3 accusations d’internet contre les missionnaires chrétiens

Article de David Hare, initialement publié sur son blog personnel. David Hare est diplôme de Southern Seminary et travaille actuellement à la traduction de la Bible pour l’ethnie Kwakum, un peuple non-atteint du Cameroun. . Merci au pasteur Faly Ravoahangy de nous avoir indiqué et d’avoir traduit cet excellent billet.

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La mort de John Allen Chau en Inde a provoqué une vague de haine sur Internet. Alors qu’une partie de cette haine est dirigée contre les méthodes de ce missionnaire en particulier, une grande partie s’est dirigée contre les missionnaires chrétiens en général. Et même si j’aimerais imaginer que ces commentaires ne représentent que ceux qui ne sont pas croyants, je crains qu’une telle façon de penser ait également envahi l’Église. Je souhaiterais donc répondre à certaines des accusations …

 

 

1- Les missionnaires ne sont pas désirés

Dans un passé étonnamment récent, les Européens contrôlaient toujours le Cameroun (où nous vivons). Les colons sont entrés, ont pris le contrôle de la terre et ont de fait considéré que ces morceaux d’Afrique faisaient partie intégrante de leur propre pays. Les colons ont souvent eu recours à la force brute et au meurtre pour établir leur régime, ce auquel des personnes qui n’avaient jamais vu d’armes auparavant pouvaient difficilement s’opposer.

J’ai rédigé l’histoire d’un groupe de Kwakum qui s’appelle les Til. Ils racontent comment les Allemands les ont forcés à vivre le long de la route nouvellement construite en tuant plus de la moitié de leur population (vous pouvez lire l’histoire ici en anglais). D’autres Kwakum nous ont montrés les arbres auxquels leurs grands-pères furent pendus lorsqu’ils refusaient d’obéir aux puissances coloniales. Il existe une colère et une méfiance latente contre les Allemands et les Français en particulier, et elle a parfois terni la façon dont les gens nous considèrent Stacey et moi.

Cependant, vous serez peut-être surpris d’apprendre que le peuple Kwakum nous a suppliés de venir. Ils ont chanté et dansé, en énumérant les nombreuses raisons pour lesquelles ils pensaient que nous devrions travailler avec eux. Au cours de ce premier voyage au Cameroun, nous avons rendu visite à huit groupes différents. Un groupe a construit une maison spécialement pour les traducteurs bibliques. D’autres nous ont offert de la nourriture et d’autres cadeaux dans le but de nous convaincre de venir à eux.
Les raisons pour lesquelles ils souhaitaient nous voir ici étaient assez différentes : certains pensaient qu’un projet de traduction préserverait leur langue, d’autres espéraient que la présence de Blancs dans leurs villages apporterait une prospérité économique. Cependant, il y avait aussi des chrétiens parmi ces tribus, qui en étaient venus à aimer Jésus et sa Parole, mais ils n’avaient qu’un accès très limité à l’un ou l’autre. Ces personnes nous ont priés de venir parce que nous faisons tous partie de la famille de Dieu et qu’elles veulent davantage de Christ.

Cela ne signifie pas que tout le monde nous veut ici. J’ai rencontré un homme qui a fait remarquer de manière menaçante qu’il savait le motif de notre venue et qu’il ne voulait pas que nous introduisions une religion étrangère. J’ai dû quitter une réunion dans un village assez brusquement parce que les gens qui y étaient présents ont clairement fait savoir qu’ils n’étaient pas contents de notre présence.

Pour sûr, les locaux qui ont tué John Allen Chau ne voulaient pas de lui. En tant que chrétiens, devrions-nous simplement nous en aller ? Si oui, combien de personnes doivent s’opposer à nous avant que nous décidions de partir ? Devrions-nous seulement aller dans des endroits où 100% des gens veulent nous y voir ? Est-ce que 100% des habitants du quartier de votre église vous souhaitent ?

Ce qui conduit à une autre accusation …

2- Les missionnaires ne doivent pas aller là où ils ne sont pas désirés

C’est la prochaine étape logique de l’argumentation : si les missionnaires ne sont pas désirés dans un lieu, ils ne devraient clairement pas y aller, n’est-ce pas ? En pensant à cet argument, un verset à propos de Jésus me vint à l’esprit :

Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
Jean 1:11–13 (LSG)

 

Ce passage nous dit que Jésus est venu exercer son ministère auprès d’un peuple qui ne l’a pas reçu. Et ils étaient son propre peuple ! Ce même Jésus a dit à ses disciples : “Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ” (Matthieu 10:16). Et, si la tradition narre avec précision les événements, presque tous les disciples sont morts en cherchant à honorer le commandement de Christ de le suivre. Pouvons-nous vraiment dire que les missionnaires ne doivent aller que là où ils sont recherchés ? Est-ce ainsi que les disciples ont interprété la Grande Mission ?

Je pense que la réponse est claire : non! Aller dans des endroits où les gens nous haïssent, où ils nous tuent, où ils méprisent notre message … c’est ce que nous faisons ! Mais ce qui est étonnant, c’est que Dieu utilise sa Parole dans ces endroits.

Comme ce que Jean 1 dit à propos de Jésus : Il est venu chez les siens, ils l’ont rejeté … Mais à tous ceux qui l’ont reçu, Il a donné le pouvoir de devenir des enfants de Dieu. Les Huaorani ont rejeté et tué Jim Elliot et les hommes qui l’accompagnaient. Mais plus tard, des femmes missionnaires fidèles ont suivi et conduit de nombreux Huaorani au Christ. Dans sa biographie, John Paton parle de deux missionnaires qui ont été tués presque de la même manière que John Allen Chau (et ensuite mangés !). Mais plus tard, Dieu utilisa Paton pour amener des îles entières à Christ. L’histoire de la croissance de l’église chrétienne a été jonchée de morts d’hommes et de femmes fidèles, suivis d’un flot de conversions honorant Dieu.

Selon les paroles de Tertullien: “le sang des martyrs est une semence”.

 

 

3- Les missionnaires détruisent la culture

La dernière accusation que je voudrais aborder est celle-ci : en obéissant à la Grande Mission, les missionnaires détruisent les cultures là où ils passent. Pour être honnête, la réponse à cette accusation est à la fois “Non, nous ne le faisons pas” et “Oui, nous le faisons”. Premièrement, notre culture doit cesser de lire « Les Yeux dans les Arbres ». C’est une histoire fictive écrite par une femme qui n’a vécu que très jeune la vie en Afrique.

La réalité est que les missionnaires sont formés pour être des anthropologues. Nous sommes formés à étudier soigneusement les cultures hôtes, pour entrer en tant qu’apprenants, pour assimiler leur langue et pour chercher à présenter l’Évangile de Jésus-Christ d’une manière appropriée sur le plan culturel. Si vous prenez le temps nécessaire, vous constaterez que les missionnaires ont toujours été à la pointe du domaine de la linguistique depuis sa création. La raison est très simple : les missionnaires cherchent à engager les gens dans leur propre langue, ce qui prend des années d’études difficiles avant même de commencer à partager le message du Christ.

Comme je l’ai mentionné plus haut, les Kwakum nous ont accueillis (en partie) parce qu’ils ont le sentiment que notre travail préserve leur langue et leur culture. Et c’est le cas ! Ma thèse de master visait à comprendre comment les Kwakum transmettent les histoires, tout en préservant leurs contes traditionnels et en nous aidant à traduire la Bible en reflétant leurs propres procédés de narration. Nous travaillons même actuellement avec un ethnomusicologue pour préserver ce qui est unique à la musique kwakum.

Ceci étant dit, il y a des aspects de la culture que j’espère voir être abandonnés.

Par exemple, il y a quelques semaines, Stacey est venue à la maison et a dit qu’un homme frappait l’enfant d’un voisin dans la cour devant quelques maisons. Je suis descendu pour voir cet enfant de 11 ans se blottir dans la boue alors qu’un homme d’une vingtaine d’années le frappait avec un bâton. La plupart des gens du village regardait et j’ai passé 30 minutes à essayer de les convaincre que ce n’était pas correct. Et ils se sont moqués de moi ! Ils m’ont dit qu’ils élevaient des enfants depuis des années et qui étais-je pour leur dire quoi faire avec un enfant mauvais ? Ils ont dit que tout le monde sait que certains enfants ont besoin de coups violents en public, sinon ils ne changeront jamais. En d’autres occasions, j’ai également vu deux enfants de notre village avec des rangées de cicatrices sur le ventre. On m’a dit que l’une des façons traditionnelles de traiter certaines maladies est de les couper avec des lames de rasoir. L’un de ces enfants a depuis été testé positif à l’anémie falciforme. Aucune coupure à l’abdomen ne peut guérir (ou même aider contre) cette maladie.

Ce ne sont que deux des pratiques que, vivant avec les Kwakum, je constate et je souhaite voir éradiquées. Elles font partie de leur culture : des pratiques auxquelles ils adhèrent et qu’ils considèrent justes. Je n’ai pas honte de vouloir les détruire. William Carey n’a pas non plus eu honte d’éradiquer les crémations de veuves ni Amy Carmichael d’exposer la prostitution sacrée de petites filles. Nous ne faisons pas la promotion de la culture américaine, mais nous espérons exposer les Kwakum à ce que Dieu veut pour eux. Il ne veut pas empêcher les Kwakum de vivre dans des maisons en de terre, de parler le kwakum ou même de jouer avec leurs différents types de tambours préférés. Mais Dieu est mécontent des coups qu’ils portent aux femmes et aux enfants, de leur ivresse ou du fait qu’ils donnent Sa gloire à d’autres esprits. Et il me tarde de voir de plus en plus de Kwakum adorer le vrai Dieu dans leur propre langue, avec leur propre musique et dirigés par leur propre peuple. Je souhaite une culture transformée, et non détruite

Les missionnaires ne sont pas des colons, nous sommes des serviteurs. Nous ne sommes pas ici pour prendre, mais pour donner. Je ne veux pas posséder leurs terres, tirer profit de leurs ressources naturelles, ni les faire ressembler ou agir comme moi. Je ne veux pas les contrôler, je ne veux même pas les diriger. Je veux les aider, leur donner accès à la Parole de Dieu et à la capacité de lire. Je veux qu’ils se rendent compte que manger trop de mangues ne cause pas le paludisme, mais dormir sous une moustiquaire aide. Et je fais de mon mieux pour œuvrer à me rendre inutile. Je veux voir les hommes et les femmes Kwakum diriger leur propre peuple dans toutes ces choses.

 

J’écris ceci non pour le monde, mais pour mes frères et sœurs. S’il vous plaît, ne croyez pas les mensonges, les accusations que vous entendez. Je n’ai jamais rencontré John Allen Chau, je ne connais pas la philosophie de son ministère et je ne cherche pas à le défendre. Mais j’apprécie beaucoup la façon dont il a signé ses lettres : soli deo gloria, « à Dieu seul soit la gloire ». C’est ce qui définit mon cœur et le cœur de chaque missionnaire que je connais.

Plutôt que de critiquer, je vous implore de prendre ce temps pour prier pour le peuple Sentinelle que Chau essayait d’atteindre. Que Dieu fasse pour eux ce qu’il a fait pour tant d’autres peuples du monde. Et que Lui seul reçoive la gloire.

 

 

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