Adorer un veau d’or le dimanche matin est étonnement facile

Article de Jared C. Wilson publié sur For the Church, le blog de la faculté Midwestern. Traduction : Dahlia Faltas.

**

 

Chaque péché constitue une forme d’idolâtrie car il s’agit là de l’expression d’une confiance placée en quelque chose ou en quelqu’un autre que le seul et unique vrai Dieu. Il n’est pas difficile de voir comment le deuxième commandement peut être violé. À vrai dire, transgresser n’importe lequel des dix commandements revient toujours à transgresser le premier. Cette réalité révèle que la bataille la plus enflammée du « combat de l’adoration » prend place quotidiennement dans le sanctuaire de notre propre cœur. Et ce combat doit impérativement être mené car nous sommes tous concernés par l’adoration idolâtre.

Esaïe 44.12-17 décrit de façon puissante et particulièrement éclairante la facilité avec laquelle nous pouvons tomber dans l’idolâtrie. Nous y lisons que les forgerons travaillent les métaux avec leurs outils et les façonnent avec leurs marteaux. Les charpentiers prennent les mesures. Les artistes donnent une belle apparence aux tracés et aux sculptures. Les hommes coupent des arbres pour construire des maisons et en plantent d’autres pour les remplacer. Ils font du feu, fabriquent du pain. Puis ils contemplent ce qu’il ont fait et disent : « Regardez ce que nous avons créé ! ».

La transition se fait sans accroc entre la vie quotidienne, la vie au travail et « il en fait un dieu, qu’il adore, il en fait une idole, devant laquelle il se prosterne » (v.15). Du même feu dont il se sert pour cuire et réchauffer, l’ouvrier s’écrie : « Sauve-moi ! Car tu es mon dieu ! » (v.17) La transition subtile de l’activité humaine ordinaire au blasphème ne requiert aucune explication. Elle se produit, et c’est tout. Esaïe 11.12-17 démontre qu’il n’y a qu’une seule marche à franchir pour devenir un idolâtre : celle de s’adonner à son travail.

 

L’implication pour nos églises est considérable. Le dimanche, nos Églises sont pleines de personnes qui veulent adorer Dieu, et pas une seule d’entre elles n’y entre en étant absolument neutre. Nous ne devons donc pas considérer comme acquis que, dans nos environnements religieux, c’est le Christ exalté qui y est adoré.

Chaque weekend dans les Églises du monde entier, la musique y est interprétée à la gloire des talents de l’homme et de l’art. J’ai un jour assisté à un culte où l’assemblée était conduite à chanter : « Je peux transformer le monde avec ces deux mains ». La question m’est venue comme l’éclair : « Mais qui suis-je donc en train d’adorer en ce moment ? » De la même manière, chaque weekend, des hommes et des femmes se pressent dans les locaux de l’Église pour s’enorgueillir des qualités rhétoriques de leur prédicateur, pour l’admirer, et pour considérer leur Église comme la sienne et non comme celle de Christ. Beaucoup d’entre nous font la queue chaque dimanche dans ce but. Nous adorons l’expérience de l’adoration ; nous offrons notre dîme dans l’espoir d’un retour sur investissement de la « machine à sous du ciel » ; nous nous habillons pour impressionner ; et nous servons et prenons des responsabilité dans l’Eglise pour compenser les insuffisances de nos cœurs que seul Christ peut combler.

Chaque weekend, des centaines de prédicateurs prônent une sorte d’évangile thérapeutique complètement édulcoré à partir de la Bible même où se trouve le véritable Évangile. Nous autres, croyants de tendance réformée, ne faisons pas exception, car trop souvent nous déversons nos affections entières dans la doctrine et n’offrons qu’une vague admiration à celui qui en est l’Auteur.

Une Église devient idolâtre en une fraction de seconde. Pourquoi ? Parce que l’idolâtrie s’y trouve déjà. Nous ne pouvons donc pas mettre notre adoration sur en mode ‘pilotage automatique’. Nous ne pouvons pas nous permettre de confondre l’apparence de la religion (parlons plutôt de religiosité) avec l’adoration en esprit et en vérité. En Exode 32.5, nous lisons que même ceux qui adoraient le veau d’or ont attribué leur adoration au Dieu d’alliance, à Yahvé.

L’impératif de l’Evangile consiste donc de revenir encore et encore à ce que l’Evangile commande. Notre premier devoir est d’obéir à l’Évangile (Rm 10.16 ; 2 Th 1.8 ; 1 Pi 4.17), ce qui signifie se tenir à l’écoute du Christ. Nos cœurs et nos esprits tombent souvent dans l’ornière de l’idolâtrie mais la proclamation intentionnelle de Jésus nous forcera à nous écarter de notre voie idolâtre. Martin Luther donne le conseil suivant :

« Je dois suivre le conseil de l’Évangile. Je dois écouter l’Évangile, qui m’enseigne, non pas ce que je dois faire (car c’est le rôle de la loi), mais ce que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, a fait pour moi, à savoir qu’il a souffert et est mort pour me délivrer du péché et de la mort. L’Évangile me commande de recevoir cela et d’y croire. C’est là la vérité de l’Évangile. C’est aussi le cœur de toute la doctrine chrétienne, dans laquelle se fonde la connaissance de toute piété. Le plus important est donc que nous connaissions bien cette doctrine, que nous l’enseignions aux autres, et que nous le leur rabâchions continuellement. »

 

Tim Keller développe : « Luther dit ainsi que même une fois converti par l’Évangile, votre cœur continuera de se soumettre à d’autres principes à moins que vous ne vous reprogrammiez sans cesse délibérément en mode ‘Évangile’ ».

La proclamation de la bonne nouvelle de Jésus et la louange de ses excellences éternelles est toujours interrompue, perturbée. Elle seule apportera l’épée de division entre le lieu-même où nos cœurs religieux se trouvent et celui où ils devraient être. C’est pourquoi nous ne pouvons plus nous occuper de nos propres affaires. Nous devons nous occuper de celles de Dieu (Col 3.14).

 

 

Ces ressources pourraient vous intéresser :

 

 

Abonnez-vous au Bon Combat

Recevez tous nos nouveaux articles directement sur votre boîte mail ! Garanti sans spam.

Réflexions et ressources d'édification centrées sur Dieu