Est-ce que n’importe quelle foi mène au ciel?

Pour beaucoup de nos contemporains, les trois grandes religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme, Islam) adorent de façon différente le même Dieu.
C’est d’ailleurs ce qui est souvent enseigné à l’école. En effet, il est très courant que des professeurs d’histoires de collège disent aux enfants que Dieu porte un nom différent selon la religion.
Mais pour nous, en tant que chrétiens qui devons toujours être prêts à défendre notre espérance (1 Pierre 3 :15), quelle serait notre réponse ? Dieu est celui qui s’est révélé au sein de l’histoire de la rédemption.
Cette histoire, nous l’avons sous forme écrite dans la Bible. Mais qu’en est-il de notre foi ? Est-elle décrite de façon particulière au sein de cette révélation ? Si nous considérons l’histoire d’Abraham dans la Genèse, nous remarquons qu’il fut déclaré juste sur la base de sa foi (Genèse 15 :6).
Or sa foi était alors en Dieu….Dieu qui ne s’était pas encore révélé en Jésus-Christ.
Était-ce une simple foi monothéiste  ?
Paul souligne dans l’épître aux Galates que nous avons la même foi qu’Abraham. Certains théologiens pluralistes ont répondu par l’affirmative à cette dernière question et ont utilisé cet argument pour souligner que, de même que tous les chemins mènent à Rome, toutes les sortes de foi dirigées vers un Dieu unique sont équivalentes.
Mais nous allons voir que ce genre de chemin est le raccourci le plus direct pour l’enfer.

La foi est une œuvre de Dieu

Tout d’abord, il est important de souligner que l’homme naturel ne peut ni obéir ni adorer Dieu sans qu’il ne soit  sauvé par Dieu de sa propre rébellion.

Ceci peut paraître étrange pour certains, mais Paul souligne avec force en Ephésiens 2:1-2 que nous étions tous morts dans nos péchés (voir aussi 1 Corinthiens 2 :14). L’homme naturel ne peut manifester une quelconque forme de foi authentique s’il ne devient pas  vivant  en Christ. La foi est un don de Dieu (Éphésiens 2 :8).
C’est la puissance de Dieu manifestée dans la résurrection du Christ, alors communiquée par le Saint-Esprit, qui nous permet de marcher en nouveauté de Vie (Romains 6 :14).
Toutes les  formes  de la foi ne sont donc pas équivalentes (Jacques 2 :14-26). Une seule est authentique et agréable aux yeux de Dieu. Celle qui est l’expression d’un cœur régénéré et dont les affections sont dorénavant une véritable symphonie au sein de laquelle Dieu est adoré, au sein de laquelle Il est reconnu comme le Seigneur. Une foi authentique est une foi qui est le fruit de l’œuvre du Saint-Esprit dans des cœurs de pierre incapables d’adorer Dieu (2 Cor 3 &4).

La foi se manifeste au sein d’une alliance centrée sur Christ

Reprenons le cas d’Abraham. Dans l’histoire du salut d’Abraham, celui-ci ne s’est pas tourné vers Dieu de façon autonome . Il n’a pas rajouté une divinité supplémentaire à celles qu’il adorait précédemment dans la contrée d’Ur.

Non, Dieu est venu vers Abraham (alors Abram) et il lui a parlé. Dieu lui a donné un ordre auquel il ajouta une promesse. Dieu invita alors Abraham au sein d’une alliance, une alliance dont la portée toucherait, et même fonderait, sa descendance. Dieu est celui qui est venu à Abraham pour se révéler et être l’architecte de sa descendance.
Ainsi la foi d’Abraham n’est pas une simple  foi  monothéiste, mais elle est une  réponse à un appel particulier de Dieu vers une de ses créatures qu’il a choisie de bénir au sein d’une alliance.
La particularité d’une telle action divine nous empêche d’en faire une généralité. Paul nous donne un éclairage encore plus profond sur ce type de foi. En effet, nous lisons en Rom 4:18-22 :

​Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu’il devint père d’un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit: Telle sera ta postérité. Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu’il avait près de cent ans, et que Sara n’était plus en état d’avoir des enfants. ​Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu’il promet il peut aussi l’accomplir. ​C’est pourquoi cela lui fut imputé à justice. 

Tout d’abord, comme nous l’avons déjà dit, c’est la parole  donnée à celui que Dieu appelle qui devient  verbum efficax (parole efficace) et qui suscite la foi.

Cette foi possède en son centre le Dieu de l’Alliance, et c’est celle-ci qui est comptée à  justice. Sa foi est la conséquence de l’appel divin, non le contraire. Mark Seifried commente ce passage de Paul en soulignant que :

L’appel du créateur est ainsi ultime pour Paul. (…) La foi d’Abraham était uniquement la résultante efficace de la promesse divine qui exécutait son œuvre [en lui].Cela a jailli de la parole de celui qui crée ex-nihilo, au-delà et en dehors de tout calcul ou contribution humaine… Paul ne décrit pas simplement Abraham comme un acteur, mais fondamentalement comme celui sur qui la parole de la promesse de Dieu agit : “…mais fortifié par la foi, il ne douta point.” (1)

De plus cette foi n’est pas une coquille vide tournée vers un Dieu lointain. Elle possède un contenu profondément lié au Dieu qui fait la promesse et à la promesse en tant que telle.

Cette foi espère contre toute espérance que la promesse de la descendance sera accomplie, elle donne gloire à Dieu et croit que Dieu accomplira sa promesse.
Cette foi est une réelle attitude d’adoration caractérisée par une pleine confiance en la bonne nouvelle annoncée, à cet évangile (2) alors reçu (nous pouvons noter que c’est l’attitude inverse notée en Romains 1:18-26). Paul souligne clairement cette caractéristique centrée sur la parole annoncée, alors bonne nouvelle, lorsqu’il dit en Galates 3:8 :

Aussi l’Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham: Toutes les nations seront bénies en toi ! (voir aussi Hébreux 4:2)

Or Christ est  la  descendance, il est celui qui a été promis (Gal 3 :16). Il est  la descendance, car c’est en Lui  qu’est régénéré et formé un peuple d’hommes et de femmes qui étaient morts dans leurs péchés (Galates 3 :29). Ces hommes et ces femmes sont rendus vivants par le Saint-Esprit.

Ils reçoivent la promesse du Saint-Esprit (Galates 3: 14). Leur foi est tournée vers le seul vrai Dieu qui a conclu une alliance avec son Eglise par le sang de Jésus-Christ, dans sa mort sur la croix. (3) C’est aussi une foi centrée sur Jésus-Christ, qui le reconnait comme celui en qui la promesse de la descendance est accomplie par le biais de sa mort et de sa résurrection. C’est Christ qui a été livré pour nos offenses et qui a été ressuscité pour notre justification (Rom 4:25).
Le fait que la foi chrétienne, telle qu’elle est définie par la Bible, soit centrée sur le Christ et s’intègre au sein d’une alliance dont Dieu seul est l’initiateur souligne que la seule vraie foi est celle dont Dieu est à la fois l’auteur, le catalyseur, la substance et la finalité. Seule cette foi est authentique aux yeux de Dieu.
Tout autre type de foi ne sera qu’un sentiment religieux, alors expression d’un désir idolâtre mensonger au sein duquel la créature est adorée et non le Créateur (Rom 1:18-25).

La foi authentique est en un Dieu qui est trinitaire

Notre foi est certes vers un Dieu unique. Mais Dieu est trinitaire. Toute foi qui se dirigerait aujourd’hui vers un dieu non trinitaire ne sera qu’un sentiment religieux offert à une idole d’origine humaine. Dieu s’est révélé de façon finale dans son incarnation en la personne de Jésus-Christ.

Et comme nous l’avons déjà dit, une foi authentique centrée sur Dieu se tournera nécessairement aussi vers Jésus-Christ, Lui qui est le Logos éternel (Jean 1 :1), le Fils qui est dans le sein du Père (Jean 1:18).
Dieu s’est aussi manifesté en la personne du Saint-Esprit. Il est celui qui donne cette vie nouvelle à chacun des croyants tout comme il ressuscita Jésus-Christ d’entre les morts (Rom 8 :9-11). Dieu existe éternellement en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et Chacune de ces personnes est pleinement Dieu, et il y a un seul Dieu. (4)
La foi qui  sauve est donc aussi particulière dans le fait que le Dieu vers lequel elle se porte est trinitaire. Elle le contemple avec révérence au sein de l’histoire de la rédemption.
Nous retrouvons des signes de la nécessité d’une foi en un Dieu trinitaire, par exemple, dans le reproche que Christ adresse aux pharisiens lorsqu’il leur dit : Si vous ne croyez pas que Moi, je suis, alors vous mourrez dans vos péchés. (Jean 8 :24),
Ainsi, toutes les formes de foi ne se valent pas. Une foi ne sera authentique (6) que si son origine, sa substance et sa finalité le sont. Son origine ne sera authentique que si elle se trouve en Dieu lui-même. C’est-à-dire qu’elle est une réponse au Dieu trinitaire qui s’est pleinement révélé au sein de l’histoire de la rédemption dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ.
Notre foi est une réponse  à l’annonce de l’évangile (1 Pierre 1:22-23). Sa substance se définit par la promesse de salut pleinement accompli en Jésus-Christ.
La foi se repose dans la suffisance de Christ, de son œuvre de rédemption accomplie dans sa vie et sa mort. Mais aussi dans la perfection de sa justice qui fut scellée par Dieu le Père lorsqu’il le ressuscita d’entre les morts.
La foi est ainsi une vraie confiance centrée sur le Christ dont le Saint-Esprit en est la cause première et dont il en assure la pérennité. Et enfin,  la foi ne sera authentique que  si  sa finalité est doxologique. C’est-à-dire que sa raison d’être  est que Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit soit le seul glorifié et non la créature.
Et ceci, tout comme Abraham qui, fortifié par la foi, donnait gloire au Dieu de l’alliance. Cette foi authentique est le fruit de l’œuvre puissante de Dieu au sein de la nouvelle alliance qu’il a scellée pour son peuple par la médiation de Jésus-Christ.
Seule cette foi, fruit du Saint-Esprit, centrée sur Jésus-Christ et à la gloire de Dieu sera effectivement en accord avec la réalité du Dieu créateur de l’univers.
DS

Notes et références :

(1) Mark Seifrid, Paul’s Use of Righteousness Language against its hellenistic background, in D. Carson, P. O’Brien, M. Seifrid, Justification and Variegated Nomism, Baker, 2004, pp. 61-62.
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(2) Le terme évangile en grec signifie “bonne nouvelle”. 
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(3) Voir par exemple la description faite de Christ comme  médiateur de cette nouvelle alliance en Hébreux 10. 
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(4) W. Grudem, Théologie Systématique, Excelsis, 2007, p.230.
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(5) Bien sûr le terme « authentique » ne signifie pas « sincère » mais authentique suivant les critères de la Bible.





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