La puissance de la croix en quatre mots

 

Article de Richard Coekin, qui dirige le réseau d’implantation d’Églises Co-Mission, à Londres. Il est pasteur de l’Église Dundonald au sud-ouest de Londres et a publié plusieurs livres, dont Our Father [Notre Père] et Gospel DNA [L’ADN de l’Évangile].

Cet article est extrait de l’introduction du livre La croix en 4 mots, de K. DeYoung, Richar Coekin, Yannick Christos-Wahab (BLF Éditions, à paraître le 31 mars 2021). Pour vous procurer cet ouvrage, cliquez ici.

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Le thème principal du ministère et de la prédication des premiers chrétiens était: « Christ crucifié ». Or, au premier siècle, proclamer « Christ crucifié » paraissait insensé :

  • Le mot « Christ » signifie « oint ». Il fait référence au Roi sauveur que Dieu a choisi et qu’il a promis depuis des siècles par l’intermédiaire des prophètes de l’Ancien Testament. Les gens s’attendaient à ce que le Christ arrive avec une puissance et une gloire auxquelles personne ne résisterait.
  • Le mot « crucifié », quant à lui, renvoie à la crucifixion, le châtiment que les Romains infligeaient aux criminels. Il était conçu pour que la personne connaisse la mort la plus horrible, la plus cruelle et la plus infamante qu’on puisse imaginer.

 

Proclamer « Christ crucifié », c’était donc aussi absurde que de vanter les mérites d’une « eau sèche ». L’apôtre Paul lui-même écrit que ce message est comme une « cause de chute » (quelque chose de révoltant) dans son propre milieu juif et une « folie » (quelque chose d’absurde) pour les autres peuples:

Les Juifs, en effet, demandent des signes, et les Grecs cherchent la sagesse. Or nous, nous proclamons un Christ crucifié, cause de chute pour les Juifs et folie pour les non-Juifs; mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, un Christ qui est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. 1 Corinthiens 1: 22-24, NBS

De nos jours effectivement, le message de Christ crucifié reste révoltant et insensé pour le monde qui nous entoure.

Paul explique que «  les Juifs demandent des signes » parce qu’à l’époque, ils avaient du respect pour tout ce qui est pouvoir et grosse influence. Ils aspiraient à ce qu’un puissant guerrier les libère de l’occupation romaine et ils étaient attachés aux rituels impressionnants du temple. Le monde n’a pas vraiment changé. Il classe les gens selon leur pouvoir et leur influence dans la société, selon ce qu’ils gagnent ou ce qu’ils possèdent. Notre culture est fascinée par les célébrités et les familles royales. Nos discussions tournent autour de certaines personnes, non parce qu’elles sont vertueuses, mais parce qu’elles sont célèbres. Dans le monde religieux, on tend à révérer des chefs de file puissants et très connus, comme le pape. Encore de nos jours, il est difficile d’admirer un homme qui se faisait un devoir de mourir dans d’atroces souffrances et dans le déshonneur, sur une croix, pour nos péchés. Le monde a du mal à respecter les Églises qui prêchent un tel homme. Hier comme aujourd’hui, le message du Christ crucifié semble être une « cause de chute » pour beaucoup.

Paul disait aussi que « les Grecs cherchent la sagesse » parce que la société gréco-romaine avait du respect pour les connaissances impressionnantes – elles étaient gages de succès dans la vie. La culture de l’époque encourageait à admirer les philosophes religieux. C’étaient des érudits talentueux et des orateurs agréables à écouter. Là encore, les choses ne sont guère différentes de nos jours. Notre monde révère ceux qui ont suivi de hautes études et obtenu les meilleurs diplômes. Nous préférons les gourous spirituels qui, tel le Dalaï-Lama, écrivent des best-sellers promettant le bien-être sans remettre en cause notre moralité. Encore de nos jours, il faut vivre à contre-courant pour vénérer un artisan de Galilée qui nous alerte sur l’enfer et divise l’opinion publique. Beaucoup ont du mal à respecter les chrétiens qui suivent un tel homme. Hier comme aujourd’hui, le message du Christ crucifié ressemble pour beaucoup à une folie sans queue ni tête.

Richard Dawkins, un brillant biologiste d’Oxford, mais athée, décrit dans son best-seller Pour en finir avec Dieu, la mort de Jésus en ces termes méprisants:

J’ai qualifié l’expiation, doctrine centrale du christianisme, de vicieuse, sadomasochiste et repoussante. Il faudrait aussi la taxer de folie furieuse […].

L’expiation, à savoir la réconciliation des pécheurs avec Dieu sur la croix, est clairement une cause de chute et une folie pour Dawkins. Il ne l’a pas comprise. La croix n’a rien à voir avec un prétendu Dieu horriblement « sadomasochiste », qui se plairait à souffrir. Au contraire, l’expiation raconte le sacrifice extraordinaire d’un Dieu en faveur de l’humanité. Dawkins n’a pas compris que la croix ne parle pas de la « folie furieuse » de Dieu, mais de son amour passionné.

Pour beaucoup, le Christ crucifié sera toujours une cause de chute et une folie. Certains de vos proches la trouvent peut-être ridicule ou choquante. Pour certains de vos amis, elle est pitoyable ou stupide. Mais cela ne fait rien. Ce dont ils ont le plus besoin d’entendre parler, c’est de Christ crucifié. En effet, Paul explique ensuite que Dieu a délibérément choisi de nous sauver par la crucifixion de Christ pour saper la haute opinion que nous nous faisons de notre personne et la couvrir de honte. Depuis toujours, il a prévu de révéler sa puissance divine et sa sagesse en nous sauvant d’une façon qui nous semble bizarre et déroutante afin que nous nous confiions en lui plutôt qu’en nous-mêmes. Pour Paul, le message du « Christ crucifié » ne démontre rien de moins que « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ». C’est sa manière efficace et cohérente de sauver, parmi toutes les nations, ceux qui se détournent du péché pour se confier en Jésus.

 

 

La croix tout au long de la Bible

Beaucoup de chrétiens connaissent probablement l’enseignement de base au sujet du Christ crucifié. Mais mieux nous comprenons la croix, plus nous nous réjouissons de l’impressionnante grâce de Dieu et mieux nous serons à même de l’expliquer aux membres de notre famille, nos amis ou nos collègues incroyants.

Le Christ crucifié se trouve au centre du christianisme. La croix est au centre de la création. Elle est le tournant de l’histoire, l’instant décisif au cœur de la Bible et de notre foi. C’est la révélation la plus haute de la gloire de Dieu et la joie la plus profonde de notre éternité. Pour l’éternité, elle va inciter les immenses foules du ciel à adorer l’Agneau de Dieu immolé (Apocalypse 5: 6-10)!

La croix imprègne toute la Bible, du début à la fin. Par exemple, le mot « bois » qui renvoie à la croix (en Actes 10: 39 et Galates 3: 13) est également mentionné au début de l’Écriture. Il désigne, dans le jardin d’Éden, « l’arbre de vie » qui maintient les enfants de Dieu en vie (Genèse 2:9). À la toute fin, dans une vision magnifique de la nouvelle création de Dieu, on retrouve le même « arbre de vie », guérissant et nourrissant le peuple de Dieu éternellement (Apocalypse 22: 2). Ce vocabulaire montre la position absolument centrale du Christ crucifié.

Un survol de toute la Bible révèle que par sa mort, Christ a glorifié son Père de bien des façons extraordinaires. Elles sont trop nombreuses pour les détailler ici. Par exemple, sa mort a couronné une vie exemplaire qui est un modèle pour nous. Sa mort a aussi réduit à néant les prétentions de Satan sur nous, car Jésus a subi à notre place la peine exigée par la loi de Dieu. Enfin, sa mort nous a sauvés en nous faisant entrer dans une humanité nouvelle.

Mais le plus grand exploit accompli par la mort de Jésus, c’est d’avoir satisfait la justice sainte de Dieu. Jésus, comme un paratonnerre, a choisi de prendre sur lui toute la colère de Dieu envers notre péché. Par notre foi en lui, notre péché n’est plus compté à notre crédit.

Trois thèmes, trois magnifiques fils rouges, qui parcourent tout l’Ancien Testament donnent l’explication de cette œuvre extraordinaire. C’est pourquoi le Christ ressuscité s’est lui-même tourné vers l’Ancien Testament pour expliquer sa mort aux deux disciples désemparés, sur le chemin d’Emmaüs:

Alors Jésus leur dit: Hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes! Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. Luc 24: 25-27

Paul a, lui aussi, souligné l’importance de la croix dans la Bible:

Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’avais aussi reçu: Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures.
– 1 Corinthiens 15: 3

 

Vous désirez vous émerveiller davantage de la beauté de la croix? Vous aimeriez annoncer plus clairement qui est le « Christ crucifié »? Alors, suivez ces trois fils rouges de l’Ancien Testament pour découvrir comment la mort de Christ offre liberté, pardon et justice.

La liberté

La plupart des gens aspirent à une forme ou une autre de liberté. Ils veulent, par exemple, se libérer des contraintes sociales, de l’oppression politique ou d’un comportement addictif. La Bible révèle que la véritable liberté commence lorsqu’on est libéré du péché pour servir Dieu. Cette libération s’obtient à travers la mort rituelle de Jésus. C’est ce qu’on appelle la « rédemption ».

On découvre l’origine de notre rédemption libératrice dans le récit de la Pâque, en Exode 12. Par le sang d’un agneau, Dieu a racheté son peuple de l’esclavage du pharaon et de la mort qui le menaçait. Il lui a donné ainsi la joie d’être libre de l’adorer.

Ce récit préfigure la croix. C’est là que, par le sang de Jésus, Dieu nous a rachetés de l’esclavage du péché. Par la croix, nous obtenons la joyeuse liberté de l’adorer à travers notre être tout entier.

 

 

Le pardon

Beaucoup d’entre nous connaissons bien ce sentiment écrasant de culpabilité et de peur après avoir commis un acte – isolé ou répété – qui a définitivement brisé une relation. La Bible révèle que, si nous sommes prêts à nous détourner de notre péché, Dieu a rendu possible le pardon de tous nos péchés, aussi épouvantables soient-ils, ainsi que la restauration de notre relation avec lui.

On découvre l’origine du pardon des péchés dans le récit du jour des Expiations (jour du Grand Pardon), en Lévitique 16. Dans ce texte, nous apprenons que Dieu purifiait son peuple de la culpabilité au moyen d’une cérémonie où le sang d’un bouc était versé tandis que l’autre bouc (le bouc émissaire) était chassé au loin. Ce rituel détournait la colère de Dieu (ce qu’on appelle en théologie, la « propitiation ») et octroyait aux Juifs le privilège d’accéder à la présence de l’Éternel.

Ce récit, une fois de plus, annonce la croix. C’est là que Dieu nous a purifiés de nos péchés à travers le sang versé de Jésus et en faisant de lui notre bouc émissaire chassé au loin. En conséquence, nous avons l’immense soulagement de recevoir un pardon total ainsi que le privilège d’un accès constant à Dieu au ciel en tant que son peuple pardonné.

 

 

La justice

Lorsque quelqu’un nous accuse d’avoir mal agi, nous sommes tous très tentés de nous justifier. La Bible montre tout d’abord que nous sommes coupables de nombreux péchés. Si cela ne tenait qu’à nous, nous n’aurions aucune chance que Dieu nous déclare justes au jour de son jugement. Mais ensuite, elle révèle que Dieu a prévu le moyen de nous déclarer justes sans renier sa justice. C’est ce que l’on appelle « être justifié » par la grâce de Dieu au moyen de la foi en Jésus.

Plusieurs textes font remonter cette justification à l’Ancien Testament. Le plus magnifique d’entre eux est probablement celui du Serviteur souffrant, en Ésaïe 53. Nous y apprenons comment Dieu a prévu de nous admettre au ciel, bien que selon la loi divine, nous, son peuple, soyons coupables. Dieu réalisera cet exploit par le biais d’un serviteur innocent qui mènera une vie juste, avant d’être puni pour nos péchés. Puis il ressuscitera pour nous donner le droit d’aller au ciel grâce à la vie juste qu’il aura menée pour nous.

Là encore, ce texte renvoie à la croix. C’est là que Dieu a couronné, en Jésus, la vie parfaitement droite qui nous fait défaut à tous. Cette justice nous est « imputée », c’est-à-dire portée à notre crédit, pour nous rendre aptes à aller au ciel sans altérer la justice parfaite de Dieu.

Les chapitres suivants détailleront ces aspects magnifiques de la croix de Christ. Mais j’aimerais vous parler d’une vérité commune entre ces trois notions. Une vérité toute simple mais qui explique très bien ces formidables passages le principe de la substitution.

 

 

L’échange des places

Chacun de ces passages fait appel à une substitution dans le cadre d’un sacrifice rituel – un simple échange de places. L’agneau pascal, les boucs du jour des Expiations et le Serviteur souffrant illustrent tous l’échange qui a eu lieu lors du sacrifice de Christ. En effet, à la croix a eu lieu un échange entre Christ et son peuple. Dieu le Fils est devenu l’un d’entre nous, un homme ordinaire, afin de pouvoir échanger sa place avec la nôtre sur la croix. Là, il a été traité comme l’un de nous. Il a dû souffrir la pleine mesure de notre châtiment – les tourments, la honte et l’enfer que nous méritions – afin que nous puissions être traités comme si nous étions lui: de dignes héritiers du ciel, les saints enfants de Dieu. Tous ces passages sous-entendent un échange à la fois simple et beau. Jésus est venu échanger sa place avec nous.

Pour illustrer ce phénomène, laissez-moi vous raconter l’héroïsme extraordinaire dont a fait preuve Bill Deacon. L’histoire se passe à Bristow, dans les îles Shetland, au nord-est de l’Écosse. Bill Deacon s’occupait de l’hélitreuillage à bord d’un hélicoptère des secours en mer. En novembre 1997, un cargo, le Green Lily, s’est brisé sur des rochers au milieu d’une mer démontée. Des canots de sauvetage avaient été envoyés, mais ils ne pouvaient pas s’approcher suffisamment du navire en détresse pour sauver l’équipage prisonnier à bord. Bill Deacon a compris que le seul espoir de sauver ces hommes était de quitter l’hélicoptère pour descendre sur le navire. Une fois sur le pont, et dans des conditions terribles, il a attaché les membres de l’équipage les uns après les autres pour qu’ils soient hélitreuillés et mis à l’abri à sa place dans l’hélicoptère. Mais quand les deux derniers marins se sont retrouvés en sécurité à l’intérieur de l’appareil, une énorme vague a emporté Bill Deacon. Son corps a été retrouvé le lendemain. Il a reçu à titre posthume la médaille George pour son courage.

De même, Christ est descendu du ciel pour sauver son peuple en péril. Contrairement à Bill Deacon, Jésus ne prenait pas seulement le risque de mourir pour le bien des autres. Il savait qu’il allait perdre la vie après avoir souffert non seulement physiquement, mais aussi spirituellement. Il a vidé la coupe de la colère de son Père. C’est comme si un verre d’acide se répandait dans son âme. Mais il l’a fait pour nous offrir la liberté, le pardon et la justice dont nous avions besoin.

Pourquoi Jésus a-t-il fait une chose aussi folle? Parce qu’en dépit de tout, Jésus nous aime… passionnément! Que Dieu permette un tel sacrifice, c’est une grâce. Que Dieu pourvoie à un tel sacrifice, c’est une grâce infinie. Que Dieu devienneun tel sacrifice, c’est la grâce que nous n’aurions jamais espérée même dans nos rêves les plus fous.

Liberté, pardon et justice. Trois mots qui dévoilent la façon dont Dieu répond aux profondes blessures de notre cœur et aux grands problèmes du monde. Trois mots magnifiques qui nous inondent de joie quand nous pensons à « Christ crucifié ». Trois mots passionnants que les chapitres de ce livre vont étudier, expliquer et appliquer à notre vie d’aujourd’hui.

 

Mais il y a un quatrième mot.

 

 

Le sens

Le dernier chapitre raconte l’appel que Jésus nous adresse à suivre ses pas, en vivant, comme lui, pour le bien des autres (Marc 8). Renoncer à soi-même, se charger de sa croix et le suivre, non dans un renoncement qui ne rime à rien, mais en vue du salut des perdus. D’où notre quatrième mot: « sens ». Dans un monde en pleine crise existentielle, la croix de Christ donne du sens à nos vies et à nos Églises. Elle nous mandate pour une mission qui exige tout de nous, mais qui nous donne une raison d’être profondément satisfaisante. C’est en ce sens que nous avons été créés et recréés: pour nous charger de notre propre croix et suivre Jésus dans une vie de service, une vie où l’on fait des sacrifices pour le salut des autres.

En tant que chrétiens, nous nous efforçons d’aimer notre entourage de toutes les manières que nous ordonne la Bible. Nous nous opposons à l’injustice, aux préjugés et aux atteintes à l’environnement. Nous cherchons à soulager les victimes de la criminalité, de la pauvreté et de la traite des êtres humains. Nous luttons pour la liberté d’expression, la protection des enfants à naître et la réforme des dénominations religieuses. Mais le don le plus précieux que nous ayons à offrir aux gens de ce monde et à nos villes, c’est le message salvateur du « Christ crucifié ». C’est la puissance de Dieu pour sauver les pécheurs des horreurs de l’enfer et les transporter dans la sainteté du ciel où ils seront heureux éternellement.

 

Alors, bonne lecture! Comme nous, laissez-vous émerveiller par « Christ crucifié », « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » – en quatre mots.

 

 

NB: ce livre est le fruit d’une série de conférences données lors de REVIVE, la convention annuelle de Co-Mission, un réseau d’implantation et d’édification d’Églises à Londres. Ces Églises ont toutes une même détermination à proclamer le glorieux message du « Christ crucifié » à toutes les communautés de leur ville.

 

 

 

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