Comment définir la générosité dans une perspective biblique ?

 

Cet article est extrait de l’ouvrage Une approche biblique de la générosité, édité par le Conseil National des Évangéliques de France. Nous vous recommandons cet ouvrage qui pose les bonnes questions (vous pouvez vous le procurer ici)

 

Si la générosité envers Dieu est demandée, en réponse à celle dont nous sommes l’objet, la générosité envers le prochain est tout aussi fortement enseignée par l’Ancien Testament. Le Décalogue unit les devoirs envers Dieu et ceux envers le prochain. Il en est de même pour ce qui concerne la générosité. Les exhortations à la générosité envers le prochain prennent plusieurs formes.

En tant que personne créée en image de Dieu, tout prochain, quel qu’il soit, a de la valeur aux yeux de Dieu. «Opprimer le pauvre, c’est outrager celui qui l’a fait, mais avoir de la compassion pour les indigents, c’est l’honorer.» (Prov. 14: 31, NEG). L’amour et la compassion de Dieu s’étendent à tous (Ps. 145: 9). Le reconnaître oblige à avoir des égards et un souci généreux envers tous ceux que Dieu aime, sans considération des différences sociales ou nationales (Prov. 22: 2; Deut. 10: 18). D’où l’injonction éthique à aimer son prochain comme soi-même (Lév. 19 :18), qui ne peut qu’engendrer une attitude de générosité.

Les instructions sur les dîmes et les prémices manifestent cette ouverture: «Tu te réjouiras, avec le Lévite et avec l’immigrant…» (Deut. 26: 11). La joie pour les bienfaits de Dieu doit être une joie ouverte et partagée.

Qu’il s’agisse de prémices, de dîmes ou d’offrandes volontaires, les différentes catégories sociales sont associées (Deut. 14 : 28, 29 ; 16: 10-15 ; 26: 11). Dieu lui-même oriente ainsi la reconnaissance pour ses dons, non seulement vers le culte et son organisation, mais aussi vers la joie éprouvée et partagée avec d’autres, particulièrement avec les plus vulnérables, dont il se préoccupe et dont il est le défenseur (Ps. 146 : 9).

L’histoire particulière d’Israël, qui a connu l’oppression et la délivrance de l’esclavage, renforce ce souci. «Vous aimerez l’étranger comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu.» (Lév. 19: 34 ; Deut. 10: 17-19). Israël ne doit jamais oublier d’où il vient, et la grâce immense dont il a été bénéficiaire. L’histoire du salut fonde l’injonction à toute une série de dispositions en faveur des plus vulnérables: «Tu te souviendras que tu as été esclave dans le pays d’Égypte, et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a libéré; c’est pourquoi je te donne ces commandements à mettre en pratique» (Deut. 24:18-22).

Il s’agit de générosité, mais aussi de justice et de droit. On garantissait aux personnes dans le besoin la possibilité de glaner les champs au moment de la récolte (Exode 23 : 10-11 ; Lév. 19 : 9-10). Le « pauvre » pouvait se prévaloir de ce droit, et travailler (Ruth). Tous les sept ans, on annulait les dettes (Deut. 15). Lorsque les terres étaient laissées en jachère tous les sept ans, ce qui y poussait était à disposition des pauvres (Exode 23 : 10-11). La générosité s’exprime ici par des lois, qui fondent un droit et assurent une dignité à la personne qui en bénéficie. Les prophètes se sont élevés contre les manquements à respecter ces droits (Amos 4 :1 ; 5 : 12 ; Ésaïe 1 : 17 ; Éz. 22 : 7).

On relèvera que le langage de l’AT sur la justice peut avoir différentes significations. Au sens le plus large, «pratiquer la justice», c’est vivre selon les commandements de Dieu, mener une existence conforme à ce que Dieu attend (Ps. 106: 3 ; 119: 40 ; Prov. 21: 3 ; Ésaïe 64 : 5). Selon cette perspective, user de générosité envers le prochain est une façon de « pratiquer la justice », en ce qu’elle correspond à ce que Dieu aime et demande.

Mais la justice consiste aussi à traiter une personne selon ses droits (Ps. 82 : 3 ; Jér. 22: 3 ; Amos 5 : 15 ; Zach. 7: 9): une telle action est un devoir à l’égard de toute personne, sans distinction. Elle peut être revendiquée et n’est pas une faveur. La société civile en impose le respect, si besoin par la contrainte. Parce qu’elle est garantie par le droit, cette justice a des effets plus consistants qu’un bienfait reçu par générosité : elle assure une protection durable et reconnue, elle restaure la dignité de la personne. Le vocabulaire biblique permet donc à la fois de décrire la générosité comme l’une des manifestations de la justice, au sens large d’une vie conforme à ce que Dieu attend, et d’affirmer que la justice ne relève pas de la générosité mais du droit, lorsqu’elle est l’affirmation et le respect des prérogatives légitimes d’une personne.

La générosité envers le prochain est, dans tout l’Ancien Testament, la marque d’une piété authentique. Le croyant est invité à ne pas « endurcir son cœur», ni à «fermer sa main» devant les situations de besoin (Deut. 15 : 7). Le témoignage de Job illustre magnifiquement cette attitude qui mêle générosité et souci de la justice (Job 29 : 13-22 ; 31 : 13-28). Le vrai jeûne, selon Dieu, se traduit par une générosité de coeur et d’action envers le prochain:

Voici le jeûne auquel je prends plaisir: Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug. Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile. Si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l’aurore, et ta guérison germera promptement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire de l’Éternel t’accompagnera
(Ésaïe 58 : 6-8, NEG).

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