Trois arguments démontrant que Jésus-Christ est mort uniquement pour ses brebis

« En Ephésiens 5.25, la description de Paul [à propos de Christ] en tant que « tête » et « époux » de son « corps » et « épouse », l’Eglise, assume une union organique, de telle sorte que lorsqu’il meurt, il meurt en étant « uni » à son corps et à son épouse d’une manière qui exclut nécessairement tout autre personne ou tout autre entité organique – et ceci à moins que quelqu’un ne désire entretenir l’idée de la polygamie. »

(Jonathan Gibson, For whom Christ died ? in D. Gibson & J. Gibson, From heaven He came and sought Her, Crossway (2013))

 

Alors que nous avons réfléchi à la question de la suffisance et de la potentialité à propos de la rédemption accomplie par Jésus-Christ à la croix dans l’article précédent, mon désir est ici de passer un peu plus de temps sur certaines données exégétiques.

Pour ce faire nous aborderons cela au travers de trois angles différents complémentaires :

  • L’œuvre accomplie à la croix est une substitution pénale actuelle et objective qui n’est pas hypothétique.
  • La Nouvelle Alliance est une alliance inconditionnelle et objective indissociable de l’œuvre propitiatoire qui la fonde.
  • Le salut est une œuvre « trinitaire » cohérente et unie.

 

 

L’œuvre accomplie à la croix est une substitution pénale actuelle et objective qui n’est pas hypothétique

En Romains 5.1-9, Paul déclare :

« Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, ​qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, ​la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance. Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait-il pour un homme de bien.  Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.  A plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. »

 

Je ne pourrai pas rentrer dans une exégèse exhaustive de ce texte à cause de l’espace qui m’est imparti. Cependant… prenez le temps de le lire, de le relire… et de relire en particulier le verset 8 en vous posant ces quatre questions :

(1) Pour qui Jésus est mort ? (Versets 6 & 8)
(2) Qui est « nous » ? (Versets 1 & 5),
(3) Est-ce que ce groupe caractérisé par « nous » est décrit comme possédant un salut hypothétique ou un salut futur certain ? (Verset 9),
(4) Est-ce que ce passage nous permet de penser que Jésus soit mort pour des personnes qui ne recevront pas le Saint-Esprit ? (Verset 5)

C’est un passage merveilleux dans lequel l’apôtre Paul exulte dans l’œuvre objective de la rédemption accomplie par Jésus-Christ, une œuvre qui se manifeste de façon subjective dans la vie de ceux pour qui elle a été accomplie. Paul exulte dans l’objectivité de la justification offerte en Jésus-Christ par la foi : Jésus-Christ est mort à la croix pour des humains qui étaient encore des « pécheurs » et des « impies ». Or ces personnes sont clairement identifiées : ce sont ces personnes dans le cœur desquelles a été répandu l’amour de Dieu par le Saint-Esprit qui leur a été donné, cet Esprit qui a appliqué en eux les bénéfices de la rédemption accomplie pour eux en Jésus-Christ (appropriation subjective de la rédemption).

Comme le souligne Douglas Moo :

« Paul trouve une unité basique, une quasi-identité, entre l’amour de Dieu tel qu’il fut démontré dans l’événement factuel et objectif de la mort de Christ à la croix et [l’amour de Dieu] tel qu’il est expérimenté dans le cœur du croyant. » (D. Moo, Romans, NICNT p.309)

 

Thomas Schreiner rajoute :

« Dieu non seulement planifia quand Christ devrait mourir mais il avait aussi en tête le peuple pour lequel sa mort serait efficace. (…) Les souffrances de Christ n’étaient pas seulement exemplaires mais elles accomplirent l’expiation pour des pécheurs, en cela il prit la punition que nous méritions. » (T. Schreiner, Romans, BECNT, p.260)

 

Ainsi, l’expiation accomplie par Jésus est une œuvre parfaite, définitive, particulière, efficace et non renouvelable. Dieu y a déversé sur un substitut la totalité de la condamnation du peuple qu’il voulait sauver. Le déversement de sa colère pour son peuple sur un substitut est l’exécution actuelle et complète de sa justice punitive qui était effectivement réservée pour son peuple. Son peuple ne sera donc jamais à nouveau le sujet de sa juste et sainte colère. Ce peuple est alors composé par des hommes et des femmes qui ont reçu le Saint-Esprit.

L’argument pourrait alors se diviser de la manière suivante :

(1) Jésus-Christ s’est offert en rançon pour plusieurs : Il a accepté d’être un substitut pour recevoir la condamnation du Père pour plusieurs (Esa 53.10-12).

(2) Pour ceux-ci, Dieu a donc satisfait sa justice et sa sainteté en déversant sa colère sur son Fils, le faisant devenir une victime propitiatoire pour eux. (Rom 3.25, 1 Jn 4.10).

(3) Comme Jésus l’affirma avant de remettre son esprit entre les mains du Père (Jn 19.31), tout fût accompli à la croix. Ceci implique entre autres que la condamnation du Père envers eux fut totalement déversée sur le substitut.

(4) Loin d’être une fiction ou une possibilité, Jésus a réellement reçu et expérimenté le « jugement » des personnes dont il fut le substitut. La propitiation ainsi réalisée dans l’expiation est une réalité actuelle accomplie pour ceux dont il a été le substitut.

(5) Il est inconcevable qu’une personne pour laquelle Jésus-Christ fut un « substitut actuel » sur la croix reçoive à nouveau « son » jugement dans l’éternité future.

(6) Les personnes pour lesquelles Jésus-Christ fut un « substitut actuel et efficace » sont nécessairement les personnes  pour qui « Christ est mort » alors qu’elles étaient pécheresses (réalité passée, Rom 5.8), les personnes pour qui « l’amour de Dieu est répandu dans leurs cœurs par le Saint-Esprit » qui leur a été donné (Réalité présente, Romains 5.5) et enfin les personnes  « qui serons sauvés par lui de la colère » (Réalité future, Rom 5.9).

(7) Ces personnes constituent l’épouse de Christ (Eph 5.25), ce peuple nombreux de rachetés qui adoreront Dieu pour l’éternité (Apoc 5.9-10). L’œuvre accomplie à la croix est ainsi une substitution pénale actuelle, objective et efficace qui fut accompli pour un peuple « particulier » qui en expérimentera nécessairement l’efficacité.

 

Nous retrouvons d’ailleurs cette notion de « particularisme » en Romains 3.25-26 :

« C’est lui que Dieu a destiné, par son sang, à être, pour ceux qui croiraient victime propitiatoire, afin de montrer sa justice, parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant, au temps de sa patience, afin, dis-je, de montrer sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus. »

 

Paul souligne clairement l’intentionnalité de Dieu dans le fait que Jésus soit une victime propitiatoire pour les hommes et les femmes de « foi » sous l’Ancienne Alliance (voir en particulier le développement exégétique de D. Moo dans son commentaire).

Or, comme le souligne David Gibson :

« Cela fait plus de sens de comprendre l’expression « les péchés commis auparavant » comme désignant ceux appartenant à la communauté de foi de l’ancienne alliance, et ainsi, compte tenu de cela, l’expiation que Christ accomplie avait déjà un point de mire particulier [les saints de l’ancienne alliance]. Ainsi, il semble raisonnable qu’elle possède aussi un référentiel défini pour le « temps présent » [les élus de la Nouvelle Alliance]. »

 

 

La Nouvelle Alliance (NA) est une alliance inconditionnelle et objective indissociable de l’œuvre propitiatoire qui la fonde

Nous pourrions décrire cet argument de la manière suivante :

(1) La NA est l’alliance qui conclut l’histoire de la rédemption et qui définit la relation eschatologique entre Dieu et son peuple (Jer 31.33-34, Heb 10.11-18).

(2) La mort expiatoire de Christ est le fondement judiciaire historique de la NA (Matth 26.28), et la résurrection en est l’inauguration eschatologique (1 Cor 15.20). C’est par la mort de Christ que Dieu a manifesté sa Justice, sa Sainteté, sa Grâce et son Amour en faveur du peuple de la NA (Rom 3.21-28, Heb 10.11-18). C’est dans la résurrection du Christ que nous trouvons les prémices de la réalité eschatologique de la NA (1 Cor 15).

(3) Le peuple de la NA est distinct en ce qu’il reçoit alors l’Esprit de la promesse et de la NA (2 Cor 3 & 4), le Saint-Esprit qui les libère de l’incrédulité (2 Cor 4.4-6) en les unissant au Fils (1 Cor 12.13, Rom 8.9-11).

(4) Ceci est objectivement possible car ils ont été pardonnés de leur incrédulité et de leur péché dans la mort expiatoire du Fils.

(5) Ceci est subjectivement possible car ils sont unis à la mort et à la résurrection du Fils (Rom 6 & 8) : Leur vie de foi est à la fois la manifestation de la mort de Christ en eux et de la vie de Christ en eux par son Esprit.

(6) La « foi » est ainsi un fruit nécessaire de l’accomplissement de la nouvelle alliance. Son fondement judiciaire est la mort expiatoire efficace de Christ (1 Cor 11.25, Eph 2.8).

(7) La « foi » est donc un fruit nécessaire de l’expiation efficace alors compris dans son cadre allianciel : La Nouvelle Alliance.

 

En résumé, ceux qui reçoivent l’Esprit de la promesse (NA), manifestant ainsi la foi, sont ceux qui ont été pardonnés dans l’œuvre expiatoire du Christ (Fondement de la NA). Les bénéficiaires de l’expiation (les rachetés) sont aussi les bénéficiaires de la NA (les croyants).

 

 

Le salut est une œuvre « trinitaire » cohérente et unie

Pour finir, voici en toute simplicité comment pourrait être décrit cet argument :

(1) La rédemption est une œuvre du Dieu trinitaire.

(2) Le Père a choisi, avant la fondation du monde, un peuple qu’il veut racheter en son Fils (Eph 1.3-13). Cette élection est l’exercice de sa liberté gracieuse et souveraine.

(3) Le Fils accomplit la rédemption de ce peuple que le Père désire racheter dans sa mort expiatoire au sein de l’Histoire (Jean 6.37-39).

(4) Le Saint-Esprit applique les bénéfices de cette rédemption dans la vie des individus appartenant à ce peuple élu en faisant d’eux des nouvelles créatures (1 Cor 15, 2 Cor 4-6, Tite 3.5).

L’expiation accomplie dans la mort du Christ fait partie d’une œuvre de rédemption trinitaire une et inséparable. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit œuvrent ensemble pour un même « but » (la rédemption) en faveur d’un « même » peuple (les rachetés).

 

Pour conclure, je citerai tout simplement la conclusion de l’excellent article du Dr Paul Wells  » L’offre générale de l’évangile, Qui est sauvé ? » :

« La « rédemption particulière » est le fondement de l’annonce générale de l’Evangile. Elle seule est cohérente avec le contenu de l’Evangile, à savoir que tous les êtres humains sont pécheurs et incapables de se sauver, que Christ a été choisi « comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient foi en son sang » (Rm 3:25), que la réconciliation est l’oeuvre personnelle de Dieu et que tout homme a le devoir de se repentir et de croire. Ces vérités sont faites pour satisfaire ses vrais besoins. La prédication d’aujourd’hui, au lieu de flatter l’orgueil de ses auditeurs, devrait les rappeler clairement. »

Pour ceux qui voudraient approfondir cela, je vous recommande de lire l’article de Paul Wells, ainsi que les livres « La vie par sa mort » de John Owen, et « From Heaven He Came And Sought Her » de D. & J. Gibson.

 

 

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