Devons-nous éviter de dire à nos amis musulmans que Jésus est le Fils de Dieu ?

 

La semaine dernière je posais la question suivante : qu’est-ce qui est le plus important : la contextualisation et la stratégie, ou la construction de relations visant au partage de l’Evangile ? Ma réponse est à retrouver ici ! Cette semaine, pour le dernier article de ma série « Erreurs que les chrétiens commettent dans leur témoignage auprès des musulmans (et comment les éviter) », j’aimerais parler du Insider Movement, qui milite pour ne plus présenter Jésus comme le fils de Dieu aux musulmans

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Devrais-je éviter de dire que Jésus est le Fils de Dieu ?

Il est très important de vous mettre au niveau de votre interlocuteur et chercher à comprendre sa pensée, sans pour cela compromettre la vérité de l’Évangile. Je vous garantis que même si vous évitez d’utiliser le titre Fils de Dieu pour Jésus, votre ami musulman l’évoquera. Je suis effaré à chaque fois que j’entends un « évangéliste » conseiller aux chrétiens de ne pas faire mention de Jésus en tant que Fils de Dieu.

Il est vrai que les musulmans comprennent ce terme dans un sens biologique. Pour eux, dire que Dieu a un fils relève du pur blasphème. Mais comment passer outre cette erreur de compréhension ?

 

 

Insider Mouvement

De nos jours, certains défenseurs de la « contextualisation » (Insider Mouvement) conseillent de passer par une méthode radicale en procédant à une chirurgie de transplantation linguistique. Conscients que les musulmans s’opposent à l’appellation de Dieu comme Père et Fils, ils ont publié une traduction de la Bible arabe « adaptée aux musulmans ». Les références au Dieu « Père » ont été changées en Allah, Rabb (Seigneur), Waliy (gouverneur) ou Al Aziz (vainqueur). Les références au Dieu « Fils » se lisent maintenant Habib (bien-aimé), ou Sayyid ul basheer (maître des hommes).

L’intention est certes bonne : adapter les termes bibliques pour que l’auditoire puisse les comprendre est tout à fait légitime. Rechercher une équivalence fonctionnelle comme alternative est une pratique courante dans toutes nos traductions. Ce qui est problématique, c’est de modifier le texte pour des questions de sensibilité personnelle : nous attribuons ainsi au texte un sens différent de celui que l’auteur désirait transmettre.

Il s’en suit un compromis clair et un déni de la Parole de Dieu. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ? Allons-nous tordre la Parole de Dieu par seule crainte de contrarier les musulmans ? Cherchons-nous à plaire aux musulmans plutôt qu’à honorer le Fils éternel de Dieu ? Pousserions-nous le zèle jusqu’à oblitérer les références à Dieu et éditer une « version adaptée aux athées » afin de rendre la Bible accessible à tous ?

 

 

Paul et le titre « Fils de Dieu »

Oui, le titre « Fils de Dieu » peut être scandaleux pour les musulmans, mais il l’était aussi pour les juifs. Qu’est-ce qui contrariait le plus les juifs du temps de Jésus ? N’était-ce pas le fait qu’il se soit déclaré « Fils de Dieu » (Matthieu 26:63 ; Luc 22:70-71) ? Après son ascension, les chrétiens ont continué d’affirmer que Jésus est le Fils de Dieu. C’est la raison pour laquelle ils étaient persécutés. C’est pour cela que Saul, dans son zèle religieux, se rendait partout pour les arrêter et les persécuter. Mais une fois converti, qu’a-t-il prêché ? Nous lisons dans le livre des Actes : « Et aussitôt il prêcha dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu. » (Actes 9:20) Le voici qui prêche ce qu’il avait tant combattu. Loin de lui l’idée de chercher à compromettre le message. Il aurait pu agir différemment et passer par des raccourcis, mais il ne l’a pas fait. Et nous ne devrions pas le faire non plus. Lorsque nous devons expliquer ce que signifie l’expression « Jésus, Fils de Dieu »[1], n’ayons jamais honte et ne nous en excusons jamais.

 

 

 

Notes et références :

[1] Voir chapitre 48.

 

 

 

 

 

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McHicham est pasteur et auteur de quelques ouvrages en anglais et en français dont, « La foi sur le gril », « Cher Abdullah » et « Chrétien rencontre musulman : comment communiquer et surmonter les obstacles ». Il est candidat au Doctorat en Science des Religions. Titulaire de deux Masters dont un en théologie, McHicham enseigne l’islamologie et l’apologétique dans des instituts bibliques en francophonie et en Grande-Bretagne.