L’erreur de répondre à toutes les objections de nos amis musulmans

 

Cet article est le premier d’une nouvelle série intitulée « Erreurs que les chrétiens commettent dans leur témoignage auprès des musulmans (et comment les éviter) ». Aujourd’hui, nous regardons l’erreur de vouloir toujours avoir raison dans les réponses que nous apportons à nos contacts.

**

 

Si nous voulons être les ambassadeurs de Christ, avoir les bonnes réponses ne suffira pas. Nos amis musulmans peuvent très bien ignorer les faits que nous exposons, les nier ou se contenter de bâiller et de tourner les talons. Sans le moindre égard pour notre argumentaire soigneusement construit.

Parfois, ils ne partent pas, ils restent pour débattre. Nous nous jetons dans la bataille et faisons face à une défense que nous ne pouvons percer. Déséquilibrés par leur réaction, nous battons en retraite, humiliés. Parfois pour ne plus jamais revenir.

Laissez-moi vous suggérer une approche différente. Dans les situations où nous sommes comme une brebis au milieu des loups, Jésus nous appelle à être simples, mais prudents. Nous devons donc opter pour une approche stratégique.

 

 

« Puis-je vous poser une question ? »

Mon approche préférée est ce que Gregory Koukl appelle la « tactique Columbo ». C’est le moyen le plus simple qui soit pour arrêter net votre adversaire, inverser les rôles et, surtout, le faire réfléchir. Cette tactique doit son nom au lieutenant Columbo, un détective de la télévision en apparence brouillon et simplet.[1] Il obtient pourtant un succès remarquable grâce à sa requête innocente : « Juste une dernière question… »

Jésus a utilisé cette méthode. Face à la foule hostile, il posait souvent des questions orientées à ses détracteurs pour les pousser à la réflexion : « Dites-moi, le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ? » « Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l’effigie et l’inscription ? » (Luc 20:4,24)

Cette stratégie implique de vous lancer dans la bataille avec des questions préparées et choisies avec soin. Elles doivent faire avancer la discussion et favoriser l’interaction. Privilégiez pour cela le style Columbo : des questions déconcertantes, préoccupantes et en apparence innocentes.

En substance, posez des questions au lieu de faire des assertions. La tactique Columbo est très amusante et elle offre d’immenses avantages. Premièrement, les questions sont par définition interactives puisqu’elles invitent l’autre à se joindre à la discussion. Elles sont neutres : vous n’argumentez pas, vous demandez, vous récoltez des informations.

 

 

« Que voulez-vous dire ? »

La plupart du temps, la question la plus efficace est celle qui invite votre interlocuteur à clarifier ce qu’il veut dire. Il en existe différentes variantes. Lorsqu’elle est posée avec douceur et un intérêt véritable, elle ouvre tout naturellement des portes sans mettre votre vis-à-vis sous pression.

Par exemple, lorsqu’un musulman déclare que Dieu n’a pas de fils, vous pouvez lui demander : « Que voulez-vous dire ? » (En d’autres termes : « Que comprenez-vous lorsque l’on vous dit que Jésus est le Fils de Dieu ? ») Lorsque quelqu’un affirme que les chrétiens adorent trois dieux, vous pouvez répondre : « Ah bon ? Qu’est-ce que vous entendez par trois dieux ? » Si quelqu’un vous dit que Jésus n’est jamais mort sur la croix, vous pouvez répliquer : « Pourquoi sa mort vous pose-t-elle un problème ? » Lorsqu’une personne maintient que la Bible a été modifiée au fil des années, vous pouvez l’interroger : « Qu’est-ce qui a été modifié dans la Bible ? » (ou plus précisément : « Comment exactement croyez-vous qu’elle a été modifiée ? »)

Un jour, j’expliquais à un couple que le paradis tel qu’il est décrit dans le Coran n’a rien à offrir aux femmes. Seuls les hommes jouissent de ses plaisirs et de ses récompenses. La femme a réagi :

— Un hadith de Muhammad dit que le paradis est au pied des mères.

— Que voulez-vous dire par là ? lui ai-je demandé. Quelle est la signification de ce hadith ? Est-ce que cela veut dire qu’à chaque fois qu’une mère fait un pas, un nouveau paradis naît ?

— Eh bien, m’a-t-elle dit, cela signifie que lorsque vous parlez à votre mère, c’est comme si vous étiez au paradis.

— Il est donc question de la relation entre une mère et un enfant, ai-je clarifié. Muhammad ne parle pas ici de l’éternité ou de l’endroit où vont les femmes musulmanes après la mort.

Le but de ce type de questions n’est pas de se montrer méchant ou agressif. Les musulmans sont éduqués à obéir sans se poser de questions. Lorsque vous leur adressez des questions critiques avec respect, vous pouvez les aider à approfondir leurs réflexions spirituelles.

 

 

L’importance de cette approche

« Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion ? » « Pourquoi dites-vous cela ? » « Pourquoi la mort ? » « Pourquoi ne sommes-nous pas nés au paradis ? » « Qu’enseigne le Coran au sujet du pardon ? » « Pensez-vous aller au paradis ? » « Avez-vous l’assurance que Dieu vous acceptera ? » Ces questions sont utiles à beaucoup de choses. Premièrement, elles permettent d’engager facilement une conversation amicale sans paraître trop brusque, malpoli ou insistant. Ensuite, elles valorisent la personne en face : en posant des questions, vous lui montrez que vous vous intéressez sincèrement à son point de vue. Troisièmement, elles obligent votre interlocuteur à réfléchir précisément à ce qu’il veut dire, peut-être pour la première fois. Quatrièmement, elles forcent votre vis-à-vis à rendre compte de ses croyances. La charge de la preuve incombe à celui qui fait l’affirmation, c’est la règle de base pour ce type d’échanges. Cinquièmement, les questions révèlent des informations importantes à propos de ce que pense la personne. Cela vous évitera de mal comprendre ou interpréter son point de vue. Avant tout, elles vous permettent de rester maître de la situation pendant que quelqu’un d’autre fait tout le travail.

J’ai récemment eu l’occasion de partager l’Évangile avec un vendeur de livres musulmans au marché. Il utilisait ce moyen pour parler de l’islam aux gens. Lorsque je lui ai confirmé que je croyais que Jésus est le Fils de Dieu, il m’a violemment critiqué : j’étais à ses yeux un blasphémateur.

« Que voulez-vous dire ? Pourquoi dites-vous cela ? lui ai-je demandé.

— Vous croyez que Dieu a épousé Marie et que Jésus est le fruit d’une relation sexuelle entre Dieu et Marie, astaghfiroullah (je demande pardon à Allah). »

Sa réponse m’a permis de lui expliquer que pour le chrétien, cette idée est également un blasphème. Je lui ai donné la vraie signification du titre Fils de Dieu.

Plus tard, j’ai demandé à mon ami musulman s’il était sûr d’aller au paradis. Il m’a répondu :

« Personne ne peut être sûr.

— Donc vous n’irez peut-être pas au paradis ?

— C’est ça.

— Donc vous allez peut-être aller en enfer ?

— Comment oses-tu me dire que je vais peut-être aller en enfer ! » a-t-il lancé, furieux.

 

En fait, si cet homme avait analysé sa réaction avec attention, il aurait réalisé qu’il n’était pas furieux à cause de ma conclusion logique, mais à cause de l’injustice de l’islam qui ne lui donne aucune assurance d’être sauvé.

Cette approche est d’une importance capitale. Pourquoi ? Parce que les chrétiens ne devraient pas être les seuls à devoir défendre ce qu’ils croient. Résistez à l’impulsion de vouloir contrer les arguments que votre interlocuteur fabrique de toutes pièces. N’essayez pas de réfuter toutes les histoires à dormir debout qu’il vous sert. Ce n’est pas à vous de répondre à ses assertions, mais à lui de les défendre.

La prochaine fois que votre ami musulman vous dit : « La Bible a été modifiée tellement de fois » ou « Personne ne peut être sûr d’être sauvé » ou « Jésus n’a jamais dit qu’il était Dieu », ne laissez pas ces questions vous réduire au silence. Levez les sourcils et demandez-lui innocemment : « Ah bon ? Que voulez-vous dire ? » et « Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ? »

 

 

Ces ressources pourraient vous intéresser :

 

 

 

Notes et références 

[1] Pour plus de détails concernant cette approche, je vous recommande de lire Tactics de Gregory Koukl (pour ceux qui lisent l’anglais).

 

 

 

Abonnez-vous au Bon Combat

Recevez tous nos nouveaux articles directement sur votre boîte mail ! Garanti sans spam.

McHicham est pasteur et auteur de quelques ouvrages en anglais et en français dont, « La foi sur le gril », « Cher Abdullah » et « Chrétien rencontre musulman : comment communiquer et surmonter les obstacles ». Il est candidat au Doctorat en Science des Religions. Titulaire de deux Masters dont un en théologie, McHicham enseigne l’islamologie et l’apologétique dans des instituts bibliques en francophonie et en Grande-Bretagne.