La dysphorie de genre n’est pas un péché

 

Cet article est extrait du livre Dieu et le débat transgenre, de A. Walker  (BLF Éditions, 2021. Vous pouvez vous le pré-commander ici). Andrew Walker est directeur des études politiques de la Commission pour l’éthique et la liberté religieuse de la Southern Baptist Convention. Il est professeur agrégé d’éthique chrétienne au Southern Baptist Theological Seminary, rédacteur en chef de deux revues académiques et chroniqueur mensuel à Christianity Today.

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Arrêtons-nous un instant pour bien comprendre la différence entre le fait d’éprouver un certain sentiment et celui d’agir en fonction de celui-ci. La distinction est de taille. Revenons à Ève dans le jardin d’Éden, au début de Genèse 3. Elle ne péchait pas quand Satan lui parlait pour la tenter, quand elle voyait combien le fruit était beau. Elle a péché quand elle a dépassé le stade de l’observation, qu’elle a agi en fonction de sa raison et de ses sentiments opposés à la parole de Dieu, et qu’elle a pris le fruit et l’a mangé.

Il en est de même pour tous ceux qui souffrent de dysphorie de genre: ils ne pèchent pas à cause de ce qu’ils ressentent. Ils ne pèchent pas lorsqu’ils ressentent un désaccord entre leur sexe biologique et la perception de leur genre. Rien dans la Bible ne permet de considérer la détresse psychologique comme un péché. Un tel vécu illustre surtout que tout en nous est aussi brisé par le péché que la création qui nous environne. En effet, c’est à cause de la création déchue que nous pouvons être malades physiquement ou psychologiquement, ou que nous pouvons nous percevoir autrement que comme Dieu nous a créés. Le fait de souffrir d’un cancer, d’une dépression ou d’une dysphorie de genre ne fait pas de vous un pécheur. Mais vous en souffrez parce que le monde est affecté par le péché.

En revanche, nous péchons quand nous décidons de nous laisser guider par ce sentiment. Si nous l’entretenons, c’est lui qui déterminera notre manière de nous voir, de nous identifier et d’agir. Nous péchons dès lors que nous acceptons de laisser nos sentiments prendre autorité sur nous, et définir ce qui est bien et ce qui est mal. Et nous reproduisons exactement ce qu’ont fait Adam et Ève quand ils ont mangé le fruit défendu.

 

 

RÉFLÉCHISSONS

Lorsque nos cœurs sont endurcis, lorsque nous avons décidé de ne pas aimer Dieu ou de ne pas le considérer comme Dieu, notre pensée en est également affectée. Le péché a non seulement altéré nos sentiments et nos désirs, mais aussi notre logique et notre raison. L’apôtre Paul parle des différences entre les personnes qui vivent sous l’autorité de Dieu et celles qui ont rejeté son droit à gouverner leur vie (« les païens »):

Vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leur intelligence. Ils ont la pensée obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux et de l’endurcissement de leur cœur.
Ephésiens 4: 17-18

 

Si nous ne laissons pas Dieu intervenir dans l’équation, notre raison est amoindrie. Notre façon de penser peut être géniale, mais pas forcément juste. Il nous est impossible de raisonner correctement: comment comprendre la création en écartant le Créateur, comment nous comprendre en rejetant le fait d’être créés à son image? Nous tâtonnons en vain pour trouver des réponses. C’est un peu comme si, au milieu de la nuit, nous cherchions à allumer la lumière dans une pièce sans interrupteur.

À bien des égards, le cœur et la pensée travaillent de concert. Quand notre cœur est attiré par quelque chose ou qu’il en a envie, notre pensée peut nous dire de ne pas mettre en œuvre ce désir. De même, notre pensée cherche souvent à justifier ce que notre cœur décide. Cela explique pourquoi des individus peuvent être à la fois très intelligents et très aveugles. Le scientifique athée Richard Dawkins, par exemple, utilise toute son intelligence pour rejeter Dieu. Son cœur a décidé d’être dur avec Dieu et sa logique est soumise à cette décision.

Notre pensée a son importance dans le débat autour des personnes transgenres: c’est par lui que nous réfléchissons à ce qu’elles vivent. D’une certaine manière, notre pensée dit à notre cœur si nos sentiments sont légitimes. Mais tout comme pour nos désirs, dans un monde affecté par le péché, nous ne pouvons pas être certains de la fiabilité de notre raisonnement. Il n’est pas plus légitime de suivre les sentiments de son cœur que de les rejeter.

 

 

UN HOMME PEUT-IL DÉCIDER DE SA TAILLE?

Mon identité dépend davantage de ce que je ressens que de ce que mon corps me dit: voilà le raisonnement des personnes transgenres. Une vidéo virale de 2016 montre Joseph, un jeune homme d’une trentaine d’années en train d’interroger des étudiants américains. Son but est de dénoncer jusqu’où l’idéologie transgenre peut glisser quand on prend en compte ses implications logiques. Il leur demande d’abord comment ils réagiraient s’il leur disait qu’il est une femme. Les réponses sont les suivantes:

— Tant mieux pour toi.
— Hein? Quoi? Vraiment?
— Je n’ai pas de problème avec ça.

Joseph, parfait représentant du type caucasien, leur demande ensuite comment ils réagiraient s’il prétendait être chinois:

— Ça me surprendrait un peu, mais je dirais que c’est bien pour toi. Oui, sois qui tu es.
— Je penserais peut-être qu’un de tes ancêtres est chinois.
— Hmmm… j’aurais beaucoup de questions, parce que, à te voir comme ça, tu as tout l’air d’un Blanc.

Il leur demande alors si ça ne les dérangerait pas d’apprendre qu’il a sept ans et qu’il cherche à s’inscrire en première année d’école primaire. Cette fois-ci, les étudiants hésitent davantage, mais certains répondent ceci:

— Je ne le croirais probablement pas, mais cela ne me dérangerait pas au point de te dire que tu as tort. Je me dirais juste: « Il a envie d’avoir sept ans ».
— Si ton cœur te dit que tu as sept ans, eh bien qu’il en soit ainsi! C’est bien pour toi.
— Si tu penses que tu devrais t’inscrire en première année, je pense qu’il y a des endroits où on t’accepterait.
— Je dirais: tant que tu ne causes pas de tort à la société et aux autres, je pense que ce serait une bonne chose [que tu sois accepté en première année].

Enfin, l’enquêteur demande à ces mêmes étudiants comment ils réagiraient s’il leur disait qu’il mesure 2 mètres (il mesure environ 1,80 m).

L’étudiant 1 ne répond pas.

Étudiant 2:

— Alors ça, je le remettrais en question.

Joseph:

— Pourquoi?

Étudiant 2:

— Parce que tu n’es pas si grand! Non, je ne pense pas que tu mesures 2 mètres.

Étudiant 3:

— Si tu crois sincèrement faire 2 mètres, je ne vois pas en quoi ça peut gêner quelqu’un. Si tu le crois, alors c’est bien. Ça m’est égal que tu penses être plus grand que ce que tu es vraiment.

Joseph:

— Donc, vous seriez prêts à me dire que j’ai tort?

Étudiant 3:

— Non, je ne te dirais pas que tu as tort.

Étudiant 1:

— Non, mais je dirais que, euh, je ne pense pas que tu mesures autant.

Étudiant 4:

— J’ai l’impression que ce n’est pas à moi, en tant qu’humain aussi, de dire que quelqu’un a tort, ou de tracer des limites à ne pas franchir.

Étudiant 5:

— Non, je ne te dirais pas que tu as tort d’y croire, comme si c’était mal. Encore une fois, ça ne me dérange pas vraiment de savoir ce que tu as envie de croire à propos de ta taille ou de n’importe quoi d’autre.

Joseph:

— Je peux donc être une Chinoise?

Étudiant 2:

— Hmmm… bien sûr!

Joseph:

— Mais je ne peux pas être une Chinoise qui ferait 2 mètres?

Étudiant 6:

— Oui, c’est ça!

Étudiant 7:

— Si tu argumentais avec sérieux et m’expliquais pourquoi tu as le sentiment de mesurer 2 mètres, euh, je pense que je soutiendrais volontiers que tu mesures 2 mètres ou que tu es chinois ou que tu es une femme.

 

Il est totalement absurde de décider que la seule attitude raisonnable à adopter, c’est d’approuver chaque sentiment d’identité que l’autre ressent. Pire, elle est néfaste. Dans le débat transgenre, l’argument avancé est que nous devons accepter qu’un homme qui s’identifie comme une femme soit vraiment une femme. Pourtant, les contre-exemples existent. Est-ce que ce serait une bonne chose de dire à une personne anorexique qui se croit en surpoids que sa perception d’elle-même est juste? Ou d’encourager une personne à agir en fonction de ce que lui disent son cœur et sa raison quand elle affirme que sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue? Absolument pas. Ce serait cruel.

 

 

COMMENT NOUS SOMMES CONSTITUÉS

Le fait que le monde dans lequel nous vivons ait été brisé par le péché a une autre implication pour nous:

[Dieu] dit à la femme: « J’augmenterai la souffrance de tes grossesses. C’est dans la douleur que tu mettras des enfants au monde. […] Il dit à l’homme: « […] Oui, tu es poussière et tu retourneras à la poussière ».
Genèse 3: 16, 17, 19

 

La souffrance physique nous accompagne dès la naissance. Et à partir de ce moment, nous commençons le lent voyage de retour vers ce dont nous sommes faits: la poussière. De la naissance à la mort, personne ne bénéficie du corps qu’il souhaiterait avoir ou comme il devrait être. La manière dont nous sommes façonnés ne nous protège pas davantage contre les effets de la chute que ne le font les sentiments de notre cœur ou le raisonnement de notre intelligence. Par conséquent, l’argument du « Je suis né comme ça » a beau avoir l’air convaincant, il n’est pas recevable. Nous avons tous des traits de caractère spécifiques qui nous suivent depuis toujours ou que nous aimerions changer. Ou que la société, notre famille ou certains de nos amis nous conseillent de rectifier. D’une manière ou d’une autre, nous sommes tous « nés comme ça », sauf que nous sommes « nés comme ça » dans des corps affectés par le péché.

Nous venons au monde avec toutes sortes de prédispositions qui ne produisent ni joie ni épanouissement. Il nous faut évaluer la « façon » dont nous sommes nés pour discerner si elle est positive (à reconnaître, adopter et vivre) ou négative (à rejeter, tempérer ou rectifier). Si je suis né avec une prédisposition à l’agressivité, un Occidental ne me dira pas: « Sois agressif puisque tu es né comme ça, tu n’y peux rien, c’est ta nature » (même si de nombreuses sociétés ont peut-être encouragé l’agressivité il y a 2 000 ans). Quel que soit ce « avec quoi nous sommes nés », il doit être évalué par l’Écriture.

Il en va de même pour les personnes qui souffrent de dysphorie de genre. Il existe une théorie dominante sur son origine: la brain-sex theory [théorie du cerveau-sexe]. Selon elle, les personnes atteintes de dysphorie de genre possèdent une structure cérébrale qui imite le type de cerveau du sexe opposé. Les preuves à ce sujet ne sont toutefois pas concluantes, ce qui signifie qu’il n’existe actuellement aucune cause connue de la dysphorie de genre. Au mieux s’agit-il d’une hypothèse. Quoi qu’il en soit, nos corps sont brisés, affectés par le péché. Ce avec quoi nous venons au monde n’est pas nécessairement ce pour quoi nous avons été créés.

 

 

LE PROJET EST MAINTENU

Que penser alors de la fluidité du genre et du phénomène transgenre? Il ne faut pas voir de péchés dans ce que les personnes ressentent et dans ce qu’elles vivent: ce ne sont que les symptômes d’une création brisée. En revanche, celles qui agissent sur leur corps, pensant ainsi traiter leur dysphorie, commettent un péché.

De plus, cet acte n’apportera que frustration. Même dans le monde de Genèse 3, le plan de Genèse 1 est toujours d’actualité. Dieu n’a pas renoncé à sa création et il ne permettra pas que nous enterrions son projet. Quoi que nous ressentions et désirions au fond de nous, il existe un ordre immuable et notre biologie l’atteste.

Lorsque Adam et Ève ont décidé d’être des dieux plutôt que des hommes, et d’agir comme les créateurs plutôt qu’en tant que les créatures, Dieu ne leur a pas permis de satisfaire tous leurs désirs. Ce n’est pas parce qu’ils avaient décidé de ne plus être des créatures sous l’autorité de Dieu qu’ils ont cessé de l’être. Ils ne sont devenus ni divins ni autonomes: c’était hors de leur portée.

Nous pouvons essayer de nous voir comme un homme au lieu d’une femme (ou comme un être sans genre), mais Dieu ne permet pas que nous le soyons réellement. Il ne nous en a pas donné la capacité. Nous pouvons changer notre aspect, mais pas l’être que le Créateur a conçu. En vérité, il n’existe pas de personnes « transgenres », car l’être humain ne peut pas changer de genre. Le mot existe, mais pas la réalité qu’il cherche à décrire.

Comme le dit Paul McHugh:

Les hommes transgenres ne deviennent pas des femmes, et les femmes transgenres ne deviennent pas des hommes. Tous (y compris Bruce Jenner) deviennent des hommes féminisés ou des femmes masculinisées, des contrefaçons ou des imitateurs du sexe auquel ils « s’identifient ».

 

Avant que plusieurs ne s’offusquent de cette déclaration, précisons que son auteur est l’un des psychiatres les plus respectés de notre époque. Il est professeur émérite de psychiatrie à l’école de médecine Johns Hopkins et a dirigé le service de psychiatrie de l’hôpital Johns Hopkins. Voici ce qu’il dit de la façon d’analyser le mouvement transgenre:

En fait, la dysphorie de genre – terme psychiatrique officiel pour désigner le fait de se sentir du sexe opposé – fait partie de la famille des troubles de la perception du corps, comme l’anorexie mentale et la dysmorphophobie. Son traitement ne doit pas viser le corps (chirurgie ou hormones): on ne soigne pas les patients anorexiques qui craignent de devenir obèses par liposuccion. La thérapie doit s’employer à corriger la nature fausse et problématique du trouble présumé et à résoudre les conflits psychosociaux qui la provoquent.

 

Comme l’a écrit l’auteur Tony Reinke:

Les chromosomes ne peuvent pas être remaniés, retirés ou effacés du logiciel de notre corps. Une « femme trans » peut très bien « se faire passer » pour une femme dans la rue. Aucun homme cependant ne peut se transformer en femme biologique, avec toutes les expériences et fonctions de la féminité naturelle. Il est impossible de réécrire notre histoire biologique. Certes, les avancées médicales permettent de supprimer ou de modifier certaines apparences de notre corps. Nous pouvons aussi modifier notre façon de parler et de nous habiller. Pourtant, il nous est impossible de détruire notre corps pour le reconstruire sans tout le vécu propre à notre sexe biologique et notre genre.

Une « femme trans » peut avoir les cheveux longs, porter des talons hauts et s’injecter des œstrogènes. Un « homme trans » peut avoir les cheveux courts et s’administrer de la testostérone. Tout ceci est une tentative pour agir contre le logiciel interne. Comme nous sommes incapables de nous affranchir de la génétique qui préside à notre évolution physique, nous sommes alors contraints de modifier notre apparence et de nous forcer à suivre une direction contre-nature.

 

Combien le tableau de l’humanité et du monde est sombre! Tout y est marqué et entaché par le péché. C’est sans doute difficile à entendre si vous, ou l’un de vos proches souffrez de dysphorie de genre, suivez un traitement hormonal ou avez eu recours à la chirurgie. En fait, ça devrait être dur à entendre pour tout le monde, car nous souffrons tous de vivre dans un monde déchu, et nous contribuons tous à sa chute. Nous péchons tous. Le changement de sexe est un péché, mais ce n’est pas le péché. Il n’est pas pire que l’immoralité sexuelle, l’adultère, la jalousie, l’amour de l’argent et tous ces autres péchés pour lesquels les hétérosexuels de la classe moyenne essaient de se justifier ou qu’ils tentent d’excuser à leurs propres yeux. Nous finissons tous par prendre des décisions contre-nature chaque fois que nous nous affranchissons de l’autorité divine.

Nous pouvons nous sentir moralement supérieurs ou justes quand nous regardons aux péchés des autres (en particulier des personnes transgenres). Nous faisons alors la guerre contre notre propre âme tout autant que la personne qui désire changer de sexe. N’oublions pas pour qui Jésus a prononcé ses paroles les plus dures. C’était pour ceux qui se croyaient meilleurs que les autres. Pour ceux qui pensaient que Dieu les accepterait simplement parce qu’ils étaient suffisamment bons.

 

 

NOUS NE SOMMES PAS ABANDONNÉS

Ce monde est magnifique, mais il est aussi brisé. Les humains y sont capables du meilleur comme du pire. Capables d’atteindre les sommets, mais foncièrement imparfaits. Nos cœurs, notre pensée et nos corps sont beaux. Ils sont aussi brisés. Il en est ainsi depuis qu’Adam et Ève ont décidé qu’ils gouverneraient mieux cette création que son Créateur.

Mais il existe une lueur d’espoir ensevelie dans ces ruines. Dans le même chapitre où l’humanité sombre dans un abîme de péché et d’affliction, Dieu laisse entrevoir la promesse qu’il sauvera ceux qui porteront son image.

L’Éternel Dieu dit au serpent : […]
Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance:
Celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon.
Genèse 3: 14-15

 

 

 

 

 

 

 

 

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