Le nouveau champ de bataille du mariage : polygamie, polyamour, et mariage libre

  • Article d’Evan Lenow publié le 10 octobre 2017 sur Theological Matters, le blog de la faculté Southwestern Baptist Theological Seminary. Traduction : Elodie Meribault.

 

 

Ceux qui suivent mes cours n’ignorent pas que j’ai pour habitude, à chaque semestre, de dessiner un petit diagramme sur le tableau. Sur ce diagramme, je représente visuellement la différence entre la polygamie et le polyamour — deux configurations maritales qui s’opposent à la monogamie. Je dis ensuite à mes étudiants que ces configurations deviendront, dans quelques années tout au plus, parfaitement légales aux États-Unis et que l’Église doit s’y préparer afin de savoir y répondre.

Mais au vu de la série d’articles parus vantant les avantages de certains mariages multiples, il semblerait que l’échéance de la normalisation de ces alternatives maritales se soit rapprochée. Nous devons comprendre quelles sont ces formes et apprendre à les regarder d’un point de vue biblique.

 

Les alternatives au mariage

Jusque récemment, la loi ne reconnaissait le mariage qu’entre un homme et une femme. Aux États-Unis, la décision de la Cour Suprême dans l’affaire Obergefell v. Hodges a ouvert la porte au mariage entre gens du même sexe. À présent, nous constatons des formes de mariage qui viennent profaner le modèle monogame.

La polygamie est une forme de mariage dans laquelle un individu est marié à de multiples partenaires. Historiquement, cela désignait en particulier un homme marié à plusieurs femmes. Cette forme de mariage est celle qui est la plus susceptible d’être légalisée par la décision Obergefell.

Le polyamour signifie littéralement « plusieurs amours » et décrit « des relations d’un commun accord non-monogames dans lesquelles il est ouvertement décidé que l’un, que les deux, ou que tous les individus engagés dans la relation romantique peuvent avoir d’autres partenaires sexuels et/ou romantiques [1]. » Le polyamour diffère de la polygamie en ce que tous les partenaires peuvent se trouver dans des relations de type marital. Si un blogueur chrétien expliquait récemment que l’idée du polyamour n’était pas liée au sexe [2], la prémisse de base de ce type de relation est bien l’idée que les partenaires se trouvent dans de multiples relations intimes, romantiques et sexuelles.

Le mariage libre est la troisième option sur le champ de bataille du mariage. Cet arrangement concerne des couples mariés dans lesquels les partenaires sont tous deux libres d’avoir des relations romantiques et sexuelles hors du contexte de leur propre mariage. Par plusieurs aspects, il s’apparente au polyamour, à la différence que les relations hors mariages ne sont pas officialisées comme des mariages. Pour les défenseurs du mariage libre, tant que les partenaires consentent mutuellement à la relation hors mariage, la fidélité matrimoniale n’est pas brisée.

 

 

Le combat à venir

Ces différentes options maritales gagnent-elles en popularité ? Bon nombre d’articles sont parus depuis l’an dernier, faisant l’apologie de ces différents arrangements maritaux. New York a publié un article défendant la non-monogamie consensuelle [3]. Le journal The Chronicle of Higher Education a interviewé la philosophe Carrie Jenkins sur son dernier ouvrage, dans lequel elle soutient le polyamour [4]. La National Public Radio (NPR) a écrit sur la popularité culturelle du polyamour en disant : « Je vois du ‘polyamour’ un peu partout, ces derniers temps. Ce n’est pas juste un nouveau mot, ou un concept à la mode ; il semblerait bien qu’il ait un impact culturel [5] ». De même, la polygamie est rendue populaire par certaines séries télé [6].

Du côté chrétien, des blogueurs progressistes tels que Chuck McKnight publient des séries de posts faisant l’article du polyamour et du mariage libre « fondés sur une éthique de l’amour ». L’éthique de nos actions serait donc jugée sur la seule question de savoir si les membres engagés dans de telles relations expriment de l’amour. Selon MacKnight, le polyamour peut être une véritable relation d’amour et n’est donc pas interdite par la Bible.

 

 

La réponse chrétienne

Face à ce penchant culturel pour ces alternatives maritales, les Écritures nous fournissent des principes clairs concernant le mariage.

La Bible nous transmet un message très explicite sur la nature monogame du mariage. Dès la Genèse, nous voyons que le plan de Dieu pour le mariage est celui d’une relation entière et alliancielle entre un homme et une femme. Gn 2.24 nous offre une explication divine sur la nature du mariage :

« L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. »

 

Dieu a voulu que l’homme (au singulier) s’unisse à sa femme (au singulier) par le mariage. Tout ce qui nous est décrit sur le mariage à la suite de cela découle de ce portrait de la monogamie idéale. S’il est vrai qu’il y a dans l’Ancien Testament des exemples d’hommes polygames (Lémec, Abraham, Jacob et Salomon), leur polygamie n’est pas, pour autant, décrite comme idéale. En fait, leur polygamie est la source de grandes querelles dans leurs foyers. Malgré la présence d’une telle polygamie, le témoignage plus qu’écrasant des Écritures montre bien que la monogamie est un standard.

Ce standard est par ailleurs affirmé par Jésus et Paul. Dans Matthieu 19 et dans Marc 10, Jésus cite Genèse 2 : 24 et décrit ensuite deux personnes devenant une seule chair. Il n’insère jamais de troisième ou de quatrième personne dans le mariage. Dans 1 Corinthiens 7.2, Paul affirme :

« Toutefois, à cause des risques d’inconduite sexuelle, que chacun ait sa femme, que chacune ait son mari. »

 

Paul désigne clairement ici l’idée d’un mariage monogame. Le message est par ailleurs cohérent avec le reste des Écritures.

Tout écart à la monogamie est une forme d’immoralité sexuelle. Les Écritures condamnent constamment l’adultère, mais deux passages nous viennent à l’esprit pour répondre aux questions maritales actuelles. Dans Romains 7.3, nous lisons : « Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, on la dira adultère, mais si son mari meurt, elle est libérée de la loi : elle n’est donc pas adultère si elle devient la femme d’un autre homme. » Paul décrit ici un standard de mariage monogame (une femme avec un mari) et place toute union avec un autre homme au rang de l’adultère. D’autre part, l’auteur de l’épître aux Hébreux rappelle : « Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure : Dieu jugera ceux qui se livrent à l’inconduite sexuelle et à l’adultère. » (Hébreux 13.4)

Si les Écritures dépeignent le plan de Dieu pour le mariage comme étant monogame, et si tout écart au mariage monogame est considéré comme adultère, alors toutes les alternatives au mariage — la polygamie, le polyamour et le mariage libre — sont toutes des formes d’adultère, et tombent sous le jugement de Dieu. Les chrétiens ne devraient donc ni accepter ces formes de « mariage », ni les tolérer dans leur entourage. Puisque Paul avait repris l’église de Corinthe parce qu’elle permettait à un homme d’avoir la femme de son père, nous devrions reprendre ceux qui soutiennent ou tolèrent les entorses faites au plan de Dieu pour le mariage.

 

 

Evan Lenow est professeur d’éthique biblique, et directeur du « Center for Biblical Stewardship » ainsi que du « Richard Land Center for Cultural Engagement » à la faculté Southwestern Baptist Theological Seminary. Evan Lenow est titulaire d’un doctorat obtenu à la faculté Southeastern (Caroline du Nord, USA).
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Notes et références

[1] Rhonda N. Balzarini, et al., “Perceptions of primary and secondary relationships in polyamory,” PLoS ONE 12 (2017).

[2] Chuck McKnight, “What Polyamory Is Not,” Hippie Heretic (September 11, 2017).

[3] Drake Baer, “Maybe Monogamy Isn’t the Only Way to Love,” New York (March 6, 2017).

[4] Moira Weigel, “‘I Have Multiple Loves’: Carrie Jenkins makes the philosophical case for polyamory,” The Chronicle of Higher Education (February 3, 2017). Carrie Jenkins, What Love Is and What It Could Be (New York: Basic Books, 2017).

[5] Barbara J. King, “A Cultural Moment for Polyamory,” NPR (March 23, 2017).

[6] Par exemple, Sister Wives ou Polygamy USA

 

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