Y aura-t-il une différence entre les hommes et les femmes au ciel ?

Aussi loin que je me souvienne, depuis que Christ m’a appelé à le suivre, j’ai toujours pensé qu’à la résurrection les croyants nés de nouveaux seraient asexués, étant “comme les anges de Dieu dans le ciel“ (Matthieu 22:30). L’article de John Frame ci-dessous m’a convaincu du contraire, et j’adhère désormais à sa prudente conclusion. 
GB

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Serons-nous hommes et femmes dans le ciel ?

Les Ecritures ne traitent pas explicitement de cette question, par conséquent nous devrions pas être trop dogmatiques en essayant d’y répondre. Mais certains grands principes bibliques peuvent nous conduire dans une direction ou dans une autre.

Nous pourrions être enclins à répondre “non“ à cette question en raison de la déclaration de Jésus dans Matthieu 22:30, à savoir que les saints ressuscités ne se marieront pas, et ne seront pas donnés en mariage. Au travers de la résurrection, les familles terrestres seront éclipsées par la Grande Famille de Dieu (cf. Luc 20:36).

 

Cependant, je penche vers une réponse affirmative, car :

1- Dans l’Ecriture, ceux qui apparaissent après être morts le font toujours dans une forme similaire à celle qu’ils avaient sur la terre (1 Samuel 28:11-15, Matthieu 17:1-13; 27:52-53; Apocalypse 11:1-12). Je suppose que les personnes de sexe masculin mentionnées dans ces passages ont continué à apparaître barbus (s’ils portaient des barbes sur la terre), et parlant avec des voix masculines. Ces éléments semblent donner une certaine présomption, à minima, que nous conserverons nos caractéristiques sexuelles après la mort.

2- Même les anges (auxquels Jésus déclare que nous allons ressembler à la résurrection) ont tendance à apparaître dans les Écritures comme des hommes, plutôt que comme des femmes ou comme des êtres asexués (Genèse 18:2, 16, 22; Josué 5:13; Hébreux 13:2).

3- Le corps de résurrection de Jésus ressemblait aussi à la forme qu’il avait lorsqu’il était sur la terre, jusque dans les plaies de ses mains et son côté (Jean 20:25, 27), et ce bien que sa nouvelle existence soit mystérieuse à bien des égards. Lors des apparitions de Christ après sa résurrection, je n’ai aucun doute sur le fait que les disciples aient vu une figure masculine.

4- La sexualité, comme nous l’avons vu, fait partie de l’image de Dieu*, de ce que cela signifie pour nous d’être humains. Il est possible que cette ressemblance soit remplacée, dans la vie à venir, par d’autres types de ressemblances (le concept d’image de Dieu, rappelons-le, touche à de nombreux domaines*). Mais si nous devions perdre notre sexualité dans le ciel, pourquoi ne devrions-nous pas aussi perdre nos bras, nos yeux et notre cerveau?

5- Nos organes sexuels et nos caractéristiques sexuelles secondaires ont également des fonctions autres que celle dédiées à la procréation. Ils manifestent également les différents attributs de Dieu, et expriment la grande variété de personnalités humaines. Après tout, la sexualité ne se limite pas uniquement à la capacité de reproduction.

 

Une fois les stéréotypes mis de côté, nous constatons que les hommes et les femmes diffèrent dans leur personnalité et dans la distribution de leurs dons spirituels. Le corps d’une femme pieuse est souvent un accompagnement adapté à sa personnalité, qui vient renforcer notre perception de sa douceur intérieure et de sa force tranquille. Il en va de même pour les hommes, mutatis mutandis. (1)
Je pense que nous éprouverions un sentiment étrange si la personnalité de Mère Teresa se retrouvait dans le corps, disons de Sylvester Stallone, ou vice versa.

Cet article constitue donc un vote prudent en faveur de la “discrimination positive“ : je soupçonne que nous serons encore hommes et femmes à résurrection.

 

 

– John M. Frame
Titulaire de la chaire de Théologie Systématique à Reformed Theological Seminary, Orlando. 

Cet article est extrait de son apport à l’ouvrage collectif “Recovering Biblical Manhood and Womanhood“ (Recouvrer la Masculinité et la Féminité Biblique) sous la direction de John Piper et Wayne Grudem. Une des idées que John Frame développe dans sa discussion plus étendue “Hommes et Femmes dans l’image de Dieu“, que vous pouvez lire dans le chapitre 12 de “Recovering Biblical Manhood and Womanhood » (cf. lien ci-dessus) 

 

 

Notes et références :

(1) Mutatis mutandis est une locution latine, signifiant littéralement : « ce qui devait être changé ayant été changé », et que l’on pourrait traduire de façon plus actuelle par : « Une fois effectués les changements nécessaires ». Par exemple, on dira : « La sociologie est aux sciences humaines ce que la physique est, mutatis mutandis, aux sciences naturelles ». Cette locution permet donc d’éviter une périphrase laborieuse de type :  « la sociologie est aux sciences humaines ce que la physique est aux sciences naturelles, si l’on excepte toutefois les différences fondamentales de méthode et d’objet de ces deux sciences qui… ».

 

 

 

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