Pas assez de preuves de l’existence de Jésus ?

 

Cet article de Yannick Imbert a été publié dans le n°173 de la revue Croire et Vivre. Yannick est professeur à la Faculté Jean Calvin, il enseignera notre tout premier cours #Transmettre d’épistémologie en février prochain. Plus d’infos ici ou ci-dessous !

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Un jour, on a demandé au grand philosophe britannique, Bertrand Russell, ce qu’il dirait à Dieu s’il le rencontrait. Celui-ci répondit : « Pas assez de preuves. » Et pourtant, il y a beaucoup de raisons de croire. La plus grande, c’est Jésus. Mais cette réponse ne suffit pas à beaucoup. Tout ce que les évangiles nous disent sur lui est-il crédible ? Ses guérisons ont-elles vraiment eu lieu ? A-t-il vraiment marché sur l’eau, multiplié des pains, ressuscité des morts ?

Pas de preuve ?

Sources chrétiennes

On pense parfois que les miracles de Jésus viennent d’un passé auquel personne n’a eu accès. Or, les chrétiens des premières générations avaient clairement en mémoire ces événements miraculeux. Par exemple, Irénée de Lyon (140-202) parle d’une transmission des témoignages des miracles depuis les premiers disciples, en passant par Polycarpe (69-155), jusqu’à lui-même(1). Quant à Quadrat d’Athènes (129), il rapporte que les personnes guéries par Jésus ont été vues par de nombreuses personnes longtemps après leur guérison(2). Justin Martyr (100-165), encourage, pour sa part, à consulter les actes de Ponce Pilate afin de vérifier que Jésus a bien accompli des miracles(3).

Sources non chrétiennes

L’historien Flavius Josèphe (37-100) mentionne dans son ouvrage Antiquités judaïques que Jésus fut un « faiseur de miracles »(4). Bien que certains experts doutent de sa totale objectivité, on comprend que Jésus était bien vu comme l’auteur de miracles. Quand le Talmud de Babylone parle de Jésus, il se contente de dire qu’il a pratiqué la sorcellerie. Même si cette source, hostile au christianisme, attribue les miracles de Jésus au démon, elle y voit quand même quelque chose d’extraordinaire.

Les évangiles

Ce sont les évangiles qui rapportent la plupart des miracles de Jésus. L’athée dira : « De toute façon, on sait bien que les premiers chrétiens ont tout inventé. On ne peut pas leur faire confiance. »
Dire cela, c’est oublier que les évangiles ont été écrits grâce aux récits des témoins oculaires. Même les experts qui doutent des miracles de Jésus ne remettent pas forcément en cause la dimension profondément historique des évangiles. Certains acceptent même le témoignage des évangiles concernant les miracles de Jésus(5). Il y a, en effet, de nombreuses raisons de croire que ces témoins sont dignes de confiance.
Reste la difficulté de croire à la possibilité même du miracle. Mais c’est là un autre débat.

Besoin de preuves ?

Le rejet de Jésus (et de ses miracles) n’est pas d’abord une question d’absence de « preuve ». Nous pensons que le problème principal est plutôt lié à un refus de croire, à un certain aveuglement spirituel. Les preuves les plus évidentes n’empêcheront jamais quelqu’un de rejeter Jésus.
Nous devons écouter, et chercher à comprendre, les raisons des difficultés à croire aux miracles de Jésus.
N’y a-t-il pas d’autres problèmes plus difficiles derrière cette difficulté ou impossibilité ?

Le miracle de la résurrection

La résurrection est le plus grand miracle rapporté par les évangiles. Mais quels indices soutiennent la crédibilité de ce miracle ? Le plus grand, c’est la totale fiabilité des évangiles. Mais il y a d’autres « indices ». Par exemple, les détails mentionnés par les évangiles (le dépôt du corps de Jésus, la demande de Joseph d’Arimathée, la visite des femmes au matin de la résurrection) soutiennent la nature historique de ce miracle. Le fait que les évangiles mentionnent que des femmes furent les premiers témoins de la résurrection est aussi un argument positif. Dans la culture de l’époque, le témoignage de ces femmes n’aurait eu aucun poids. Si les évangiles étaient pure construction, les auteurs auraient choisi quelqu’un d’autre comme premier témoin.

Plus de ressources de Yannick Imbert

Nous ouvrons un nouveau cursus au sein du programme #Transmettre, celui d’épistémologie. Derrière ce terme technique, on regroupe généralement l’ensemble des disciplines liés à l’étude de la connaissance, de la connaissance sci. Pour toutes les sciences religieuses, pour celles qui traitent du christianisme en particulier, l’épistémologie répond à une question fondamentale : comment puis-je connaître Dieu ?

D’autres questions importantes en découlent :

  • Vers quelles sources se tourner pour recueillir toutes les informations nécessaires à la connaissance de Dieu ?
  • Comment vérifier l’exactitude et la précision de ces sources ?
  • Comment confronter toutes ces informations aux autres sources de connaissance qui existent ?

Pour introduire ce nouveau cursus, nous avons souhaité vous proposer un cours sur le rapport entre foi et science. Nous répondons ainsi à la demande pressante de plusieurs d’entre nos étudiants ! Ce cours sera enseigné par Yannick Imbert, de la Faculté Jean Calvin.

 

 

 

 

Inscriptions

#Transmettre n’est pas affecté par l’inflation ☺️ Par contre, ceux qui s’inscrivent rapidement sont toujours autant privilégiés : utilisez le code IMB avant le 17 février pour obtenir 50% de rabais sur le prix du cours.

🇪🇺 Inscription en euros : cliquez ici
🇨🇦 Inscription en dollars canadiens : cliquez ici

 

 

Votre professeur

Pour ce premier cours d’épistémologie, nous avons sollicité Yannick Imbert, un théologien aux multiples casquettes !

Yannick est professeur d’apologétique à la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence). Docteur en théologie, Yannick est spécialiste du rapport entre entre foi et société, un thème qui lui est cher depuis ses études à l’Institut de Sciences Politiques. Il est également président des Éditions Kérygma, ainsi que membre de la Commission Théologique du Conseil National des évangéliques de France (CNEF).

 

 

 

Notes et références :

(1) Irénée de Lyon, « Fragments from the Lost Writings of Irenaeus » dans Ante-Nicene Fathers, vol. 1, éds. Alexander Roberts et James Donaldson, Grand Rapids, Eerdmans, 1975, pp. 568-578, ici p. 568.
(2) Quadrat d’Athènes a écrit une apologie des chrétiens dédiée à l’empereur Hadrien en août 117. Bien que le texte ne nous soit pas parvenu, nous en avons une trace dans le livre d’Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, livre IV, chapitre III, en ligne, http://remacle.org, consulté le 24 novembre 2018.
(3) Justin Martyr, Première apologie, chapitre 48, Sources chrétiennes no. 507, Paris, le Cerf, 2006, p. 255.
(4) Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre 18, chapitre 3, partie 3, en ligne, http://remacle.org, consulté le 24 novembre 2018.
(5) C’est le cas de Bart Ehrman dans son livre Did Jesus Exist? The Historical Argument for Jesus of Nazareth, San Francisco, HarperCollins, 2012.

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