Imitation et téléchargement : une réponse aux critiques

Je me permets de faire quelques réponses générales aux réactions exprimées suite à mon article publié le 22 septembre 2015.

Avant de commencer, je me permets de dire que ces lignes sont lapidaires. Merci de ne pas commenter “Quand même je trouve que c’est un peu lapidaire comme article !”

C’est le cas, et c’est volontaire !

 

 

1) Finalement, pour ou contre le téléchargement illégal ?

Je me contenterai de citer mon article au cas où ceux qui posent la question n’aient pas lu l’article en qestion :

“Le seul argument qui me semble être pertinent est le premier, le fait qu’il nous faut respecter les lois. Je suis obligé d’être d’accord. Et en même temps nous pouvons aussi aller plus loin et appeler un changement de ces lois si elles ne sont pas justes.”

 

 

2) Il n’y a pas de citations bibliques

Donc ? Je n’éprouve pas le besoin de citer des versets bibliques à chaque fois qu’une question m’est posée.

Certainement la Bible ne donne pas de versets “prêt-à-citer” pour chaque problème auquel nous serions confronté. Aucun verset ne me dit s’il est légitime d’aller planter un arbre dans le jardin de mon voisin ou si couper la moitié d’une forêt pour construire un hôtel de luxe est un bon choix.

La Bible me donne une vision du monde et c’est ainsi que nous devons tenter, de notre mieux, de répondre aux défis du monde contemporain. Ceci dit, dans un article plus conséquent, il sera question du soutien biblique de ma position.

 

 

3) Les royalties ne sont pas un salaire

Précisément ! Et c’est ce que je remets en question. La distinction entre les deux est bien sûr fine, notamment parce que payer un artiste pour son œuvre représente un investissement initial conséquent.

C’est l’une des raisons pour lesquelles le système des royalties peut être justifié. Et cependant c’est aussi l’une des racines du problème.

 

[A ce sujet, je précise qu’un object culturel devrait être payé ainsi : coût de diffusion + salaire de l’auteur. Mais c’est aussi la raison pour laquelle après la production initiale, le prix de vente devrait être réduit aux coûts de diffusion (production + distribution + marge des distributeurs, etc.).]

 

 

4) Il y a une contradiction entre ce que les auteurs disent et pratiquent.

Poythress, ainsi que moi-même, demanderions un changement de la loi sur le droit d’auteur ainsi qu’une libre diffusion alors que nous ne pratiquons pas cela personnellement. C’est bien sûr ne connaître ni Poythress, ni moi personnellement.

Commençons par Poythress. Tous ses articles sont en diffusion, copie, et modification libre sous licence GNU :

Copyright (c) 2005 by Vern Sheridan Poythress.

Permission is granted to copy, distribute and/or modify this document under the terms of the GNU Free Documentation License, Version 1.2 or any later version published by the Free Software Foundation; with no Invariant Sections, no Front-Cover Texts, and no Back-Cover Texts. A copy of the license can be found at the Free Software Foundation website.

 

En ce qui me concerne, j’utilise la même licence plutôt que la plus populaire Creative Commons. Cela implique que si vous lisez un de mes articles, et que vous voulez vous en inspirer largement pour écrire un article qui sera je l’espère meilleur, vous en avez le droit !

Pour ce qui est des livres Poythress fait son possible pour que tous ses livres soient disponibles librement en format électronique. Le problème c’est que ce choix ne dépend pas que de lui (ou de moi), mais des maisons d’édition.

Poythress a vraisemblablement conclu un accord avec Presbyterian & Reformed. En ce qui me concerne, aucun accord n’est encore conclu.

Une fois encore, cela ne reflète pas une incohérence entre paroles et actes mais la difficulté à faire changer le fonctionnement problématique du droit d’auteur et de la libre diffusion de la connaissance.

 

 

5) Libre diffusion et gratuité

Certains pensent que je défend une totale gratuité des biens, niant ainsi la légitimité du salaire pour les auteurs. Ce n’est pas le cas.

Je défend un juste salaire pour tous, et par association une libre diffusion des biens de l’auteur. Ce que je remets en cause c’est la possibilité de devoir payer un disque de B. B. King au même prix que lors de sa parution initiale.

Une fois le bien produit, seuls les coûts de production devraient être payés. Je milite aussi pour que les chrétiens aillent plus loin et, après salaire, diffusent librement leurs productions, qu’elles soient culturelles, intellectuelles et artistiques.

 

 

6) Ce que les artistes reçoivent reflète leur talent

Là je suis plus que dubitatif. Ou bien c’est moi qui suis plus exigeant que je ne le croyais avec nos artistes ou bien nous n’avons pas la même perspective sur les raisons qui font le succès d’un artiste.

Une grande part, j’en suis convaincu, est une affaire de marketing, et non pas de “pur talent”. Mais je peux me tromper.

De nombreux artistes avec beaucoup de talent n’auront jamais une grande carrière. Manque de talent ? Manque d’idée. Je ne crois pas.

Et pourtant leur “art” a tout autant de sens, est tout aussi bon que celui des grands noms que nous connaissons.

Ma seule question est celle-ci : Les lois actuelles sont-elles bénéfiques pour tous les artistes et auteurs ? Il ne me semble pas. C’est pour cela que les lois devraient être repensées.

 

 

Enfin…

Je note qu’aucun commentaire ne tente d’aller plus loin, ou de poursuivre, une réflexion autour de points centraux en conclusion notamment :

– appeler à une modification des lois sur le copyright (droit d’auteur) ;

– encourager le mécénat dans les Eglises (et en dehors !) afin de stabiliser et dynamiser la production artistique.

Pour terminer, et plus largement, je conteste la notion de « droit d’auteur » et lui préfère de loin celle de “paternité intellectuelle”.

 

 

 

YI

 

 

 

 

 

 

 

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Yannick Imbert est professeur d'apologétique à la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence). Il est l'auteur de plusieurs livres dont une introduction à l'apologétique (aux éditions Kerygma/Excelsis). Il blogue sur “De la grâce dans l'encrier”. Yannick anime également le blog d'apologétique culturelle Visio Mundus.