Tim Chester sur la séparation grandissante entre le christianisme et notre culture

Cet article, extrait du livre de Tim Chester et Steve Timmis récemment publié en Français chez les Editions Clé, L’Eglise au quotidien, met le doigt sur une réalité nouvelle pour l’Eglise : sa vision du monde n’est plus partagée par la majeure partie de ses contemporains…

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Nous ne pouvons plus partir du principe que la culture dans son ensemble correspond à celle de l’Église ou que les gens partagent notre point de vue. Dans leur grande majorité, les gens ne croient ni en un Dieu personnel ni qu’il n’y a qu’une vraie religion. Les gens sont bibliquement illettrés. Quand nous parlons de culpabilité, de foi, de religion ou même de Dieu, rien ne nous assure qu’ils comprennent de quoi il s’agit. Pour Randy Newman, la trame de l’Évangile était autrefois beaucoup plus plausible qu’elle ne l’est aujourd’hui. Impossible, à notre époque, de parler de Jésus et de croire que les gens le situent dans un ensemble création-chute-rédemption-espérance. Tout doit être explicité.

Stuart Murray raconte :

Dans une école londonienne, un adolescent n’ayant jamais eu de rapport avec la religion, entend l’histoire de Noël pour la première fois. Son enseignante raconte si bien qu’il est fasciné par cette histoire extraordinaire. Prenant le risque de se faire railler par ses camarades, il va la remercier à la fin du cours. Quelque chose l’ayant perturbé, il demande : « Pourquoi ont-ils donné une insulte comme nom au bébé ? »

Un dimanche, un homme se rend dans une église d’Oxford pour collecter quelque chose pour sa compagne qui travaille sur un projet artistique autour des églises. Au moment où il arrive, l’assemblée quitte les lieux et il voit le pasteur, qu’il connaît par ailleurs. Surpris, il demande : « Qu’est-ce que ces gens font ici ? Je ne savais pas que les églises ouvraient le dimanche ! » [1]

 

Ces cas, même s’ils sont extrêmes, illustrent la séparation grandissante entre le christianisme et notre culture. L’historien Callum Brown dit :

Ce qui se passe n’est pas seulement la poursuite du déclin d’un christianisme institutionnalisé, c’est la mort de la culture qui a autrefois donné une identité chrétienne à tout le peuple britannique. Si une identité commune surnage chez ce peuple, elle n’est certainement plus chrétienne. La culture du christianisme s’est dissoute dans la Grande-Bretagne du nouveau millénaire. [2]

 

Par exemple, dans notre environnement britannique urbain, beaucoup de gens sont un mélange bizarre de matérialisme et de pluralisme. Ils ont grandi sans contact significatif avec l’Église mais ils cohabitent maintenant avec de nombreux musulmans. Ils pensent des religions ce que nous croyons des diverses dénominations : il y a bien des différences mais nous sommes fondamentalement pareils. J’ai (Tim Chester) eu de nombreux échanges lors desquels je parlais de foi en Jésus tandis que mes amis répondaient « être croyant ». Ils pensent que nous leur demandons d’être religieux, non en termes d’activités ou de morale basée sur des lois, mais dans un sens plus général de vague sensibilité spirituelle qu’ils sont libres d’adapter à leur guise selon leurs besoins. Demander simplement aux gens de croire que Christ est leur Sauveur n’a aucun sens. Ils ne savent pas qui il est, ce qu’est la foi, pourquoi ils ont besoin d’être sauvés ou de quoi ils doivent être sauvés. Ils prennent sans doute cela pour un appel à l’amour du prochain et à la prière privée.

Selon Tim Keller,

Autrefois, beaucoup de nos voisins avaient l’occasion d’entendre des prédications chrétiennes traditionnelles même s’ils y répondaient par l’opposition ou l’indifférence. Mais ces quinze dernières années, notre message s’est heurté à une incompréhension stupéfaite ou à l’indignation. Une génération en arrière, les adultes américains avaient encore l’intuition morale qu’ils étaient des croyants nés de nouveau, des pratiquants, des chrétiens de nom ou des non-croyants. Ce n’est plus le cas. [3]

 

Il est aujourd’hui courant d’affirmer que l’occident est une terre de mission. Mais le fossé entre le discours et la réalité de nos actes est profond. Une de ses dimensions est la façon dont nous voulons ou non tirer la leçon de l’expérience de la mission et de l’Église autour du monde. Si nous croyions vraiment que nous sommes sur une terre de mission, nous nous attacherions tous à étudier les livres écrits par les chrétiens du tiers-monde et les missionnaires interculturels.

 

– Tim Chester, Steve Timmis L’Eglise au quotidien, Éditions Clé, 79-84 (ebook)

 

 

 

 

 

 

Notes et références :

[1] Stuart Murray, Post-Christendom: Church and Mission in a Strange New World, Paternoster, 2004, p. 1.

[2] Callum Brown, The Death of Christian Britain, Routledge, 2000, p. 193, 198.

[3] Timothy Keller, « Late Modern or Post-modern? » The Gospel coalition, consulté le 5 septembre 2019 ici.

 

 

 

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