Réussite…vous avez dit réussite ? (Psaume 1)

(1) Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants,
Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs,
Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs,

(2) Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, Et qui la médite jour et nuit!

(3) Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau,
Qui donne son fruit en sa saison,
Et dont le feuillage ne se flétrit point: Tout ce qu’il fait lui réussit.

(4) Il n’en est pas ainsi des méchants: Ils sont comme la paille que le vent dissipe.

(5) C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement,
Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes;

(6) Car l’Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine.

– Psaume 1

 

La quête de la joie est une chose importante dans la vie de l’homme. Elle est le témoignage de notre appréciation envers quelque chose que nous considérons comme important pour notre épanouissement. Mais ce sentiment de  joie  en tant que tel ne constitue pas le témoin infaillible d’une saine plénitude qu’aurait atteint notre cœur. Nous devons bien saisir que la valeur et l’authenticité de notre joie sera dépendante de la valeur de la chose en laquelle nous tirons notre joie. C’est une chose que le psalmiste avait bien comprise.

Dans le psaume 1, l’homme qui est  juste et droit dans sa marche y est décrit comme  heureux (terme qui peut être aussi compris comme  béni ) et comme trouvant son plaisir  en la loi de Dieu. L’homme qui est heureux est celui qui marche, s’arrête et s’assied au cours de sa vie avec droiture et justice. P. Craigie souligne avec justesse dans son commentaire que l’état de  joie  ou de bénédiction ne doit pas être compris comme un salaire , mais il est le résultat d’un type de vie particulière. Et c’est effectivement ce que souligne le premier verset. L’homme qui ne marche pas d’un même pas avec les pêcheurs est heureux, il expérimente une marche heureuse et bénie.

Mais d’où vient alors cette joie au sein de sa marche. Sa joie n’est pas en vue d’une récompense. Sa joie est en fait enracinée dans le réel et profond plaisir qu’il a dans la Loi de Dieu (v2). Cet homme qui est heureux est celui qui abreuve les soupirs de son cœur par la source éclatante et satisfaisante de la Parole de Dieu. Il sait qu’aucune autre source ne sera aussi satisfaisante et désaltérante. Il se trouve effectivement dans une situation semblable à celui d’un arbre planté près d’un courant d’eau qui porte son fruit en sa saison et dont le feuillage ne flétrit point.

Le psalmiste va jusqu’à dire que tout ce qu’il fait lui réussit ! Cette phrase m’a pour un temps posé beaucoup de problèmes. David serait-il un adepte de l’évangile de prospérité ? Est-ce que ma réussite  serait fonction de ma  piété  ? Pourtant le psalmiste à dit une chose au verset 1 qui aurait dû m’éviter de penser de la sorte : Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants. Mon malaise se trouvait là : Il me fallait remettre en question ma définition du terme  réussite. En effet, est-ce que nous devons définir ce terme selon les critères de ce monde ? Selon le conseil des méchants ? Car c’est bien à ce niveau que se joue la juste compréhension de ce verset. Nous devons posséder une définition biblique du terme  réussite  pour ensuite avoir une juste appropriation de ce verset. Prenons par exemple le cas de Jean le baptiste. Son lieu de résidence : Le désert. Ses habits : Tunique 100% peau d’animal. Sa nourriture : Du miel et des insectes. Sa réputation : Celui qui crie dans le désert. La conclusion de sa vie : Sa tête coupée et déposée sur un plateau à cause d’un caprice d’adolescente.

Et pourtant….Jésus l’avait en grande estime et il dira de lui que parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’y en a point de plus grand que lui (Luc 7 :28). Jésus faisait clairement un lien entre la valeur de la personne et l’importance de son ministère (voir Luc 7 :28b). Il est celui qui a préparé le chemin de l’Eternel…le chemin de Dieu qui s’est incarné en la personne de Jésus-Christ. Alors, au niveau de la notion de réussite, c’est vraiment pas mal ! Nous observons la même chose dans la vie de Jésus (qui n’avait pas un endroit pour poser sa tête), de Paul (qui connut à de multiples reprises la disette et la maladie) et de ces héros de la foi qui sont décrits dans la seconde partie du chapitre 11 de l’épitre aux hébreux. Ainsi, la définition biblique du terme  réussite  se situe clairement à un niveau différent de celle proposée par notre culture.

La réussite dont parle le psalmiste est la réussite de cet homme qui a su satisfaire son cœur avec la manne de la Parole de Dieu et qui dirige ainsi sa vie en accord avec les préceptes et les directives qu’il a reçus de Dieu au travers de celle-ci. Sa vie est ainsi heureuse, car il met un point d’honneur à ne se satisfaire qu’en Dieu seul et ainsi il trouve sa joie dans une marche où tout ce qu’il pense, fait et désire résonne avec cette Parole. Il est heureux car il trouve son plaisir dans une source inaltérable : Dieu lui-même, l’auteur de cette parole qu’il serre contre son cœur. Il est heureux, car c’est dans cette marche que Dieu le bénit et le conduit dans la réussite…la réussite selon le cœur et le plan de Dieu.

Cette réussite pourrait alors se définir comme le fait d’atteindre à sa complétude, au travers de dons reçus de la part de Dieu, l’œuvre et la vocation que Dieu a fixées pour nous. Ceci se traduit donc par une réussite doxologique : une réussite qui témoigne de la valeur inégalable de Dieu. La vocation de l’arbre est de porter du fruit, et la beauté de son feuillage décrit l’excellence de sa nourriture. Le descriptif de la  réussite de cet arbre est dictée par le but pour lequel Dieu l’a effectivement placé près de ce courant d’eau. Nous trouvons une confirmation de cette vision de la réussite à  contre sens  de celle du monde dans le psaume 73 :1-11, ou encore Luc 6 :24-26 ou 12 :20. Ce verset ne nous promet dons pas guérison, prospérité ou un bonheur  made in Disneyworld .

De plus cette réussite est aussi caractérisée par la  protection  du Seigneur. Le verset 6 souligne que Dieu  connait  la voie du juste. Ce type de connaissance est à comprendre en contraste avec la ruine qui caractérise l’aboutissement de la voie des méchants. Cette réussite est réussite car elle se fait dans une voie connue  de Dieu. Ce verset souligne le caractère personnel  qui relie l’homme droit à son Créateur. Ce lien est avant tout à comprendre au sein d’une  alliance  qui unie cet homme droit à son Créateur. En effet, cette alliance est en quelque sorte verbalisée  par cette Loi  de Dieu donnée par Dieu et qui est expression de la sainte condescendance qu’il a manifestée à l’égard de Sa créature.

Dieu s’est approché de nous. Il nous a parlé et nous a instruit sur ce qui est juste et saint. Néanmoins nous sommes morts dans nos péchés. Et pour que nous devenions cet homme (cette femme) qui ne marche plus selon le conseil des méchants, il a fallu qu’un Homme juste et droit meure à la suite des coups et des blessures d’hommes méchants. Il était cet arbre beau et fleurissant, pur et sans tâche. Un arbre profondément ancré dans la loi de Dieu, dans la Loi de son Père. Il ne prenait plaisir que dans le fait d’accomplir la parole de son Père. Mais il a été coupé  de la terre des vivants pour son peuple, il est devenu un objet de dérision et de malédiction pour que la condamnation soit écartée de son peuple. Et c’est  en lui  que nous pouvons alors être  heureux  en ne marchant plus selon le conseil des méchants et que nous pouvons alors prendre plaisir dans sa loi qui était auparavant pour nous inacceptable et ennuyante.

L’homme qui a su trouver son plaisir en la parole de Dieu, et dont la sainte marche est heureuse (il prend plaisir  à ce qu’il fait, car il place sa joie ultime à réjouir son Père céleste !), est un homme qui a sa place au sein de l’assemblée des justes et qui marche sous le regard bienveillant de son Créateur. Les œuvres qu’il pratique passent au test du creuset du Seigneur car elles sont les œuvres que Dieu avait préparées d’avance pour lui. Cet homme résiste au jour du jugement car la justice dont il est revêtu est celle du Christ, et les œuvres qu’il a pratiquées sont des témoignages de grâce de l’œuvre puissant du Saint-Esprit dans sa vie (Philippiens 3 :8-11).

Pour terminer, il est intéressant de noter que le psalmiste intègre à la fin de cette partie une vision communautaire. Alors qu’il parlait de l’homme juste au singulier, il finit en parlant de l’assemblée des justes. Nous ne sommes pas seuls ! Ce plaisir dont il parle n’est pas un désir qui tend vers une forme d’individualisme. Mais c’est une marche heureuse qui s’articule avec les autres membres du corps qui constituent l’église. C’est une joie et un plaisir partagés avec les frères et sœurs de l’église. Une joie et un plaisir partagés car fondés sur le même Dieu Père, Fils et Saint-Esprit et la même Bible. Dieu connait  et protège  l’ensemble de son peuple.

(DS)

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