Voici pourquoi la prédication est un moyen de grâce

Cet article n’a pas la prétention de dire tout ce qu’il y a à savoir sur la prédication ni de donner LA définition ultime. Plein d’autres l’ont déjà fait et je vous renvoie vers leurs ouvrages que vous trouverez facilement si vous désirez approfondir le sujet. Non, mon objectif ici est plutôt de donner quelques éléments de rappels ou de découvertes peut-être pour ceux qui prêchent dans leur église mais qui n’ont pas eu le privilège de pouvoir faire de formations plus approfondies sur le sujet. Mais c’est également de nous donner en tant que prédicateur un petit encouragement à persévérer dans cette œuvre parfois difficile mais tellement importante.

Pour ceux à qui le mot « prédication » ne parle pas, je dirais simplement que le fait de prêcher est d’annoncer une vérité biblique à l’église lors du culte, de clarifier le texte qui aura été lu sans pour autant en faire un cours académique, et de donner des applications pratiques et concrètes que chaque chrétien pourra mettre en place durant sa semaine afin que la Parole de Dieu soit vivante dans sa vie et glorifie Dieu.

Mais ce qui fait que la prédication est véritablement un défi pour celui qui la prépare et la dispense, c’est qu’elle devrait contenir simultanément plusieurs éléments (que nous verrons ensuite) parce que l’auditoire auquel nous nous adressons est très large : des jeunes, des moins jeunes, des français, des étrangers, des hommes et des femmes de milieux sociaux différents, des personnes qui n’ont pas faites beaucoup d’études et d’autres qui sont ingénieurs, et parfois même les enfants.

Arriver à se faire comprendre de tous, toucher tout le monde, nourrir chaque personne pour qu’elle puisse repartir du culte avec quelque chose, sans lasser ceux qui voudraient une prédication de vingt minutes ni frustrer ceux qui en attendent cinquante : la tâche est ardue, c’est le moins que l’on puisse dire. Et impossible à remplir correctement sans l’aide du Saint-Esprit. De plus, il va aussi falloir gérer l’après : ceux qui viendront vous voir pour vous féliciter, ceux qui n’auront pas écouté un mot, ceux qui auront été froissés par une affirmation, ceux qui se plaindront de ne pas avoir eu assez d’illustration ou parce que le PowerPoint n’était pas très lisible, etc.

En ce qui concerne la prédication en elle-même nous pourrions la diviser en deux grandes familles principales : les prédications textuelles et les prédications thématiques. Dans les premières, l’objectif est de choisir un texte et de coller le plus possible au texte tout en faisant ressortir la ou une des vérités centrales de ce passage. Si nous faisons ça tous les dimanches en suivant tout un livre dans l’ordre nous parlerons alors de prédication textuelle suivie.

En ce qui concerne la prédication thématique, il s’agit de choisir un thème (idéalement en accord avec les besoins de l’église) comme par exemple les relations sexuelles, l’argent, la justification, et de développer ce thème en se servant de plusieurs textes bibliques. Je ne développerai pas ici les points forts et les faiblesses de chaque méthode, mais je dirais juste qu’il est tout à fait possible d’aborder un thème spécifique à partir d’un texte. Sans rejeter donc la prédication thématique qu’il m’est arrivé de dispenser plusieurs fois, vous comprendrez quelle est tout de même ma préférence[1].

 

 

Le but de la prédication 

Vous l’aurez donc compris, le but premier de la prédication est d’exposer le texte biblique. Cela est vraiment très important si nous croyons que l’Ecriture est la Parole de Dieu inspirée par le Saint-Esprit, qui nous révèle qui est et ce qu’a fait Dieu pour nous en Jésus-Christ. De plus, si cette Parole est vraiment inspirée, alors elle est aussi infaillible et fait par conséquent autorité dans nos vies. C’est elle qui régit notre façon de vivre, de penser. C’est elle qui nous nourrit spirituellement. Sans elle nous mourrons de faim. Il est donc primordial de pouvoir nourrir le troupeau dont Dieu vous a confié la responsabilité (Ac 20.27-28).

Comment nos frères et sœurs pourront-ils se défendre et annoncer leur foi dans le monde sans connaître la Parole ? Mais comment connaîtront-ils la Parole si personne ne leur expose d’une manière plus profonde, concrète, et systématique que des versets isolés accrochés dans les toilettes ? Le but de la prédication est donc de mettre le texte en avant, pas le prédicateur, qui lui est censé s’effacer derrière le texte. Il est au service du texte.

De plus, il va falloir veiller à ce que tous les thèmes soient abordés, et pas juste les « dadas » du prédicateur (d’où quand même l’intérêt de la prédication textuelle suivie qui non seulement nous impose les thèmes sans qu’on en oublie, qui permet de connaître d’une manière plus systématique la Bible, mais aussi qui protège le prédicateur par rapport à des sujets « chauds »). Même si c’est peut-être celui qui prépare la prédication qui en retirera le plus, nous voyons que la prédication est tournée premièrement en direction de l’auditoire.

Elle cherche donc à rejoindre les personnes dans leur quotidien pour que l’Ecriture ait un impact concret dans leur marche avec Dieu et dans leur témoignage aux yeux du monde. De plus, la prédication est aussi un des moyens (car tous ne sont pas appelés à prêcher – je ne dis pas ça de manière élitiste, mais le Saint-Esprit distribue les dons différemment à chacun) de remplir le mandat de disciple que Christ nous a laissé avant de remonter au ciel (Mt 28.19).

 

 

Différents aspects de la prédication

Mais voici donc maintenant les différents aspects que devrait revêtir une prédication. Je diviserais ces aspects en sept points qui devraient toujours être dans notre tête quand nous nous préparons, mais qui, s’ils doivent toujours être présents simultanément, ne serons pas tous aussi développés suivant le texte biblique, l’auditoire, le temps impartit, ou les besoins de l’église. Nous aurions pu mettre plus ou moins de points, ou dans un ordre différent. C’est ici juste un guide qui peut aider à essayer de préparer des prédications plus pertinentes pour le plus large public possible, tout en ne sacrifiant pas la profondeur et la pertinence du texte biblique.

Le premier aspect qu’une prédication devrait avoir est je pense un aspect pastoralafin de donner des pistes pour les fidèles, de baliser leur chemin, de les guider dans leur vie chrétienne, notamment par le biais d’applications pratiques larges et variées que chacun pourra mettre en œuvre dans son contexte de vie particulier. Mais aussi pouvoir consoler ou encourager ceux qui en ont besoin avec des exhortations et des promesses bibliques.

Le second aspect serait évangélisateur. Quand nous prêchons, il y a également des non-chrétiens qui sont présents et qui ont besoin d’entendre le message de l’Evangile pour être sauvés. Nous devons donc toujours appeler les personnes à Christ, leur montrant leur besoin de croire et de se repentir. Il va donc aussi falloir confronter les personnes pour qu’elles prennent une décision.

Le troisième aspect serait missionnaire. J’entends ce mot dans le sens large du terme. C’est-à-dire que non seulement nous devons parler au étrangers qui sont là le dimanche matin, en essayant parfois de donner des illustrations et des applications en lien avec leur culture propre, mais aussi en faisant comprendre à nos frères et sœurs que nous sommes tous missionnaire là où Dieu nous a placé avec les dons qu’il nous a donné, et que l’annonce de l’évangile ne se fait pas seulement en paroles mais aussi en actes.

Le quatrième aspect est apologétique. Même si en temps normal j’utilise ce mot pour parler des deux aspects que je viens de décrire, je l’utilise ici dans le sens non seulement de répondre aux objections que pourrait soulever le texte prêché par un non-chrétien, mais également dans le sens de donner des arguments que les chrétiens pourront réutiliser dans leur vie quotidienne quand ils seront confrontés à une discussion un peu ardue avec une personne athée ou un scientifique par exemple.

Le cinquième aspect est théologique. Nous devons expliquer le texte biblique en profondeur même si nous ne faisons pas une étude biblique. Nous sommes là aussi pour édifier les frères et sœurs, et pour nourrir également ceux qui ont déjà fait des études dans un institut biblique. Nous devons donc essayer d’expliquer le texte, de faire ressortir ses spécificités, les doctrines qui y sont abordées et comment elles s’articulent avec le reste. Un chrétien ne pourra jamais annoncer et défendre sa foi sans un minimum de doctrine. Il sera très vite incohérent avec lui-même et rendra un mauvais témoignage de sa foi. Il ne faut donc pas avoir peur d’utiliser un vocabulaire théologique si on en donne toujours clairement et simplement le sens.

Le sixième aspect est contextuel. Il faut adapter notre message pour qu’il puisse rejoindre les personnes dans leur vie de tous les jours. Même si nous pouvons citer Spurgeon durant notre message, nous ne pouvons pas reprendre toutes ses illustrations ou applications tout simplement parce que nous ne sommes pas des anglais du 19èmesiècle, pas plus que nous ne sommes des hébreux du 1ersiècle avant Jésus-Christ. Il faut donc essayer de rejoindre notre société dans ses dimensions culturelles mais sans trahir la Bible.

Le septième et dernier aspect est doxologique. Le texte biblique, le message, devrait nous amener à la fin à vouloir louer Dieu, le prier, et l’adorer, parce que c’est sa gloire qui est révélée dans sa Parole et dans son Eglise. Les prédications devraient amener les personnes présentes à s’émerveiller de la personne et de l’œuvre du Dieu trinitaire.

 

 

Conclusion

En conclusion, nous pouvons facilement constater que la prédication est un défi. Ce qui est stimulant, c’est qu’on se rend compte qu’il ne nous faudra pas moins de notre vie entière pour arriver à faire cela d’une manière presque correcte. Prêchons, nous ne sommes pas prêts de nous ennuyer, et la marge pour grandir est infinie. Mais prêchons également parce que la prédication, comme nous le montre l’Histoire de l’Eglise, est un puissant instrument de Réveil et de revitalisation de l’Eglise.

Si notre église nous semble aujourd’hui tourner au ralenti, regardons nos messages – cela sera peut-être un début. Prêchons aussi car elle est une arme contre Satan. Quand la Parole de lumière est annoncée les ténèbres reculent. Et finalement, prêchons parce qu’elle est ce qu’on appelle un moyen de grâce[2]. En effet, le même Esprit qui a inspiré la Bible (1Tm 3.16-17) est présent dans l’Eglise au moment où le texte biblique est annoncé.

Le Saint-Esprit nous remplit d’une grâce particulière durant ces moments, et tous les aspects abordés précédemment contribuent à distiller cette grâce en nous. Elle est un vecteur de la nouvelle naissance (Rm 10.17 ; Jc 1.18) et de l’édification du peuple de Dieu (1Tm 4.11-16 ; 2Tm 4.1-5). La prédication n’est pas un travail écrasant à préparer, mais une grâce pour le prédicateur. Elle n’est pas un moment d’ennuie durant le culte, mais un moyen de goûter toujours plus la grâce de Dieu en étant nourri de sa Parole. Merci Seigneur pour ce don de la prédication que tu as fait à ton Eglise.

 

 

Autres ressources sur le même thème :

 

 

 

 

Notes et références

[1] Je vous invite à aller visiter ce site pour approfondir ce sujet.

[2] Wayne GRUDEM, Théologie systématique, Excelsis, Charols, 2010, p.1048-1050.

 

 

 

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Renaud Genevois est pasteur à l’Église Perspectives de Colmar. Avant cela, il a été enseignant dans des écoles chrétiennes durant plusieurs années. Il a étudié à l’Institut Biblique de Genève et à l’Institut Supérieur Protestant à Guebwiller. Il prépare actuellement un master de théologie à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence. Renaud est allé plusieurs fois en Afrique enseigner dans un institut biblique et former des enseignants chrétiens. Il écrit régulièrement pour le Bon Combat.