Fils de Dieu, Fils de l’homme : que veulent dire ces expressions ?

Fils de Dieu, Fils de l’homme. Ces titres sont parmi les plus connus du Christ; les chrétiens et la Bible mentionnent souvent Jésus-Christ comme Fils de Dieu et Christ Lui-même s’attribue le titre de Fils de l’homme plus qu’aucun autre titre.

Mais quel est le sens réel de ces expressions? Fils de Dieu est souvent compris comme faisant référence à la divinité de Christ tandis que Fils de l’homme ferait référence à son humanité. Mais est-ce vraiment la signification de ces titres?

Pour saisir le sens de ces noms du Christ, comme pour beaucoup de thèmes abordés dans le Nouveau Testament, il faut étudier premièrement le contexte vétérotestamentaire (ce qui est lié à l’Ancien Testament) derrière ces termes, puis la façon dont ils sont utilisés dans le Nouveau Testament.

Que signifie Fils de Dieu?

Il est courant, comme nous l’avons dit, d’entendre que « Fils de Dieu » est un titre lié premièrement à la divinité de Christ. Mais il semble plutôt que ces termes se rapportent à l’idée du Messie, du Roi oint par Dieu. Il n’évoque pas nécessairement l’idée de divinité mais plutôt l’idée d’un homme oint par Dieu pour exercer une fonction, celle de roi en particulier.

Dans le Psaume 2, le Messie de Dieu est appelé Fils. Et ce Fils est présenté comme recevant le règne de la part de Dieu, comme venant pour régner sur un monde en rébellion contre Dieu, dont les rois rejettent le Souverain Dieu. Dieu oint donc son propre Roi pour rétablir un ordre de justice sur la terre. Et ce Roi est appelé Messie et Fils.

Le Psaume poursuit en avertissant et exhortant les rois à se soumettre à l’Éternel et à son Fils puisque ce-dernier les jugera dans sa colère.

« Fils de Dieu » donc, comme nous l’avons dit, évoque avant tout l’idée de royauté, de messianité, d’un homme oint par Dieu pour rétablir l’ordre par son règne parmi les hommes.

Il est toutefois intéressant qu’un tel titre soit attribué à un homme, et les juifs et la Bible elle-même ont compris que ce titre pointe clairement vers la divinité de Christ (Jean 5:18). Et cela se comprend parce que la royauté qui est impliquée derrière l’idée d’un homme Fils de Dieu est une royauté universelle : divine.

Que signifie Fils de l’homme?

Fils de l’homme est quant à lui souvent compris comme faisant référence à l’humanité de Christ. Il me semble toutefois que ce titre fait référence à la divinité du Messie (non à son humanité) et, là encore, c’est l’Ancien Testament qui va nous éclairer sur le sens de ce titre.

Ce titre que Christ s’attribue de très nombreuses fois vient en fait d’un livre de l’Ancien Testament : Daniel. Au chapitre 7 de ce livre, un personnage « comme un Fils de l’homme » s’avance sur les nuées célestes jusqu’au trône de Dieu et reçoit de Dieu « la domination, l’honneur et la royauté », le texte précise « Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas et sa royauté ne sera jamais détruite » (Amen !).

Ce personnage, ce Fils de l’homme, apparait dans le livre de Daniel comme un Personnage Divin, revêtu des attributs divins et exerçant un règne divin : comme Dieu Lui-même.

En effet, il apparait sur les nuées du ciel, symboles de la gloire de Dieu : dans l’histoire d’Israël, quand Dieu a manifesté sa gloire et sa présence à son peuple, il l’a fait par la nuée :
quand Il les précédait dans le désert (Exode 13:21, 22, 14:19-24, 16:10, 19:9-16, 20:21, 24:15-18, 33:9,10, 34:5, 40:34-38, Lévitique 16:2,13, Nombres 9:14-22, 10:11,12,34, 11:25, 12:5,10, 14:14, 16:42, Deutéronome 1:33, 4:11, 5:22, 31:15, 33:26); quand il leur accorde une grande délivrance (2 Samuel 22:10, Psaume 18:10,13, Ésaie 19:1 où il apparait la nuée sous ses pieds); quand il manifeste sa gloire dans le temple ou dans le tabernacle, lieux de sa présence (1 Rois 8:10,11, 2 Chroniques 5:13,14).

Il est aussi présenté comme avançant sur les nuées pour souligner sa gloire (Psaume 104:3). Il promet la nuée de sa présence au milieu de Sion, de son peuple (Ésaie 4:5). Pour Ésaie, monter sur les nuées c’est être semblable au Très-Haut (Ésaie 14:14). Et quand la gloire de l’Éternel apparait à Ézéchiel, c’est encore avec la nuée (Ézéchiel 1:4, 10:3,4). Nahum nous présente les pieds de l’Éternel comme reposant sur les nuées (Nahum 1:3). Le peuple gardait d’ailleurs le souvenir de cette nuée qui les gardait au désert (Néhémie 9:12,19, Psaumes 78:14, 99:7), etc.

Tout l’Ancien Testament nous montre donc que les nuées sont le signe de la présence de Dieu. Ainsi ce Fils de l’homme, debout sur les nuées, qui reçoit le règne de l’Ancien des jours, n’est autre que Dieu lui-même. Cela est clair pour tout lecteur habitué à l’Ancien Testament : face à la vision de Daniel, tout juif devait comprendre qu’il s’agit là d’un Personnage Divin.

De plus, dans le livre de Daniel, le thème de la souveraineté de Dieu, de son règne est central : c’est le Seigneur qui livre Yehoyaqim à Neboucadnetsar (Daniel 1:2), c’est Dieu qui change les temps et les circonstances, qui renverse les rois et qui établit les rois (2:21), c’est Dieu qui a donné le royaume à Neboucadnetsar (2:37,38), c’est Dieu qui suscite les royaumes (2:44), et c’est Dieu qui domine sur toute royauté humaine et qui la donne à qui il lui plaît (4:14, 22, 23, 29, 5:19, 21, 23, 26).

Mais il est une expression qui revient plusieurs fois pour parler du Divin Souverain : Il est « celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération » (4:31, 6:27, 7:27).

Ainsi le livre de Daniel est clair : Dieu seul règne, il est le Roi unique et lui seul détient un règne et une domination éternelle tandis que les rois humains passent comme un souffle. Et ainsi, le Fils de l’homme du chapitre 7, lui aussi, possède un règne et une domination éternels : « Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et sa royauté ne sera jamais détruite » (7:14). Là encore, il parait clair que ce Fils de l’homme est Divin, est Dieu.

À la lumière de l’Ancien Testament et du contexte proche du livre de Daniel, nous pouvons conclure que ce personnage sur les nuées dont le règne et la domination sont éternels est un Personnage Divin. Et c’est bien ainsi que le Nouveau Testament se réfère au Fils de l’homme. Jésus dit en effet « vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme » (Jean 1:51) et « désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu » (Luc 22:69), Etienne lui aussi s’y réfère ainsi « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » (Actes 7:55, 56). Cette position exaltée dont parle ces versets est, là-encore, une position divine.

En Jean 1:51, Jésus combine en fait deux visions qu’il s’applique : celle de Daniel dont nous avons parlé et celle de Jacob en Genèse 28:10-15 où ce-dernier voit une échelle reliant terre et ciel et sur laquelle les anges montent et descendent. Christ, alors qu’il est homme, se déclare ici Dieu par ce titre de Fils de l’homme et, en étant Dieu et homme, il est cette échelle de Jacob qui relie les hommes à Dieu et Dieu aux hommes.
Il est intéressant de remarquer que, quand Dieu a voulu parler de l’homme qu’il a choisi pour Messie-Roi, il a utilisé une expression évoquant sa divinité « Fils de Dieu », et que quand il a voulu parlé de la divinité de son Roi-Messie il a utilisé une expression évoquant l’humanité « Fils de l’homme ». Ces deux expressions ont pour point commun l’idée de royauté, le Fils de Dieu est un Roi sur les nations (Psaume 2:8) et le Fils de l’homme est un Roi éternel (Daniel 7:14).

Finalement ces titres sont inséparables, tout comme les deux glorieuses natures de Christ. Si inséparables que, quand Jésus se déclare Fils de l’homme en Luc 22:69, les juifs lui répondent « Tu es donc le Fils de Dieu ? ». Jésus répond alors par l’affirmative et, au lieu de croire en sa divinité, leurs bouches crient au blasphème.

Chrétiens, que votre bouche à vous crie la louange de Celui qui est Fils de Dieu et Fils de l’homme!

Je chanterai à mon roi un cantique,
Mon coeur s’émeut et cherche une musique,
Des mots choisis qui puissent raconter
La joie du peuple autour de sa beauté.
Dieu t’a béni pour toujours, Fils de l’homme,
Et sa bonté rayonne en ta parole.
Dans tes combats, fais triompher, Seigneur,
La vérité, le droit et la douceur.
(Psaume 45. Texte original : Clément Marot. Mélodie : Strasbourg 1539)

D’où vient ce bruit de peuples soulevés,
Ces vains projets qu’on agite sur terre?
Dans leurs conseils, les grands ont présumé
De faire à Dieu, à son Messie la guerre :
« Libérons-nous et brisons cette chaîne ».
Mais dans le ciel, Dieu rit de leur émoi,
Puis il se lève et dit en sa colère :
« Dans ma cité, j’ai couronné mon roi. »

Moi, le Messie, je publie ce décret
Qui me fait roi des confins de la terre :
« Tu es mon fils, mon élu bien-aimé,
Demande-moi ce que ton cœur espère.
Étends sur tous ton sceptre de justice,
Sceptre de fer qui va pulvériser
La fausse gloire et ses vains artifices,
Comme est brisé le vase du potier. »

Et maintenant soyez intelligents,
Corrigez-vous, rois qui jugez les hommes.
Prosternez-vous à ses pieds en tremblant,
Votre pouvoir, c’est lui qui vous le donne.
Servez le Fils et craignez sa colère
Car son courroux est prompt à s’enflammer
Contre tous ceux qui fomentent la guerre.
Heureux celui dont il est le berger !

(Psaume 2. Texte original : Clément Marot. Mélodie : Strasbourg 1539)
Ces Psaumes sont tirés du Psautier français, révisé par Roger Chapal.

MG

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