ; He 13.24 ; Jd 3). Notons que si les Colossiens peuvent être appelés « saints », « chrétiens », c’est parce qu’ils sont « en Christ ». L’union à Christ est ce qui fonde leur nouvelle identité. Paul termine cette salutation d’ouverture par une formule de bénédiction où il appelle la grâce et la paix sur les Colossiens de la part de Dieu et de la part de Jésus-Christ, mettant ainsi le Père et le Fils sur le même plan dès le début de son épître. Rajoutons que la paix mentionnée ici n’est pas la paix du monde, mais la paix associée à la grâce. Ce n’est pas la paix passagère que l’on peut ressentir quand on s’accorde un petit plaisir comme un moment détente en cure thermale, mais il s’agit de la paix eschatologique associée à la nouvelle création : la paix sabbatique.

 

 

 

II. Celui qui écoute les prières (v. 3)

Paul continue : « 3Nous disons constamment toute notre reconnaissance à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, lorsque nous prions pour vous ». Nous lisons que Paul prie pour les Colossiens, mais il ne prie pas seul. En effet, le verset 3 commence avec un « nous ». Il peut s’agir de Paul et de Timothée, mais nous pouvons également penser à Épaphras qui est évoqué plus tard dans le texte, aux personnes qui sont mentionnées à la fin, ainsi qu’à d’autres. De plus, cette prière qu’évoque l’apôtre n’est pas ponctuelle. Paul enchaîne en effet deux adverbes : « constamment », et « toute ». Cela ne signifie pas que Paul et les autres prient nuit et jour sans s’arrêter en faveur des Colossiens, mais ce mot « constamment » implique que la prière de Paul est renouvelée régulièrement. Les Colossiens occupent souvent les pensées de l’apôtre et de ses collaborateurs. Ensuite, cette prière de reconnaissance n’est pas faite du bout des lèvres, mais c’est « toute » sa reconnaissance que l’apôtre exprime. Il est reconnaissant au plus haut point, tellement, que cette reconnaissance se transforme en prière. La prière en faveur des Colossiens est ici adressée directement à Dieu le Père. Bien que Jésus soit mentionné ici, son rôle de médiateur, apportant nos prières devant le trône du Père, n’est pas mis en avant. Ce qui est mis en lumière, c’est le fait que le Père est celui qui reçoit et écoute les prières de reconnaissance.

L’attitude de Paul et de ses collaborateurs est un exemple pour nous. En effet, nous pourrions facilement nous dire que Paul avait beaucoup de temps pour prier, tandis que nous nous sommes toujours à courir après le temps dans ce monde moderne chronophage : il faut aller chercher les enfants à l’école ou au club de sport, foncer au supermarché pour les courses, déposer une lettre à la Poste au passage, répondre au téléphone. Quand pourrions-nous avoir le temps de prier ? Cependant, prier constamment ne veut pas dire prier sans s’arrêter une seconde. Il s’agit plutôt d’une attitude de notre cœur renouvelé. C’est faire les choses de la vie quotidienne tout en ayant une attitude de prière, c’est-à-dire en disant simplement mais sincèrement merci à Dieu pour les courses que nous pouvons faire, lui exprimer notre joie et le don précieux qu’il nous a fait en voyant nos enfants sortir en courant de leur match de foot, etc. Peu importe le moment, peu importe la longueur, peu importe l’endroit, peu importe la forme, Dieu écoute toujours la prière de celui qui se donne « tout » entier dans cette action de grâce.

 

 

 

III. Ce qui motive ces prières (v. 4-8)

Venons-en maintenant à ce qui a motivé Paul et Timothée à présenter ces prières à Dieu. L’apôtre mentionne deux choses : la foi et l’amour des Colossiens (v. 4). En effet, la foi en Jésus de ces chrétiens de Colosses, et leur amour pour les autres chrétiens des autres communautés – « tous » les saints – sont une source de reconnaissance infinie pour l’apôtre. Cette foi et cet amour témoignent que les Colossiens ne vivent pas pour eux-mêmes et pour le temps présent, mais qu’ils ont leurs regards tournés en avant, vers les choses qui leur sont promises au ciel. C’est cette espérance des choses dernières, cette espérance eschatologique, alimentée par la foi et l’amour, qui est le moteur des Colossiens. Mais d’où vient cette triade chère à Paul constituée de la foi, l’amour, et l’espérance ? Cette triade a pris racine dans le cœur et la vie des Colossiens suite à l’Évangile qui leur a probablement été prêché par Epaphras, le fidèle serviteur de Christ, le compagnon bien-aimé. Et les Colossiens reconnaissent aujourd’hui cette Parole comme véridique, car elle est authentifiée d’une manière visible par les actes concrets qui se manifestent dans leur vie. En effet, l’Évangile produit des fruits dans la vie de ces croyants, des fruits qui les motivent à pratiquer des œuvres de charité envers les autres chrétiens, ce que nous pourrions également appeler des bonnes œuvres d’un point de vue biblique. Cependant, la vision de Paul dépasse le cadre de l’Église locale de Colosses. Oui, l’Évangile produit des fruits chez eux, mais l’apôtre prie et affirme que l’Évangile avance, croît, et porte des fruits également partout dans le monde. Son champ de vision passe de celui d’une petite Église locale à celui de l’Église universelle. Il dépasse les frontières de la ville de Colosses pour s’étendre à toute la création. Certains théologiens ont vu dans cet Évangile qui croît et porte du fruit l’accomplissement du mandat créationnel donné à Adam (Gn 1.28) . En effet, dans cette bénédiction, Dieu a demandé au premier homme de « porter du fruit » et de « remplir » la terre. Le langage est proche. De plus, ils ajoutent que de ce côté-ci de la croix, après la Chute, ce mandat est réinterprété spirituellement par Paul à la lumière du Christ qui est le second Adam (Rm 5.12 ; 1Co 15). La bénédiction d’Adam, qui est devenue promesse pour Abraham, est en train de se réaliser en ceux qui sont unis au Christ . Les œuvres d’amour des Colossiens auraient donc ici pour Paul une dimension eschatologique.

Toutes ces bonnes œuvres qui témoignent du travail qui a été fait dans le cœur des Colossiens et qui est en cours d’achèvement, ne sont pas l’œuvre d’une volonté humaine, mais elles sont l’œuvre du Saint-Esprit qui agit dans leur vie. Toute la Trinité œuvre dans ce passage. Paul est finalement reconnaissant pour l’œuvre de sanctification progressive qui se produit dans le cœur des Colossiens et qui sert à l’avancement de l’Évangile, à la croissance de l’Église, et à la progression du royaume de Dieu. Paul voit loin, Paul voit grand, et il est reconnaissant. Paul enseigne aussi à l’Église d’aujourd’hui quelque chose de primordial : le seul endroit, la seule sphère où l’on peut porter du fruit, c’est en Christ . Cela implique que tout bien civil ou moral, s’il n’est pas motivé par et pour Christ, ne porte pas de fruit au ciel et dans l’éternité.

 

 

 

Applications

  1. Prier en disant merci à Dieu pour les fruits que l’Évangile produit dans la vie de mes frères et sœurs. Pour cela, nous pouvons choisir une ou deux personnes de notre Église locale et réfléchir au changement qui se sont produits dans sa vie (sa sanctification) : est-ce qu’il est moins colérique et plus doux, est-ce qu’elle a moins de doutes et plus de foi, est-ce que les tensions dans leur couple se sont apaisées et qu’ils vivent maintenant la réconciliation ?
  2. Recherchons dans notre Église les actes d’amour fraternel. Qui a aidé qui ? Comment ? Est-ce qu’il lui a prêté sa voiture, exerce l’hospitalité régulièrement, prend du temps pour écouter les autres et prier avec eux ? Remercions Dieu dans la prière d’être témoin de l’amour en action. C’est une manifestation vivante et visible de l’action réelle du Saint-Esprit dans la vie de quelqu’un de sauvé.

 

 

 

 

 

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Renaud Genevois est pasteur à l’Église Perspectives de Colmar. Avant cela, il a été enseignant dans des écoles chrétiennes durant plusieurs années. Il a étudié à l’Institut Biblique de Genève et à l’Institut Supérieur Protestant à Guebwiller. Il prépare actuellement un master de théologie à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence. Renaud est allé plusieurs fois en Afrique enseigner dans un institut biblique et former des enseignants chrétiens. Il écrit régulièrement pour le Bon Combat.