Quelle confession de foi pour baser notre théologie systématique ?

Ayant déjà expliqué pourquoi je présenterai une théologie systématique à partir d’une confession de foi, voici maintenant trois raisons fondamentales pour lesquelles je le ferai à partir de la Deuxième confession de foi baptiste de Londres de 1689.

(1) Parce qu’il s’agit d’une confession de foi catholique.

(2) Parce qu’il s’agit d’une confession de foi réformée.

(3) Parce qu’il s’agit d’une confession de foi baptiste. Ceux qui confessent la foi contenue dans ce document sont donc des chrétiens qui s’identifient au protestantisme, plus spécifiquement à la pensée réformée et qui pratiquent le baptême de croyants seulement.

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Documents historiques de référence

1- Une confession de foi catholique

Bien entendu j’utilise ici le mot catholique dans le sens d’universel et non dans le sens de catholique romain. Il y a certaines doctrines fondamentales à la foi chrétienne et qui sont universellement confessées par les chrétiens. Ces doctrines concernent particulièrement la personne du Christ et Dieu lui-même. Les premiers credo et symboles de foi : Nicée 325, Constantinople 381, Éphèse 431 et Chalcédoine 451 traitent tous de la doctrine de Dieu et de la personne du Christ.

Ceux qui rejettent ces confessions ne sont généralement pas considérés comme appartenant au christianisme. C’est pourquoi malgré leurs divergences importantes, généralement les catholiques romains et les protestants évangéliques se reconnaissent mutuellement comme faisant partie de la famille chrétienne au sens large. Cependant, les groupes dissidents qui rejettent l’orthodoxie des premiers conciles, comme les témoins de Jéhovah qui confessent néanmoins plusieurs points de la foi biblique, ne sont généralement pas reconnus comme faisant partie du christianisme historique puisqu’ils en rejettent les fondements.

La Confession de foi de 1689 s’inscrit entièrement dans l’orthodoxie chrétienne universelle. La théologie des premiers conciles œcuméniques y est manifeste. Les baptistes n’étaient pas un groupe sectaire comme les sociniens ou d’autres groupes qui étaient en rupture complète avec les grandes Églises historiques.

Le baptisme du 17e siècle était en continuité de la foi chrétienne universelle représentée par les Églises principales de son temps (catholique, anglicane, luthérienne et réformée). Les chrétiens baptistes ont voulu s’identifier le plus possible comme étant en communion avec la foi catholique tout en affirmant leur identité confessionnelle propre, comme nous le verrons.

 

2- Une confession de foi réformée

La Réforme protestante n’avait pas pour but de diviser l’Église, mais de la réformer en revenant à des doctrines et des pratiques bibliques. Après un peu plus d’un siècle depuis le début de la Réforme, les théologiens protestants consolidèrent les assises de la foi chrétienne réformée pendant les dix années que dura l’Assemblée de Westminster (1643-1653). Les 121 théologiens réunis produisirent un document magistral : la Confession de foi de Westminster (1646). Celle-ci est en quelque sorte le fruit mûr de la pensée réformée.

Contrairement aux premiers symboles de foi qui ne traitent que d’une doctrine en particulier, la Confession de foi de Westminster tente d’exprimer tout le corpus doctrinal qui doit être confessé par les chrétiens. En plus d’y retrouver l’orthodoxie catholique, elle met de l’avant les standards de l’orthodoxie réformée. Les distinctions réformées sont formulées particulièrement dans la doctrine des saintes Écritures et dans toutes les doctrines touchant au salut. Nous retrouvons dans cette confession l’un des meilleurs résumés de la foi évangélique du salut par la grâce seule au moyen de la foi seule.

La Confession de foi de Westminster, à beaucoup d’endroits, met de l’avant une théologie distinctement presbytérienne. Certains groupes qui ne partageaient pas exactement ces convictions reconnurent néanmoins la qualité exceptionnelle de ce document et l’utilisèrent comme patron pour rédiger leur propre confession de foi.

Ce fut le cas des congrégationalistes qui produisirent la Déclaration de Savoie (1658) à partir de la Confession de Westminster et aussi des baptistes qui utilisèrent à leur tour ces deux documents (Savoie et Westminster) pour produire la Deuxième Confession de foi baptiste de Londres, communément appelée la 1689.

 

3- Une confession de foi baptiste

La Deuxième confession de foi baptiste de Londres n’a pas été publiée en 1689, mais en 1677. La date de 1689 correspond à l’Acte de tolérance du roi Guillaume III qui renversa l’Acte d’uniformité de 1662 du roi Charles II.

L’acte de tolérance permit aux Églises baptistes d’Angleterre de convoquer leur première assemblée générale à Londres lors de laquelle ils adoptèrent cette confession rédigée 12 ans plus tôt.

Ce document avait été rédigé dans un contexte où les baptistes étaient persécutés ; elle visait un double but : (1) s’identifier avec l’œcuménisme protestant, en particulier avec les puritains non-conformistes qui étaient également persécutés. (2) Affirmer de manière plus substantielle la saine doctrine enseignée au sein des Églises baptistes.

La Première confession de foi baptiste de Londres de 1644 représentait un standard tout à fait orthodoxe, mais beaucoup moins élaboré ; d’où le besoin d’une nouvelle confession de foi pour contrer certains faux enseignements qui circulaient. De plus, par cette confession les baptistes calvinistes voulaient se distinguer des baptistes généraux avec lesquels ils risquaient d’être confondus. Les baptistes généraux étaient arminiens et ne souscrivaient pas à la pensée réformée ; tandis que les baptistes qui adoptèrent la confession que nous étudierons étaient des calvinistes et voulaient être considérés comme appartenant à la famille réformée.

On peut cependant observer aisément les particularités de la théologie baptiste en voyant comment la confession de foi des presbytériens fut adaptée par les théologiens baptistes. (Sous ce lien, retrouvez une présentation juxtaposée de la Confession de foi de Westminster, de la Déclaration de Savoie et de la Confession de 1689 avec un code de couleur pour identifier les distinctions propres.)

La distinction baptiste la plus évidente concerne le baptême : les baptistes rejetèrent le pédobaptême pour affirmer à sa place le credobaptême. Cependant ce n’est pas le baptême lui-même qui est la différence la plus fondamentale du baptisme, mais l’ecclésiologie de laquelle il procède. Autrement dit, si les baptistes rejetèrent le baptême d’enfants c’est parce qu’ils rejetèrent la conception presbytérienne de l’Église.

Les presbytériens concevaient l’Église dans une structure nationale et l’envisageaient comme étant composée à la fois de membres régénérés et non-régénérés. Les baptistes, quant à eux, étaient convaincus que la structure biblique de l’Église devait être congrégationaliste et sa membriété composée de croyants régénérés seulement. Conséquemment, le baptême ne devrait être administré que sur la base d’une profession de foi crédible.

La Deuxième confession de foi baptiste de Londres de 1689 compte 32 chapitres qui couvrent tous les sujets que l’on retrouve généralement dans un ouvrage de théologie systématique.

 

Ces chapitres ne sont pas présentés dans un ordre aléatoire, mais ils suivent une organisation théologique que nous pouvons présenter de la manière suivante :

 

A. LA DOCTRINE DE DIEU (chap. 1-5)

  1. La révélation de Dieu (chap. 1)
  2. Dieu (chap. 2-3)
    • Sa nature (chap. 2)
    • Ses décrets (chap. 3)
  3. Les œuvres de Dieu (chap. 4-5)
    • La création (chap. 4)
    • La providence (chap. 5)

B. L’ALLIANCE DE DIEU AVEC L’HOMME (chap. 6-8)

  1. L’alliance des œuvres et sa transgression (chap. 6)
  2. L’alliance de grâce (chap. 7)
  3. Le Médiateur de l’alliance (chap. 8)

C. LA DOCTRINE DU SALUT (chap. 9-20)

  1. La nécessité d’une œuvre de grâce (libre arbitre) (chap. 9)
  2. L’œuvre de Dieu (chap. 10-13)
    • L’appel efficace (chap. 10)
    • La justification (chap. 11)
    • L’adoption (chap. 12)
    • La sanctification (chap. 13)
  3. La réponse de l’homme à l’œuvre de Dieu (chap. 14-20)
    • La foi (chap. 14)
    • La repentance (chap. 15)
    • Les bonnes œuvres (chap. 16)
    • La persévérance (chap. 17)
    • L’assurance du salut (chap. 18)
    • L’utilité de la Loi (chap. 19)
    • La nécessité de l’Évangile (chap. 20)

D. LA LIBERTÉ CHRÉTIENNE EST LES INSTITUTIONS DIVINES (chap. 21-30)

  1. La liberté chrétienne (chap. 21-23)
    • La liberté de conscience (chap. 21)
    • Le culte (chap. 22)
    • Les serments (chap. 23)
  2. Les institutions divines (chap. 24-30)
    • Les autorités civiles (chap. 24)
    • Le mariage (chap. 25)
    • L’Église (chap. 26)
      • La communion des saints (chap. 27)
      • Les ordonnances (Baptême et Repas du Seigneur) (chap. 28-30)

E. LA DOCTRINE DES CHOSES DERNIÈRES (chap. 31-32)

  1. L’eschatologie personnelle (chap. 31)
  2. L’eschatologie cosmologique (chap. 32)

 

Pour suivre ces études théologiques, procurez-vous gratuitement une copie PDF de la Confession de 1689, ou consultez-la sur Facebook. Pour les lecteurs qui désirent explorer davantage la question du confessionnalisme et en savoir plus sur le contexte historique et théologique de cette confession, veuillez consulter cette introduction qui est plus élaborée.

 

 

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Pascal Denault est pasteur de l’Église réformée baptiste de St-Jérôme. Il est titulaire d’une Licence (BA) et d’un Master en théologie (ThM) de la Faculté de théologie évangélique de Montréal. Pascal est l’auteur des livres Le côté obscur de la vie chrétienne (2019, Éditions Cruciforme) – Une alliance plus excellente (2016, Impact Académia) – Solas, la quintessence de la foi chrétienne (2015, Cruciforme) – The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology (2017 Revised Edition, Solid Ground Christian Books).