Les confessions de foi divisent ? Tant mieux !

 

Cet article a été publié pour la première fois sur le site unherautdansle.net. Plus de ressources sur le confessionnalisme ici.

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Un des arguments contre le confessionnalisme consiste à affirmer que le voeu de Christ pour son Église est l’unité (Jn 13:35 ; 1 Co 1:10). Puisque les confessions de foi érigent des murs entre les chrétiens, il est préférable de les abolir pour parvenir à l’unité. À mon sens, ce raisonnement est « de la bouillie pour les chats », pour reprendre une expression de mon ancien professeur de grec.

D’une part, il faut tôt ou tard ériger un mur de séparation afin de délimiter l’enceinte de la foi chrétienne ; autrement c’est l’universalisme. Maintenant, qui détermine l’emplacement pour l’érection du mur? Faut-il simplement croire en Jésus pour être reconnu comme chrétien? Dans ce cas, les témoins de Jéhovah ou les mormons sont-ils aussi chrétiens? Sur quelle autre base qu’une vérité confessée peut-on établir l’unité chrétienne? On ne s’en sort pas, tous les chrétiens évangéliques sont confessionnalistes ; certains minimalement, d’autres plus substantiellement, mais tous considèrent que l’unité chrétienne s’érige sur le fondement de la vérité.

Deuxièmement, les confessions de foi divisent c’est vrai, mais elles divisent pour mieux unifier. Imaginons une situation grotesque hypothétique si  l’on ne tenait compte  d’aucune confession. Je suis engagé comme pasteur, sur une base quelconque, par une Église qui pratique le baptême d’enfants. Une famille de cette Église accueille un nouvel enfant et après quelques semaines, le père et la mère m’apportent leur nouveau-né afin qu’il soit baptisé. Je leur explique que je ne le baptiserai pas puisque la Bible enseigne que pour être baptisé il faut professer la foi et que nous devrons attendre que leur enfant fasse de lui-même cette profession de foi avant d’être baptisé. Les parents m’expliquent que leur enfant est dans l’alliance de grâce puisqu’il appartient à une famille de l’alliance et qu’il doit par conséquent recevoir le signe de l’alliance: le baptême. Nous n’arrivons pas à nous entendre et décidons d’amener toute l’affaire devant l’assemblée. Comme je suis un credobaptiste aguerri, je fais une apologie persuasive devant l’assemblée et je convaincs la moitié de la congrégation de ma position. L’autre moitié demeure persuadée par la compréhension des parents. L’Église n’arrive pas à se réconcilier sur ce point et chacun refuse de céder sa conviction. La dispute s’intensifie au point où plusieurs décident de quitter l’assemblée. La moitié pédobaptiste qui reste, faisant valoir l’ancienneté de sa position, demande le départ de la moitié baptiste et réclame le bâtiment. La moitié baptiste, parce qu’elle se range derrière l’autorité du pasteur, prétend avoir la primauté. La discorde aboutie devant un tribunal qui doit déterminer à qui revient le bâtiment…

En ne tenant pas compte de la confession de foi dans l’embauche d’un pasteur, une Église s’expose à un risque élevé de division. Une confession de foi détaillée m’aurait rapidement exclu du pastorat dans une Église presbytérienne. Cependant, cette exclusion n’aurait pas détérioré l’unité chrétienne, mais l’aurait renforcée. Elle aurait permis de déterminer dans quelle mesure cette Église pouvait collaborer avec moi. Elle pouvait sans doute m’inviter à prêcher et possiblement à prêcher régulièrement, mais elle ne pouvait pas considérer sérieusement mon embauche comme pasteur. Ce n’est pas la banalisation de l’unité qui aurait empêché cette embauche, mais sa valorisation. C’est parce que nous croyons à l’unité de la foi que nous voulons définir la foi et parce que nous croyons que les articles de la foi sont trop importants pour être négligés.

Lorsque nous aimons la vérité, nous considérons qu’il est parfois préférable de se diviser sur un point plutôt que d’ignorer initialement ce point  pour s’y diviser éventuellement. Une confession de foi permet de déterminer dans quelle mesure je peux être en communion avec les autres chrétiens et ce que je peux faire avec eux. Avec un nombre assez large de chrétiens, je peux m’opposer à l’avortement; avec un nombre plus restreint, je peux participer à un culte d’adoration; avec un nombre encore plus restreint, je peux former des ouvriers et implanter des Églises. Les confessions de foi assurent le respect entre les chrétiens en évitant la confusion et les disputes engendrées par le refus de définir la foi au nom de la « charité chrétienne. » C’est justement au nom de la charité chrétienne que la foi doit être définie. Ainsi nous comprendrons ce que les autres chrétiens comprennent et nous pourrons évaluer le degré de collaboration réciproque.

 

Les confessions de foi divisent, mais dans le but de solidifier la base de l’unité et c’est tant mieux!

 

 

 

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Pascal Denault est pasteur de l’Église réformée baptiste de St-Jérôme. Il est titulaire d’une Licence (BA) et d’un Master en théologie (ThM) de la Faculté de théologie évangélique de Montréal. Pascal est l’auteur des livres Le côté obscur de la vie chrétienne (2019, Éditions Cruciforme) – Une alliance plus excellente (2016, Impact Académia) – Solas, la quintessence de la foi chrétienne (2015, Cruciforme) – The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology (2017 Revised Edition, Solid Ground Christian Books).